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Le Premier ministre s’est rendu en soirée à Damas puis chez Hamadé Joumblatt et Kornet Chehwane hors du gouvernement, Hariri reporte sa démission (photo)

Les derniers espoirs en faveur de la formation d’un cabinet d’union nationale se sont sans doute envolés hier à la suite de la position exprimée par le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, qui a déclaré, à la suite de sa réunion avec son bloc parlementaire, rue Clemenceau, que « le simple fait de penser à participer à un gouvernement serait un suicide politique ». « Le Rassemblement démocratique a décidé de ne pas participer à quelque gouvernement que ce soit », a-t-il indiqué. D’autant, a-t-il rappelé, que « nous avons présenté un recours contre la légalité et la légitimité » de l’amendement. Ce faisant, M. Joumblatt a confirmé ce que la réunion, plus tôt dans la journée, entre une délégation du Rassemblement de Kornet Chehwane et le Premier ministre, Rafic Hariri, à Koraytem, avait déjà laissé entrevoir : la quasi-utopie d’une participation éventuelle de l’opposition au gouvernement. En soirée, une source proche de Kornet Chehwane devait certifier que le Rassemblement n’adhérerait pas au gouvernement après la position exprimée par M. Joumblatt. Une délégation du secrétariat général du Rassemblement, formée du député Antoine Ghanem, du PDG du quotidien an-Nahar, Gébrane Tuéni, et du porte-parole de la formation, Samir Abdel Malak, s’est entretenue durant une heure et quart avec le chef du gouvernement. À l’issue de la rencontre, aucun des membres de la délégation n’a fait de déclaration. Le bureau de presse de M. Hariri a publié le communiqué suivant : « L’entretien a été l’occasion d’échanger les points de vue sur les efforts déployés pour la formation d’un gouvernement d’union nationale ». Le Rassemblement de Kornet Chehwane a, de son côté, indiqué, dans un communiqué, que le Premier ministre avait « évoqué durant la rencontre sa conception de l’étape délicate que le pays traverse actuellement et les moyens d’y faire face en formant un gouvernement d’unité nationale au côté de l’opposition ». « Après avoir écouté la proposition du président Hariri, les membres de la délégation ont rappelé que la réconciliation nationale, la mise en place d’un cabinet d’union nationale et la participation des Libanais à la gestion de leurs propres affaires font partie des revendications essentielles du Rassemblement depuis sa création », a poursuivi le communiqué de Kornet Chehwane. « Ils ont également rappelé que le gouvernement d’unité nationale devait reposer sur un projet de salut, fondé sur les constantes exprimées par le Rassemblement à plusieurs occasions », a-t-il ajouté, avant de faire état d’une intensification des contacts entre les différentes parties de l’opposition nationale après la réunion. Légitimation de Kornet Chehwane Selon des sources proches de Kornet Chehwane, la réunion d’hier entre les émissaires du Rassemblement et M. Hariri a été « purement formelle ». Selon des informations rapportées par l’agence al-Markaziya, l’entretien entre les deux parties aurait buté sur le concept même du gouvernement d’union nationale. Le Premier ministre a ainsi mis en exergue l’importance de la représentation et de la participation de l’opposition au sein du cabinet à travers des figures opposantes, appelant l’opposition à « assumer ses responsabilités ». De son côté, Kornet Chehwane a rappelé ses constantes : certes, l’aspect formel, la représentation, est important, mais l’essence, le programme, le fond (la déclaration ministérielle), l’est tout aussi, sinon plus, à partir du moment où il est question d’élaborer un projet de salut pour le pays. Et dans ce cadre, le Rassemblement a rappelé que ce projet devait avoir pour fondement le dernier appel des évêques maronites, mais aussi tenir compte des moyens d’appliquer la résolution 1559, désormais considérée par Kornet Chehwane comme l’appareil optimal pour garantir l’application de Taëf. Le Rassemblement a mis l’accent, dans ce cadre, sur la nécessité de ne pas entrer en confrontation avec la légalité internationale. Sans oublier, notamment, le rétablissement de la souveraineté de l’État sur l’ensemble du territoire libanais et l’élaboration d’une loi électorale équitable sur base de la petite circonscription. Suite à quoi la délégation a demandé à M. Hariri s’il pouvait adopter un tel programme et quelle serait la position du chef de l’État, de Damas et du président de la Chambre à ce sujet. La réponse du Premier ministre aurait été simple : « Entrez au gouvernement et opposez-vous de l’intérieur, nous verrons ensuite. » Position aussitôt balayée d’un geste par la délégation. L’une des principales caractéristiques de la position du Rassemblement, rappelle-t-on, est de ne jamais manifester d’attitude négative vis-à-vis de la participation au gouvernement, mais de répondre à toutes les initiatives, même les plus utopistes, par le dialogue et la main tendue. Mais avec des limites : les constantes. D’autant que la délégation a répété qu’elle refusait de faire les frais, par sa participation, d’une opération de chirurgie esthétique visant uniquement à renforcer la légitimité d’un pouvoir qui en manque cruellement. Elle s’est d’ailleurs dit étonnée par la proposition faite par M. Hariri après 15 ans de négligence, voire de mépris, de l’opposition. Un point sur lequel rebondit une autre source de Kornet Chehwane pour souligner que le « seul point positif de cette réunion a été la reconnaissance et la légitimation de Kornet Chehwane, et de son projet par le pouvoir ». Toutefois, à Koraytem, le Rassemblement s’est gardé de prendre position d’une manière irrévocable sur sa participation au gouvernement, estimant qu’il fallait d’abord faire un comptes rendu de la réunion aux membres de l’opposition nationale et à l’assemblée générale de Kornet Chehwane. Rafic Hariri, lui aussi, ne s’est engagé à aucun niveau. Contacts accrus au sein de l’opposition À l’issue de la rencontre, les émissaires de Kornet Chehwane sont allés à une réunion avec leurs partenaires du Bristol : le bloc joumblattiste, le Forum démocratique et la Gauche démocratique. M. Gébrane Tuéni a été reçu à 16h par le chef du PSP pour le tenir au courant de la tendance du Rassemblement à rejeter toute participation au sein d’un nouveau cabinet. M. Samir Abdel Malak s’est pour sa part entretenu avec le porte-parole du Forum démocratique, Habib Sadek, puis avec le chef de file de la Gauche démocratique, Élias Atallah. M. Atallah a stigmatisé la position du pouvoir vis-à-vis de l’opposition, celle de « la carotte et du bâton ». Par ailleurs, une autre figure de l’opposition a qualifié de « fiasco » les efforts pour former un cabinet d’unité nationale, estimant qu’il restait deux voies possibles pour l’avenir: la renonciation du pouvoir à ses aventures malhabiles, à commencer par la démission du président, et un changement de style total au niveau de la gestion de la chose publique, ou bien une radicalisation certaine de l’opposition plurielle. Il convient enfin de noter que M. Tuéni se rendra ce matin à Bkerké pour informer le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, de la situation. Hariri à Damas, la démission reportée de 48h C’est dans ce contexte global, c’est-à-dire à la suite du caractère infructueux de ses concertations pour la formation d’un cabinet d’unité nationale, que le Premier ministre a pris hier le chemin de Damas pour des concertations avec les autorités syriennes. M. Hariri y a vraisemblablement rencontré le président syrien Bachar el-Assad puis, sur le chemin du retour, le chef des SR syriens au Liban, le général Rustom Ghazalé. Rien n’a transpiré de cette rencontre en soirée. Un constat cependant : le Premier ministre n’a pas démissionné, comme il était prévu qu’il le fasse une fois terminés les efforts déployés pour la mise en place d’un gouvernement pluriel. Après son retour, M. Hariri n’a pas visité le président de la Chambre qui l’attendait pour un entretien. Il s’est contenté de rendre visite à M. Marwan Hamadé à l’AUH, avant de rentrer chez lui. Toutes sortes d’interprétations ont circulé au sujet de la rencontre entre Hariri et les dirigeants syriens. Selon certaines rumeurs, M. Hariri aurait informé Damas de l’impossibilité de former un gouvernement d’union nationale dans les conditions actuelles. Partant, indiquent certaines sources, la démission du gouvernement serait reportée de 48 heures. Selon ces sources, la volonté de former un gouvernement d’union nationale avant jeudi s’expliquerait par la séance du Conseil de sécurité suivant le rapport Annan. La Syrie comme le Liban auraient voulu y faire bonne figure en manifestant à la communauté internationale leur volonté de s’ouvrir à l’opposition et d’appliquer Taëf. Paradoxalement, une démission du cabinet serait malvenue avant jeudi, dans la mesure où elle pourrait être interprétée comme une déconfiture supplémentaire face aux pressions internationales. Reste à savoir quelle option choisira M. Hariri : la démission puis le retour à la tête d’un gouvernement – boiteux – de confrontation, le maintien de ce cabinet avec un lifting incluant quelques personnalités chrétiennes pour obtenir un semblant de légitimité, ou une démission pure et simple sans retour, pour rejoindre les rangs de l’opposition. Mais, pour beaucoup, cette tendance relève tout simplement de l’utopie, Rafic Hariri ne pouvant pas se permettre, du fait d’une multitude de facteurs, d’abandonner Damas dans ces circonstances. Michel HAJJI GEORGIOU
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