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Actualités - CHRONOLOGIE

Le Premier ministre attendu ce matin au patriarcat maronite L’échéance du 3 octobre s’impose à tous comme une date butoir (photo)

«Si le patriarche a dit non au président Lahoud, il ne dira pas oui au Premier ministre. » C’est en ces termes lapidaires qu’une source proche du siège patriarcal anticipait hier les résultats de l’entretien que le Premier ministre, Rafic Hariri, aura ce matin avec le chef de l’Église maronite, à la table duquel il doit également déjeuner. La visite sera la deuxième que le chef du gouvernement rend ce mois-ci au patriarche Sfeir, auprès duquel il s’était rendu avant la séance parlementaire de prorogation du mandat du président Lahoud. Selon toute probabilité, le Premier ministre s’entretiendra avec le chef de l’Église maronite des possibilités concrètes de la formation d’un gouvernement d’union nationale, lui demandant d’user de son autorité morale pour amener à composition des membres du Rassemblement de Kornet Chehwane, dont il souhaite l’entrée au gouvernement. Solidaire de Walid Joumblatt, Kornet Chehwane a déclaré qu’il refuserait de participer à un gouvernement d’union nationale, car cela reviendrait à conférer une légitimité au nouveau mandat de trois ans du président Lahoud, qu’il conteste. La visite de M. Hariri souligne, en tout état de cause, l’importance que revêt aujourd’hui le siège patriarcal maronite aux yeux des dirigeants, confrontés à une opposition combative (dont l’argumentation gagne de jour en jour plus de crédibilité), et qui cherchent désespérément à se rallier l’opinion de la rue chrétienne. Cette opinion s’est exprimée hier, haut et fort, par la voix du député Fouad el-Saad, membre de la Rencontre démocratique de Walid Joumblatt, à l’issue de l’entretien qu’il a eu avec le chef de l’Église maronite. « C’est aujourd’hui le 24 septembre, début du délai constitutionnel de deux mois pour l’élection d’un président de la République, a déclaré M. el-Saad. Dans deux mois, le mandat du président Lahoud comme président élu s’achèvera, et il deviendra président désigné. Nous nous attendons à ce que des développements se produisent dans ces deux mois qui en corrigent le cours. Sinon, après le 24 novembre, nous considérerons que nous avons un président désigné », a-t-il dit. Par ailleurs, le parlementaire a récusé les méthodes de gouvernement du chef de l’État, déclarant à ce sujet : « Le président Lahoud est un militaire et il est incapable de se conduire autrement qu’avec une mentalité de militaire, et par le moyen des services militaires. Notre démocratie parlementaire rejette ces méthodes. Si cette tendance ne change pas, nous continuerons d’être dans l’opposition. » Selon des sources politiques au sein de l’opposition, ce n’est pas tant la légitimité interne du président Lahoud que M. el-Saad a mise en question que la légalité internationale du régime. Selon la source susmentionnée, remettre en question la légitimité interne du régime entraînerait l’opposition trop loin, puisque cela signifierait aussi remettre en cause la légitimité de la Chambre qui l’a élu. En avançant sa proposition, précise la source citée, M. el-Saad a simplement cherché à inscrire sa démarche dans le prolongement de la déclaration du patriarche maronite à Radio France Internationale, voici quelques jours. « Nous attendons le rapport du secrétaire général de l’Onu Kofi Annan sur l’application de la résolution 1559 pour savoir si nous sommes dans la légalité internationale ou non », avait déclaré le patriarche. C’est le 3 octobre que le secrétaire général de l’Onu doit remettre son rapport au sujet de l’application de la résolution 1559. « Un défi à la communauté internationale » Votée par le Conseil de sécurité, la résolution 1559 appelle au respect de la souveraineté du Liban et au retrait de toutes les troupes étrangères de son sol, visant ainsi implicitement la Syrie, rappelle-t-on. Initialement présentée par les États-Unis et la France, cette résolution a reçu également le parrainage de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne. Elle invite « à un strict respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’unité et de l’indépendance politique du Liban ». Au lendemain du vote de la résolution 1559 et de la prorogation du mandat présidentiel d’Émile Lahoud, le porte-parole du ministère français des AE avait déclaré que « cette modification constitutionnelle d’opportunité est un défi à la communauté internationale. Elle ouvre la voie à une évolution inquiétante de la vie politique libanaise, contraire à la tradition démocratique du pays ». Pour sa part,Washington accusait la Syrie d’avoir menacé les députés libanais. « Il est clair que les parlementaires libanais ont fait l’objet de pressions et même de menaces de la part de la Syrie et de ses agents afin qu’ils se conforment » aux souhaits de Damas, avait déclaré le porte-parole du département d’État, Richard Boucher. « C’est ce moquer des principes démocratiques », avait-il ajouté. Le Liban, pour sa part, avait rejeté la 1559 comme ingérence dans les affaires internes du pays. Arslan La déclaration de Fouad el-Saad à Bkerké a été jugée « grave et irresponsable » par le député Talal Arslan, qui a été reçu par le chef de l’Église maronite un peu plus tard que son collègue joumblattiste. Informé des propos tenus par M. el-Saad, M. Arslan, qui présidait une délégation de son parti, a déclaré : « Ces paroles sont regrettables, venant d’un parlementaire, quel qu’il soit. Nous considérons qu’une opposition organisée est nécessaire. Mais nous sommes hostiles à une opposition qui se place en marge du régime. Il s’agit là d’une tentative de coup d’État contre l’accord de Taëf, les institutions de l’État et l’unité des Libanais. Ces paroles sont graves et irresponsables. Ce sont des pièges pour l’unité nationale. Elles vont à l’encontre des efforts du patriarche pour recoller les morceaux et limiter les dégâts autant que possible. » Et M. Arslan de souligner : « Qu’on le veuille ou pas, il existe une majorité parlementaire de 96 parlementaires qui a utilisé une procédure constitutionnelle pour amender la Constitution et proroger le mandat présidentiel du président Lahoud. Je lance aujourd’hui un avertissement, à partir de cette instance (Bkerké). Nous sommes pour une opposition organisée s’inscrivant dans le cadre des institutions. Nous avons fait l’expérience, au Liban, de l’anarchie et des divisions confessionnelles et partisanes. Personne n’y a rien gagné. Et disons-le, si tout le monde y a perdu, ce sont les minorités au Liban qui en ont le plus souffert. Cessons donc de faire des transactions politiques au nom de ces minorités et des institutions de l’État, et respectons tous la Constitution. » Le député a par ailleurs déclaré qu’il n’avait aucune objection à parler en public « de certains sujets en suspens relatifs à la situation des chrétiens », et notamment de la situation de Samir Geagea. « Il ne devrait pas y avoir de sujets tabous », a-t-il dit. Par ailleurs, le patriarche Sfeir devait également avoir des entretiens, hier, avec le ministre des P. et T. Jean-Louis Cardahi, ainsi qu’avec les députés Salah Honein et Mohammed Safadi, lequel lui a présenté un projet de loi électorale basée sur l’adoption du mohafazat comme circonscription électorale, mais dans le respect de la proportionnelle.
«Si le patriarche a dit non au président Lahoud, il ne dira pas oui au Premier ministre. » C’est en ces termes lapidaires qu’une source proche du siège patriarcal anticipait hier les résultats de l’entretien que le Premier ministre, Rafic Hariri, aura ce matin avec le chef de l’Église maronite, à la table duquel il doit également déjeuner.
La visite sera la deuxième...