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Actualités - CHRONOLOGIE

Électricité - Début d’amélioration à partir de cet après-midi et redressement après le 7 octobre Les deux principales centrales du Liban sont arrêtées faute de fuel

C’est la catastrophe, et aucune solution n’est en vue. C’est ainsi que se résumait hier, en fin d’après-midi, la situation de l’électricité, avec les deux principales centrales du pays, celles de Zouk et de Zahrani, arrêtées faute de fuel. La seule consolation, si l’on peut dire, c’est que le Liban pourrait avoir touché hier le creux de la vague d’une pénurie aiguë de courant dont les effets se sont fait ressentir, depuis la nuit de dimanche à lundi, jusque dans le Beyrouth administratif, en principe à l’abri du rationnement. Des coupures imprévues de quelques heures, aux coupures prolongées de presque 20 heures le pays a vécu ces dernières 48 heures au rythme erratique, sinon chaotique, d’une distribution du courant qui ne semble plus répondre à aucune norme. Le comble, dans cette situation en soi pénible, c’est que les générateurs privés ne parviennent plus à faire face à la pression des usagers et qu’ils sont nombreux à avoir instauré leur propre rythme de distribution, avec des heures de courant et d’autres où « les machines se reposent ». Par ailleurs, les coupures ont affecté les stations de pompage d’eau et entraîné des pénuries d’eau potable dans beaucoup de régions. La « ligne rouge » Qu’est-ce qui a fait franchir à l’EDL la « ligne rouge » du rationnement dans le Beyrouth administratif ? L’explication ressemble à une ritournelle que l’on sert, tous les quelques mois, aux usagers. En un mot comme en mille, la principale cause de la pénurie réside dans la crise de liquidités de l’office, dont les rentrées ne couvrent pas les besoins et qui, chaque quelques mois, doit recourir soit à un emprunt, soit à une avance du Trésor pour pouvoir continuer son service. En juillet dernier, rappelle-t-on, une avance du Trésor avait été accordée à l’EDL qui, par ailleurs, avait été autorisée à effectuer des emprunts sur le marché privé. Depuis, il y a eu la saison touristique, pour le succès de laquelle on a assuré le courant électrique à certaines zones privilégiées 24 heures sur 24. Parallèlement, le baril du pétrole brut faisait des sauts, d’abord à 40 dollars, ensuite à 50. Résultat : les fonds se sont épuisés. Résultat : la pénurie. Pas tout à fait, souligne cependant le président de la commission de l’Énergie, Mohammed Kabbani. Selon ce dernier, l’EDL rationne le courant « pour limiter ses pertes », qui augmentent à mesure que le prix du carburant renchérit. C’est possible. Mais ce qui est certain, c’est que l’office met automatiquement en œuvre un programme de rationnement destiné à étaler le fuel disponible aussi longtemps que possible, en attendant la prochaine livraison. Ce qui est également vrai, c’est que le Liban a joué, tout dernièrement et par deux fois, de malchance. La première fois en se faisant livrer un fuel ne répondant pas aux normes, qu’il a dû renvoyer à l’expéditeur. La seconde fois quand un tanker, qui devait arriver le 27 septembre, a eu du retard. Tanker ou pas, ce qui est patent, c’est aussi l’imprévoyance de l’EDL, qui ne travaille que par à-coups, risquant, entre deux séries de livraisons, la rupture de stock. Mais là aussi, on invoque à l’office des problèmes de trésorerie. Et c’est comme ça que la boucle est bouclée, et qu’il faudra attendre un hypothétique Conseil des ministres, une largesse du ministre des Finances ou un sursaut de conscience des responsables, et notamment du ministre de l’Énergie, pour sortir momentanément du gouffre. La situation En attendant, comment se présente la situation ? Selon une source bien informée à l’EDL, l’office disposait hier du quart de l’énergie nécessaire au Liban, soit 400 mégawatts, alors que les besoins sont de 1 600 mégawatts. En fin d’après-midi, la situation se présentait comme suit : – Arrêt total des centrales de Zouk et Zahrani, les deux principales centrales du Liban, qui fournissent en temps normal au pays la moitié de l’énergie consommée. – Arrêt presque total de la centrale de Jyeh, dont un seul groupe sur cinq fonctionne. – Arrêt presque total de Deir Aamar, dont un groupe sur trois fonctionne. – Arrêt total de la centrale du Litani, soumise à une inspection d’EDF et dont la production, en fin d’étiage, est négligeable. Pour faire face à cette situation catastrophique, l’office comptait hier soir sur l’arrivée, en milieu de nuit, d’un pétrolier transportant du gas-oil destiné aux centrales de Zahrani et Deir Aamar. Toutefois, en raison des tests de conformité du gas-oil et des tests sur site, l’augmentation de la production des centrales ne sera sensible, si tout va bien, qu’à partir de cet après-midi. Par ailleurs, deux autres pétroliers, dont l’un transportant du fuel-oil, destiné à la centrale de Zouk, sont attendus dans les deux jours, soit d’ici au 7 octobre. Normalement, donc, l’augmentation de la production de courant devrait se traduire par une amélioration progressive à partir de cette date. Pour combien de temps ? Voilà ce que l’office, et d’ailleurs personne, n’est en mesure de dire. Une vingtaine de jours, disent les plus optimistes. Que prévoit-on après ? Rien. Hélas, sinon une nouvelle pénurie, suivie d’un nouvel état d’alerte et d’une nouvelle solution provisoire. Heureusement, depuis samedi matin, le Liban reçoit de nouveau du courant de Syrie, à travers deux lignes, l’une passant par Deir Nbouh (90 mégawatts) et l’autre par Anjar (33 mégawatts). Cet approvisionnement providentiel met relativement la Békaa et le Liban-Nord. à l’abri d’un rationnement draconien. L’avenir ? Qu’attendre ensuite ? Selon le président de la commission de l’Énergie, Mohammed Kabbani, la situation est désespérée. Même si l’EDL pouvait aujourd’hui collecter toutes les factures qu’elle émet, elle ne couvrirait pas ses frais en raison de la hausse continue du prix du carburant et des tarifs du courant électrique pratiqués, lesquels ont été posés quand le baril de brut valait 25 dollars. Au demeurant, ajoute le parlementaire, l’EDL ne perçoit que 56 % des recettes de l’énergie qu’elle distribue, 44 % de ces recettes représentant soit des factures impayées, soit du courant volé, soit encore des pertes techniques. La solution est-elle dans la privatisation ? Mais qui voudrait d’un office dont les percepteurs doivent être accompagnés d’une patrouille de soldats pour faire leur travail ? Seule solution en vue : l’État, qui subventionne déjà l’électricité et est appelé à poursuivre cette subvention, en attendant que l’EDL puisse pratiquer la vérité des prix, ou au moins percevoir la totalité de ses factures. Le montant de cette subvention, qui s’élève annuellement à 700 millions de dollars, pourrait atteindre en fin d’année un milliard.
C’est la catastrophe, et aucune solution n’est en vue. C’est ainsi que se résumait hier, en fin d’après-midi, la situation de l’électricité, avec les deux principales centrales du pays, celles de Zouk et de Zahrani, arrêtées faute de fuel.
La seule consolation, si l’on peut dire, c’est que le Liban pourrait avoir touché hier le creux de la vague d’une pénurie...