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Actualités - OPINION

Désaccords persistants au sommet de l’Exécutif sur la nature de l’équipe à former Gouvernement : on temporise en attendant de meilleurs jours

On estime dans les milieux officiels qu’il n’y a pas urgence à l’heure actuelle à trancher la question gouvernementale. C’est la raison pour laquelle la démission du cabinet haririen en place est ajournée jusqu’à la maturation de la formule qui sera retenue pour la prochaine équipe. Il faudra donc qu’un accord entre les parties concernées intervienne au sujet de la composition du gouvernement avant la démission du Premier ministre. En somme, comme à l’accoutumée, le mécanisme constitutionnel – désignation d’un chef de gouvernement après des consultations contraignantes pour le chef de l’État, puis choix des ministres – sera respecté, mais uniquement dans la forme, tous les détails devant nécessairement être réglés auparavant, y compris en ce qui concerne les noms. Des sources gouvernementales qui ont suivi les dernières démarches du Premier ministre, Rafic Hariri, indiquent que ce dernier va poursuivre ses consultations avec les diverses parties et pourrait même se réunir une deuxième fois avec le Rassemblement de Kornet Chehwane et le bloc de Walid Joumblatt afin de les pousser à accepter de participer au prochain cabinet. Étant entendu que cette participation se ferait sur la base d’une entente sur une formule déterminée, l’opposition ayant fait savoir qu’elle n’accepterait d’entrer au gouvernement qu’en vertu d’un programme et de principes de base qu’elle défend. Pour le moment, les compteurs ont été remis à zéro après l’échec des tentatives visant à provoquer un choc positif par le biais de la formation d’un gouvernement d’union nationale souhaité par le chef de l’État, Émile Lahoud, et activement recherché par M. Hariri. Ce dernier a informé Damas de l’état d’esprit de l’opposition. Mais la Syrie a souhaité que le Premier ministre insiste davantage et tente d’arracher un accord. En cas de nouveau refus, il sera alors temps de prendre les décisions qui s’imposeront. Ce qui complique la situation, c’est évidemment les désaccords au sein même du pouvoir. On constate par exemple à cet égard que le Premier ministre « boycotte » le palais de Baabda depuis la dernière séance du Conseil des ministres, il y a plus de deux semaines. Lors de cette fameuse séance, les deux piliers de l’Exécutif en étaient pratiquement arrivés à la confrontation, comme le dévoile un ministre. La décision du président de la République d’ajourner un certain nombre de dossiers litigieux avait irrité M. Hariri au point que ce dernier a menacé de quitter la séance. L’intervention d’un membre du cabinet l’en a finalement dissuadé, mais depuis cette date, MM. Lahoud et Hariri ne se sont plus réunis ensemble et aucun projet de rencontre n’est prévu à l’horizon. Certains milieux gouvernementaux reconnaissent cependant que l’ajournement de la démission du cabinet en place est aussi dû à la volonté du Liban de temporiser en attendant les résultats des consultations en cours aux Nations unies sur les suites de la résolution 1559. Autrement dit, le gouvernement ne sera remplacé que lorsque Beyrouth et Damas sauront plus ou moins définitivement sur quel pied danser, en fonction du degré de sévérité dont fera preuve le Conseil de sécurité à leur égard. En tout état de cause, estime-t-on dans ces milieux, les responsables se devraient à l’heure actuelle d’être très attentifs à ce qui se passe à l’Onu et intensifier les contacts dans le but d’alléger autant que possible les pressions exercées par le Conseil de sécurité. Pour ce qui est de la nature du cabinet à venir, certains milieux politiques ont suggéré, à la suite de l’échec des pourparlers en vue d’un gouvernement d’union nationale, qu’il soit procédé à la mise sur pied d’une équipe de ministres techniques (« technocrates ») entièrement dépourvue de membres politiques. Ce cabinet serait chargé en priorité de s’attaquer aux problèmes de la vie quotidienne, d’élaborer un projet de budget « courageux » et de mettre au point une loi électorale satisfaisant les aspirations des hommes politiques et assurant une représentation authentique. Cette équipe serait appelée ensuite à céder la place à un gouvernement politique consacrant l’unité nationale à la suite des élections législatives prévues au printemps prochain. Il semble toutefois que les milieux politiques proches de Baabda ne soient pas très emballés par cette suggestion. Ils insistent plutôt sur une équipe réunissant tout le monde, en partant de la volonté du président Lahoud de voir toutes les parties œuvrer ensemble pour le sauvetage et en assumer les responsabilités. Un gouvernement qui ne serait donc pas monochrome, mais, au contraire, un gouvernement pour tous. Quant aux milieux de M. Hariri, ils penchent plutôt pour le maintien du cabinet actuel, renfloué de quatre nouveaux membres qui remplaceraient les ministres démissionnaires. Mais cette proposition est aussi rejetée par le chef de l’État, qui s’accroche à son souhait d’une équipe renouvelée et ratissant large. Ce à quoi le Premier ministre répond en mettant un certain nombre de conditions, opposant son veto sur un certain nombre de noms proposés et réclamant des portefeuilles bien déterminés. Un ministre bien au fait des concertations en cours admet pourtant l’impossibilité de la mise sur pied à l’heure actuelle d’un gouvernement d’union nationale. Pour lui, l’alternative semble être le cabinet des « présents ». Seulement, s’empresse-t-il d’ajouter, il serait opportun d’attendre un peu avant d’annoncer la formation de l’équipe, en espérant que le facteur temps puisse aider à décanter la situation et créer de meilleures conditions. Ce ministre précise que la Syrie souhaite que M. Hariri forme le prochain cabinet, quelle que soit sa couleur, en se fondant sur le fait que le Premier ministre est mieux habilité qu’un autre à conduire la confrontation diplomatique et jouer un rôle éminent auprès des instances internationales, en utilisant ses amitiés, pour aider le Liban et la Syrie et réduire l’impact des pressions extérieures. Indépendamment de la date à laquelle le nouveau cabinet verra le jour et aussi de sa nature, certains hommes politiques sont d’ores et déjà soucieux de lui faciliter la tâche. Ils souhaitent pour cela que MM. Lahoud et Hariri acceptent de se rencontrer en tête à tête pour se mettre d’accord sur la manière d’agir du gouvernement et pour établir des bases constantes et solides pour leurs propres relations, de sorte à permettre au pays de sortir de l’impasse avec le moins de dégâts possible. Sur cette base, il serait alors permis, une fois que le contexte extérieur serait assaini, d’envisager la formation d’un gouvernement regroupant des « technochrates » et des politiques, mais aussi des personnalités proches de Bkerké et d’autres de l’opposition joumblattiste et « chehwanienne ». Des noms de personnalités non politiques correspondant à ces orientations sont d’ailleurs déjà cités parmi les éventuels ministrables. Philippe ABI-AKL
On estime dans les milieux officiels qu’il n’y a pas urgence à l’heure actuelle à trancher la question gouvernementale. C’est la raison pour laquelle la démission du cabinet haririen en place est ajournée jusqu’à la maturation de la formule qui sera retenue pour la prochaine équipe.
Il faudra donc qu’un accord entre les parties concernées intervienne au sujet de la...