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Actualités - OPINION

Bkerké V, Clemenceau I

À l’heure où les forces syriennes se sont contentées d’un redéploiement minimal, on ne peut plus symbolique, et sachant que tous les replis du monde ne seront que poudre aux yeux tant que durera la tutelle politique ; à l’heure également où la IIIe République, usurpée, annonce déjà, avec tambours et trompettes, des journées sauvages, épuisantes, le bloc parlementaire de Walid Joumblatt a donné hier aux Libanais son premier manifeste en faveur de la défense des libertés, de la Constitution et du système démocratique. Cette proclamation des dix-huit députés (qui ont ainsi ressuscité, a minima, un Parlement dynamité, annexé) est le pendant politique, tout aussi retentissant, du cinquième et dernier communiqué en date des évêques maronites – son alter ego, son écho, son complément. Mais au-delà de certaines différences de ton, au-delà de quelques nuances, au-delà des impératifs de chacune des deux parties, notamment sur le rôle de la Syrie au Liban ou la démission d’Émile Lahoud ; au-delà du « cri de douleur » qu’était le Bkerké V et du « cri de rage » qu’est ce Clemenceau I, c’est un mouvement qui est désormais en marche. Un mouvement qui dénonce l’incurie généralisée, « les corrupteurs protégés, la Constitution violée, le Liban traité avec mépris », et qui rappelle à ceux qu’une inadmissible politique de l’autruche tenterait l’ampleur des crises, « nationale, constitutionnelle, politique, administrative, judiciaire, économique, sociale », sans oublier la plus urgente : la « crise d’État ». C’est un mouvement mais aussi une nécessité qui commence à faire boule de neige, un instinct de survie citoyen et politique qui s’active ; c’est une opposition supracommunautaire, supragéographique et protéiforme qui vient de naître, puisqu’elle regroupe en son sein religieux et civils, le moral et le politique, l’extraparlementaire et, enfin – mieux vaut tard que jamais –, l’institutionnel. Une opposition ? Sans doute, mais plus encore : c’est une certaine idée du Liban, thérapeutique à souhait, libanisée et désinternationalisée par excellence, qui, avec Bkerké V et Clemenceau I, vient de s’inscrire dans la conscience collective. Aux autres maintenant – tous les autres qui le souhaitent – de faire la moitié du chemin qui les sépare désormais du patriarche Sfeir et de Walid Joumblatt. Pour accoucher d’un Liban année 0. De noir, septembre a maintenant viré au gris. Gris clair. Ziyad MAKHOUL
À l’heure où les forces syriennes se sont contentées d’un redéploiement minimal, on ne peut plus symbolique, et sachant que tous les replis du monde ne seront que poudre aux yeux tant que durera la tutelle politique ; à l’heure également où la IIIe République, usurpée, annonce déjà, avec tambours et trompettes, des journées sauvages, épuisantes, le bloc parlementaire...