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Actualités - CHRONOLOGIE

DÉBAT - Une étude de Gilbert Khalifé sur l’ouvrage de Dan Brown « Da Vinci Code » continue à faire couler beaucoup d’encre (photo)

«Da Vinci Code», l’ouvrage de Dan Brown, continue à faire couler beaucoup d’encre et susciter les critiques de tout genre, indépendamment de son interdiction au Liban par la Sûreté générale à la demande du Centre catholique d’information. Sous le titre de «L’été des imposteurs», le journaliste Gilbert Khalifé évoque et commente, dans une étude richement documentée et intéressante à plus d’un titre, l’ouvrage de Jacques Duquesne sur Marie, avant d’aborder, dans le même esprit, celui de Dan Brown. Il rappelle que chacune des deux mille quatre années, après l’avènement du Christ, a connu son coup d’épingle ou de boutoir contre ce que l’historien C. Guignebert appelle «le majestueux édifice de la doctrine chrétienne». «Cet été, dit-il, on peut relever deux bons coups de boutoir: celui de Jacques Duquesne de l’intérieur de l’Église et celui de Dan Brown de l’extérieur.» Nous publions, ci-dessous, la partie de l’étude de gilbert Khalifé consacrée à l’ouvrage de Dan Brown qui fait des vagues à travers le monde. «Avec son Da Vinci Code, paru en anglais en 2003 et en frnaçais chez Lattès en 2004, Dan Brown, contrairement à Duquesne, ne s’avance pas masqué, et donne le ton d’emblée : Plus de quatre-vingts Évangiles auraient pu figurer dans le Nouveau Testament, mais seulement quatre d’entre eux ont été retenus: ceux de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean.» On l’aura compris : il a découvert sa vérité dans les Évangiles apocryphes. Lesquels ? Auparavant, il est nécessaire de rappeler ici que l’apôtre Matthieu, témoin direct de la vie de Jésus, a écrit le tout premier Évangile, vers l’an 50, en Israël, dans la langue parlée à la fois en Phénicie, en Syrie, en Israël et en Palestine. Un an plus tard, saint Paul écrivait ses deux premières épîtres, adressées aux convertis de Thessalonique. En l’an 64, il avait déjà écrit dix de ses quatorze épîtres, lorsque Marc, à Rome, rédige son Évangile sous l’inspiration directe de saint Pierre, en grec. La même année, saint Pierre donne son ultime témoignage en acceptant d’être crucifié. L’année suivante, en grec aussi, mais beaucoup plus littéraire et fluide, Luc, originaire d’Antioche, écrivait son Évangile, sous l’influence directe de saint Paul, lequel sera décapité un ou deux ans après. Ce n’est qu’une trentaine d’années plus tard que l’apôtre Jean écrit l’Évangile qui porte son nom et, surtout, son empreinte: la doctrine contenue dans les trois premiers Évangiles est étayée de développements théologiques d’une étonnante poésie. Ainsi, avant que le Ier siècle se termine, nous avons les quatre Évangiles canoniques, les Actes des Apôtres également rédigés par saint Luc, les épîtres et l’Apocalypse, que saint Jean a rédigée avant son Évangile. Les mirages des apocryphes Ce très bref résumé nous permet de comprendre pourquoi l’Église a retenu ces quatre Évangiles et rejeté des dizaines d’autres, comme le regrette si amèrement Dan Brown. Mais quels sont ces autres? Eh bien, comme on appelle Satan «le singe de Dieu», on peut appeler ces faux évangélistes «les singes des apôtres». Sur un récit apparemment traditionnel de la vie de Jésus, il greffent des événements et des dialogues qui faussent complètement l’enseignement des Évangiles authentiques. Et, bien sûr, ils mettent ce récit sous le nom d’un des apôtres, pour «faire vrai». C’est ainsi qu’existent, entre autres, un pseudo-Évangile de Jacques, et un pseudo-Évangile de Philippe. Que lit-on dans ce dernier? C’est révoltant, mais ça permet d’aguerrir les vrais croyants: «Et le Sauveur avait pour compagne Marie-Madeleine. Elle était la préférée du Christ, qui l’embrassait souvent sur la bouche. Les autres apôtres en étaient offensés...». Ensuite, Dan Brown passe au pseudo-Évangile de... Marie Madeleine, oui, et raconte: «Jésus, sachant que sa fin est proche, vient de donner à Marie Madeleine ses instructions sur la façon de conduire son Église après sa mort. Et Pierre est furieux d’apprendre qu’il va devoir jouer les seconds rôles, sous les ordres d’une femme.» Le lecteur averti sait que là, on est en plein délire, surtout que saint Pierre, loin d’être «furieux», acceptera le martyre pour l’amour du Christ et de son Église, et demandera même d’être crucifié la tête en bas, parce qu’il estimait ne pas mériter d’être crucifié comme le Christ, la tête en haut. Mais laissons Brown poursuivre: «La légende du Saint-Graal est celle du sang royal: le Sang réal. Lorqu’on y parle du “Calice qui porte le sang du Christ”, c’est pour évoquer Marie Madeleine qui portait en elle la lignée royale de Jésus (...). Et voilà comment l’Église a réussi la plus grande opération de désinformation de toute l’histoire de l’humanité. Jésus n’était pas seulement marié, il était père!». N’importe quoi Père de qui? Des Mérovingiens, à en croire Brown, qui ont donné le roi... Dagobert. Dan Brown ignore sans doute que la mémoire populaire ne se souvient du roi Dagobert que parce qu’il avait «mis sa culotte à l’envers...». Sinon, il aurait quand même choisi un autre repère. Mais il arrive à son descendant «Godefroi de Bouillon, le fondateur du prieuré de Sion». Décidément, Brown a le choix malheureux, car on sait qu’en 1099, Godefroi de Bouillon a refusé le titre de roi de Jérusalem, pour prendre celui, bien chrétien, d’avoué du Saint-Sépulcre. Mais qu’est donc ce prieuré de Sion? Sans sourciller, Brown affirme: «La mission du prieuré est extrêmement lourde. Elle est en fait triple. En plus de la protection du Sang réal et de la protection de la tombe de Marie Madeleine, il doit assurer la pérennité de la lignée de Jésus, ces rares descendants des Mérovingiens qui subsistent encore aujourd’hui.» Il va de soi qu’on devrait balayer ces sornettes d’un revers de la main, au lieu d’y répondre, si elles n’étaient assorties d’attaques en règle contre le Christ et son Église. Car, en fait, le but de ces distorsions rejoint celui de sectes telles que la Scientologie ou les Témoins de Jéhovah. Dan Brown nous donne le fin mot de ses apocryphes lorsqu’il dit de Jésus: «Un prophète mortel, un homme exceptionnel en tous points, certes, mais mortel.» Pour Brown, l’Église n’est pas seulement coupable d’avoir choisi les quatre Évangiles authentiques: «Le Graal est littéralement l’ancien symbole féminin, le Féminin sacré, la Déesse, cette dimension religieuse perdue, éradiquée par l’Église. (...) La Genèse nous dit qu’Ève a été créée à partir d’une côte d’Adam, rabaissant ainsi la femme au rang de sous-produit de l’homme et, qui plus est, pécheresse. L’Ancien Testament sonne le glas du règne de la Déesse.» Ne riez pas. Le Serpent toujours aux aguets Non, ne riez pas. Là, nous sommes en pleine idéologie New Age, une secte qui en est encore au stade de nébuleuse, et qui tente de fédérer toutes les autres. Mais comme elle se rend compte que la figure du Christ est incontournable, elle tente de l’absorber après l’avoir diluée. La mauvaise foi n’est pas la moindre de ses armes, puisqu’en fait, dans la Bible, on lit dès le premier récit de la création: «Elohim crée le glébeux à sa réplique, à la réplique d’Elohim il le crée, mâle et femelle il les crée.» Genèse, I,27. Nous avons choisi exprès la belle et brute traduction d’André Chouraqui: âdam, de adama qui signifie terre, glèbe, est l’homme et la femme ensemble, d’où le subtil passage du singulier au pluriel: «Il le crée, mâle et femelle, il les crée.» Aucune autre religion n’affirme avec autant de force et de finesse la parfaite égalité entre la femme et l’homme. Quant au deuxième récit, cité par Brown, il est postérieur au premier d’au moins deux millénaires, et l’Elohim y est nommé Yahvé. Loin de contredire le premier, il ne présente pas la femme comme un «sous-produit de l’homme», mais au contraire, comme la chair de sa chair. Et ils partagent le même péché, toujours actuel, d’ailleurs: l’orgueil. Oui, l’orgueil de croire qu’il y a une autre vérité que celle de Dieu. Ainsi, après avoir craché tous ses venins, entre les chapitres 55 et 61, le livre de Dan Brown s’essouffle. On dirait que l’intrigue, très bien ficelée au début, il faut en convenir, n’est là que pour faire mordre à l’hameçon de l’endoctrinement du milieu. Arrivée, cahin-caha, au chaptire 105 final, elle n’est plus qu’une série B invraisemblable. Et pourtant, la chaîne télévisée France 2, relayée par Euronews, nous annonçait début septembre que les touristes américains ont repris le chemin de Paris, munis de leur exemplaire de Da Vinci Code, à la recherche de la tombe de Marie Madeleine qui serait au Louvre, et du secret du prieuré de Sion, qui serait dans l’église Saint-Sulpice... Comment se fait-il que certains aient mordu à l’hameçon? Écoutons saint Paul: «Un temps viendra où l’on ne supportera plus la doctrine authentique. Au gré de leurs caprices, les hommes auront recours à des foules de maîtres. Et, comme ils ont la démangeaison d’entendre des nouveautés, ils fermeront l’oreille à la Vérité, pour l’ouvrir à des légendes fantaisistes.» II Timothée, IV, 3-4. Ne l’oublions jamais, l’orgueil a une fille aînée: la bêtise.
«Da Vinci Code», l’ouvrage de Dan Brown, continue à faire couler beaucoup d’encre et susciter les critiques de tout genre, indépendamment de son interdiction au Liban par la Sûreté générale à la demande du Centre catholique d’information. Sous le titre de «L’été des imposteurs», le journaliste Gilbert Khalifé évoque et commente, dans une étude richement...