Voyager pour la photographie: le chemin vers un certain regard

À l’occasion du vernissage de l’exposition «Ré Soupault», Ghada Waked, professeur d’histoire et d’esthétique de la photo à l’Académie des beaux arts – Balamand ainsi qu’à l’Université du Saint-Esprit Kaslik (Usek), a donné une conférence, accompagnée de projection de diapos, sur le thème «Voyager pour la photographie». Retraçant les grandes lignes de l’évolution de la pratique photographique (comment elle a donné naissance à l’exotisme, à l’anthropologie, à la documentation, au reportage, aux archives....), la conférencière a signalé que l’invention de la photo a coïncidé avec les voyages et l’ouverture de l’Europe sur les pays non occidentaux (aussi bien l’Orient que la Chine, le Japon ou l’Inde). Les premiers photographes voyageurs du début des années 1840 faisaient surtout partie de missions archéologiques. D’esprit «romantique», leurs clichés n’étaient pas toujours fidèles à la réalité. L’exotisme primait dans leur représentation de «l’autre». Dans les premières décennies du XXe siècle, la presse s’étant développée, le photojournalisme prend un essor considérable. La photo recherchée est celle de l’événement du sensationnel. Les années cinquante, avec l’introduction de la télévision dans les foyers, va affaiblir le photoreportage lié à l’instant, car les images imprimées sont toujours en décalage par rapport à celles qui défilent sur l’écran. Cette crise du reportage va s’amplifier à partir des années quatre-vingt-dix car, pour de multiples raisons, les grands événements, comme la guerre du Golfe, la guerre d’Irak aujourdui, ne peuvent pas être photographiés. Le grand tournant se fait alors à ce moment-là: d’une photo qui n’est plus placée sous le slogan de l’instant décisif on passe à celle qui établit un point de vue, celui du regard du photographe. Une analyse par l’image d’un événement....