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Les loyalistes accusent l’opposition d’empoisonner le climat politique

Une logique sans doute admissible en des temps, et des pays, ordinaires : il ne faut pas trop politiser l’opinion. Car cela peut finir par exciter la rue et provoquer des troubles incontrôlables. Dans cet esprit les loyalistes accusent aujourd’hui les opposants de trop faire monter la pression. Et de mettre de la sorte en péril sinon la paix civile du moins la stabilité intérieure. Cette façon de voir signifie, bien évidemment, que le camp du régime et/ou les prosyriens ne se considèrent pas du tout comme responsables d’avoir déclenché la bataille, un certain 3 septembre au soir. Mais il est exact que la campagne de l’opposition gagne chaque jour en intensité. Et en durcissement. Ainsi, sur le conseil d’un panel de juristes, des opposants prient la Chambre de se réunir pour élire un nouveau chef de l’État, comme si de rien n’était. Parce que, soulignent-ils, l’amendement parachuté, imposé, de l’article 49 étant aussi illégitime qu’anticonstitutionnel, se trouve de ce fait nul et non avenu. À leurs yeux, le chef de l’État n’a pas à démissionner de son deuxième mandat, légalement inexistant. Mais devrait le faire de son premier, pour sa participation active à un coup de force, pour ne pas dire à un coup d’État. Les loyalistes de leur côté n’y vont pas par quatre chemins. Certains n’hésitent pas à traiter les chefs de file contestataires de suppôts d’Israël. Et à leur adresser des menaces physiques à peine voilées. D’autres évoquent une collusion entre les indépendantistes et les adversaires extérieurs de la Syrie, les USA et la France notamment. Ils en veulent pour preuve que les commentaires des locaux sur le redéploiement syrien offrent beaucoup de similitude, côté scepticisme, avec les réactions réservées, voire critiques, des Occidentaux. Qui font savoir que ce repli, dérisoirement partiel, ne satisfait pas aux exigences de la 1559. Dont le verdict est clair : il faut un retrait total, dans les meilleurs délais. Tout comme il faut commencer immédiatement à neutraliser le Hezbollah ou les radicaux palestiniens, et à rétablir le contrôle des camps de réfugiés au Liban. Les loyalistes cités pensent que les Américains se servent de l’opposition locale pour activer leurs pressions sur la Syrie. À leur avis sans cette « inspiration » US, l’opposition n’aurait pas eu assez de ressort pour aller aussi loin dans son action. Ils ajoutent que dans les coulisses de l’Onu, des démarches occidentales sont effectuées auprès d’Annan. Pour que son rapport soit pointu, qu’il nomme les troupes syriennes et aille éventuellement jusqu’à contester la légalité de la prorogation du mandat Lahoud. Des indépendants relèvent pour leur part qu’au sein du pouvoir c’est de nouveau le blocage. Les plans d’action annoncés par le régime dès la première heure de la prorogation sont ipso facto gelés. Par les clivages, par la crise politique générale aussi bien que par le manque d’atomes crochus avec Hariri. Ces sources indépendantes estiment que la position du régime risque de devenir encore plus inconfortable. Parce que ses souhaits d’un rapport Annan qui ne serait qu’un procès-verbal tiède ont peu de chances de se voir réalisés. En effet diverses indications d’origine diplomatique donnent à penser que le secrétaire général de l’Onu, constatant l’absence de coopération des autorités libanaises et syriennes, devrait faire des recommandations durcissant la 1559. Un autre signe inquiétant : depuis la prorogation, il n’y a pas eu à Baabda de visite d’ambassadeur étranger. Les mêmes indépendants affirment que le camp du régime a commis, au sortir de la prorogation, une erreur importante, en n’amorçant pas de suite un fort rapprochement avec Hariri. Pour disposer d’un point d’appui face à une opposition considérablement renforcée par le ralliement de Joumblatt. Et pour montrer que le pouvoir, devenu cohérent, est capable de faire fonctionner l’État. L’attitude de froid adoptée à l’égard de Hariri est d’autant plus injustifiable, soulignent ces sources, que de toute évidence il est appelé à se succéder à lui-même. Sans doute sur des bases d’influence renforcée. Au titre de la compensation que les décideurs lui doivent. Quoi qu’il en soit, du côté des lahoudistes on continue à soutenir qu’on va propulser sans faute la réforme. Avec la participation de qui le voudra bien. Le chef de l’État, indiquent ses proches, est toujours résolu à parrainer la réconciliation, le dialogue et l’entente nationale. Pour que le pays se consacre à ses vraies priorités, comme la détresse sociale et les difficultés économiques. Quoi qu’il en soit, et comme toujours, les visiteurs qui reviennent de Damas affirment que les décideurs sont indisposés par les remous sur la scène libanaise. Et qu’ils demandent à tous leurs alliés de calmer le jeu. Philippe ABI-AKL
Une logique sans doute admissible en des temps, et des pays, ordinaires : il ne faut pas trop politiser l’opinion. Car cela peut finir par exciter la rue et provoquer des troubles incontrôlables. Dans cet esprit les loyalistes accusent aujourd’hui les opposants de trop faire monter la pression. Et de mettre de la sorte en péril sinon la paix civile du moins la stabilité...