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Actualités - OPINION

NOTES DE LECTURE - À propos du livre « Cri d’un chrétien d’Orient, face à l’Amérique, Israël et l’intégrisme » Le Liban, une cité sur la colline

L’auteur a écrit sous un pseudonyme, Jérémie Jonas. Il le dit dans sa préface. Il doit être libanais, chrétien et stratège. Cela se voit car son ouvrage est une sorte de Livre des Rois moderne. Il raconte les grands problèmes politiques actuels (relations entre supergrands, grands et petits États, guerre contre le terrorisme, crise du Moyen-Orient…) vus par un croyant, chrétien d’Orient. Cette œuvre est une mosaïque, un écrin sur lequel le chapitre du Liban brille de tous ses feux. Cela est dû au fait que les guerres actuelles ne sont plus seulement militaires, même pas seulement idéologiques, mais surtout théologiques. Ce ne sont pas non plus des guerres entre religions mais des guerres à l’intérieur des religions. Ce sont des guerres entre les intégristes de tous bords et les modérés des trois religions monothéistes, des va-t-en-guerre de tous pays contre les raisonnables pacifiques. C’est ainsi que l’auteur, « prêtre, prophète et roi », réfléchit autour du drame du 11 septembre. Il l’explique par l’alliance des États-Unis avec les intégristes islamiques, pour détruire l’Union soviétique athée et ses alliés nationalistes arabes. En même temps, Israël aidait à l’émergence de groupes intégristes palestiniens, pour affaiblir son ennemi de l’Organisation de libération de Palestine (OLP). Or, cette alliance était vue par les musulmans et les Arabes comme ne servant que les intérêts du supergrand américain et de son protégé israélien. Elle n’a pas aidé les Arabes et les musulmans à ramener ce qu’ils pensent être leurs droits en Palestine. Le djinn intégriste que les Américains avaient « libéré » pour faire avancer leurs intérêts dans le monde se retourna contre eux. Le monde a changé ; l’horreur du 11 septembre a montré que de petits groupuscules peuvent traverser les océans pour attaquer la superpuissance américaine. Elle a montré que les États-Unis n’étaient plus invulnérables et ne pouvaient plus assurer leur sécurité en faisant pression sur les gouvernements. Car des petits groupes désespérés et suicidaires peuvent posséder des armes de destruction massive (ADM). Ils sont contrés par des gouvernements dirigés par des extrémistes nationalistes, athées, chrétiens ou juifs. La violence déchaîne la violence dans un crescendo impitoyable et risque d’enflammer la planète, dans des guerres théologiques. C’est ce qui a poussé l’auteur à lancer son cri. Ces guerres religieuses sont, qu’on le veuille ou non, des guerres entre des « croyants » qualifiés d’islamiques et des États non musulmans qualifiés de « croisés » ou de « juifs ». Le problème est rendu plus ardu, car l’islam est une religion à la fois politique, militaire, sociale, à vocation universelle et régissant la vie entière des musulmans et des non-musulmans. De plus, l’interprétation du Livre Saint, le Coran, a été arrêtée par les califes au Moyen Âge. L’auteur a donc consacré un chapitre à la religion islamique vue de l’extérieur. Les craintes qu’elle inspire sont-elles justifiées ? Si elles l’étaient, les non-musulmans pourraient-ils vivre en communauté avec des musulmans sans craindre pour leurs libertés et leurs droits ? Cette question se pose partout dans le monde, en Europe où beaucoup d’Européens craignent l’entrée de la Turquie, en Israël où les gouvernements israéliens recherchent une immigration intensive et ont bâti un mur, faisant vivre les Palestiniens dans des ghettos ou des bantoustans. Cette question se pose, car la planète est devenue un village où la mixité entre les religions, les races et les cultures est devenue la règle. Pour y répondre, Jonas a choisi l’expérience d’un tout petit pays, le Liban, dont les populations de différentes religions, origines et cultures ont cherché à vivre ensemble en créant un État et une nation. Il trouve que cette expérience n’a pas encore réussi, pour des raisons internes, régionales et internationales. Il conseille de la protéger et de la libérer de ses contraintes externes pour lui permettre de trouver une solution nécessaire au monde. C’est là qu’est, à son avis, le message du Liban. L’ouvrage continue en proposant des solutions aux problèmes du Proche-Orient et du terrorisme. Il faudrait d’abord confronter les problèmes posés par la définition du terrorisme et de ses causes profondes. Ensuite, l’auteur conseille un dialogue ouvert entre Nord et Sud, entre pauvres et riches, entre religions et à l’intérieur de chaque religion. Il faudrait que les religions, toutes les religions, renoncent aux ambitions terrestres, surtout à la recherche du pouvoir. C’est en cela que doit consister la nouvelle stratégie américaine. Au lieu d’une stratégie du tout sécuritaire, les États-Unis, seule superpuissance mondiale, devraient adopter une stratégie de justice, de dialogue et de compréhension entre les peuples et entre les religions. Le but affirmé par l’auteur n’est pas d’offrir une Vérité et une solution, mais d’ouvrir un dialogue, alors que nous assistons aujourd’hui à une série de monologues, dans lesquels chacun se prend pour une victime et, de ce fait, se croit autorisé à exercer vengeance. En cela, le Liban est nécessaire comme un brillant sur un écrin ou une « cité sur la colline ». Roger AKL
L’auteur a écrit sous un pseudonyme, Jérémie Jonas. Il le dit dans sa préface. Il doit être libanais, chrétien et stratège.
Cela se voit car son ouvrage est une sorte de Livre des Rois moderne. Il raconte les grands problèmes politiques actuels (relations entre supergrands, grands et petits États, guerre contre le terrorisme, crise du Moyen-Orient…) vus par un croyant,...