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Actualités - CHRONOLOGIE

ECLAIRAGE En face : la cohésion druzo-chrétienne de la Montagne et l’opposition nationale et plurielle La IIIe République inaugurée en grande pompe par l’arbitraire

Immédiatement après l’amendement de la Constitution et la prorogation « à titre exceptionnel » du mandat du chef de l’État, et même quelques heures, quelques jours avant, les mots des pro et des antireconductionnistes se téléscopaient. Entre promesses rose bonbon, promesses d’un avenir brillant, radieux, promesses d’un Liban tiré, grâce à la rallonge « de trois ans seulement », vers l’avant, vers le meilleur, et prédictions anthracite, mises en garde contre l’obscurantisme qui risque de s’installer comme chez lui, contre le régime militaro-sécuritaire et ses létales dérives, contre l’instabilité provoquée (Bourj-Hammoud après Hay el-Sellom ?) et contre le crime politique organisé dont les libertés seraient les premières victimes ; entre ce blanc et ce noir, le Libanais, que plus rien n’étonne, hésitait à adhérer. Le voilà, désormais, fixé. L’amendement constitutionnel du 3 septembre 2004, exigé avec toutes les fermetés possibles et imaginables par le tuteur syrien envers et contre tous, même ses alliés libanais les plus proches, a euthanasié, sur le papier, une IIe République certes un tantinet moribonde, mais qui ne méritait en aucun cas de pareils outrages : un quasi-putsch, condamné par toutes les instances planétaires. Les perquisitions, les arrestations, les exactions des trois derniers jours à Aley et dans le Chouf ont inauguré, sur le terrain et en grande pompe, cette IIIe République. Et en ont dévoilé, tout naturellement, le programme : en finir avec les salutaires, les vitales spécificités d’un Liban, étendard (fatigué) proche-oriental de la démocratie, des libertés et de l’État de droit, et installer l’arbitraire. Sous le plus fallacieux, le plus pernicieux, le plus menteur des prétextes : les « intérêts stratégiques » et une pseudo-arabité, à des années-lumière de celle prônée et défendue par un certain Kamal Joumblatt. En punissant de la plus moyenâgeuse des manières les partisans de Walid Joumblatt, en tentant de semer la discorde au sein de la communauté druze (par l’improbable remise en selle d’un émir nu), ce n’est pas tant contre un opposant majeur à la reconduction du mandat Lahoud, ni contre un véritable ami de la Syrie qui a décidé de dire stop justement parce que l’ami, contrairement à l’allié captif et suiviste, dit haut et fort ce qui ne va pas, que « les vampires, les fantômes et les janjawids » ont décidé de sévir. Mais bien plutôt contre celui à même de légitimer, d’amplifier, de confirmer, au niveau national et aux yeux de la communauté internationale, à l’ombre de cette désormais fameuse 1559, le ras-le-bol infini des Libanais, presque exclusivement véhiculé, jusque-là, par l’opposition chrétienne. Celui à même – et l’os, gigantesque, indigeste pour le tuteur et ses lieutenants, est là – de « libaniser » l’urgente question libanaise. En attendant le sunnite et le chiite. Walid Joumblatt s’est fait ce week-end l’écho de multiples préoccupations citoyennes. Les druzes et les chrétiens ont été l’écouter et l’applaudir. Et les pôles de l’Est politique se retrouveront après-demain pour un Carlton II autour de lui, un retour d’ascenseur plein de courtoisie certes, mais absolument indispensable. Parce que, pour combattre l’inquisition (surtout celle qui refuse encore de dire son nom), pour éviter qu’un jour ne se rallument des feux bien mal éteints, c’est de l’intérieur – plus que de l’extérieur – qu’il faut le faire. Ziyad MAKHOUL
Immédiatement après l’amendement de la Constitution et la prorogation « à titre exceptionnel » du mandat du chef de l’État, et même quelques heures, quelques jours avant, les mots des pro et des antireconductionnistes se téléscopaient. Entre promesses rose bonbon, promesses d’un avenir brillant, radieux, promesses d’un Liban tiré, grâce à la rallonge « de trois ans...