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perspectives Lahoud-Hariri, un duo viable pour les prochains mois ? Avec le dossier des expropriations, réunion-test pour le gouvernement ce matin

Après avoir provoqué un véritable clash entre le chef de l’État, Émile Lahoud, et le président du Conseil, Rafic Hariri, le dossier des expropriations dans la capitale, et notamment à Beyrouth-Ouest, pour la construction d’écoles publiques, sera examiné ce matin en Conseil des ministres. On se souvient que cette question épineuse avait été maintes et maintes fois reportée, afin d’éviter la rupture totale entre les deux hommes, bien avant que l’échéance présidentielle et la reconduction de Lahoud ne viennent empoisonner encore plus un climat déjà bien lourd. Mais aujourd’hui, c’est avec une étonnante sérénité que les ministres s’apprêtent à rééxaminer ce dossier, dans ce qui aurait pourtant dû être la dernière séance de l’actuel gouvernement. Après avoir en effet laissé entendre que son gouvernement présenterait sa démission au cours de la séance du 20 septembre, Hariri s’est rétracté, officiellement pour répondre à une demande en ce sens du président de la Chambre, Nabih Berry, qui doit se rendre à Genève et ne sera de retour au Liban que le 2 octobre. À la veille de la publication prévue du rapport du secrétaire général des Nations unies sur l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. Les coïncidences sont parfois curieuses, et si la réunion parlementaire internationale à Genève, à la fin du mois, tombe à pic pour permettre à la Syrie et à ses alliés libanais de faire traîner les choses, en attendant de voir l’étendue des pressions internationales qui seront exercées sur eux, la réunion du gouvernement aujourd’hui sera un test pour l’avenir des relations entre Lahoud et Hariri. Des analyses contradictoires et un même suspense Depuis que Rafic Hariri a accepté de signer le décret d’ouverture d’une session extraordinaire du Parlement pour adopter un amendement de la Constitution en faveur de Lahoud et qu’il a demandé aux membres de son bloc parlementaire de voter cet amendement, les relations entre lui et Lahoud devraient s’améliorer. Le président a d’ailleurs multiplié, ces dernières semaines, les tentatives d’ouverture et les appels au dialogue, laissant entendre qu’il a apprécié le geste de Hariri et qu’entre eux deux, une nouvelle page peut s’ouvrir, basée sur des relations plus saines et sur une conscience commune des menaces qui pèsent actuellement sur le Liban et la Syrie. Mais ceux qui suivent les développements sur le terrain ne semblent pas convaincus de la possibilité d’une coopération sereine entre les deux hommes, que finalement tout sépare, aussi bien dans la vision politique que dans les idées économiques et dans la gestion de l’Administration publique. Par quel miracle pourraient-ils donc travailler en équipe, eux qui, tout au long des quatre dernières années, n’ont réussi à se tolérer que lorsqu’ils y étaient vraiment contraints ? Les pessimistes doutent du bon fonctionnement de ce tandem, malgré tous les efforts déployés dans ce sens, estimant qu’en définitive, la solution la plus plausible serait de garder l’actuel gouvernement, après avoir nommé toutefois de nouveaux ministres à la place des démissionnaires et de faire aller tant bien que mal les choses en attendant les développements internationaux et les élections législatives du printemps 2005. D’autres pensent au contraire qu’il n’est pas possible d’affronter une situation internationale aussi grave avec un tel gouvernement, même « rafistolé », et aussi bien Lahoud que Hariri sont conscients de la nécessité de faire équipe pour passer le cap de la résolution 1559. Le président de la Chambre, Nabih Berry, rentré dans les bonnes grâces du régime syrien, aurait d’ailleurs donné le ton : il serait désormais l’exécutant de la volonté syrienne, depuis que les autorités de Damas sont dans le collimateur de la communauté internationale et ne peuvent plus intervenir directement dans les affaires libanaises. Or, depuis quelques jours, Berry multiplie tournées et déclarations, affirmant son appui à Lahoud mais aussi à la formation d’un gouvernement d’unité nationale ou, à défaut, d’une équipe de choc, où les efforts seront déployés pour expliquer à la communauté internationale les dangers que représente la 1559 pour le Liban. Un nouveau rôle de rassembleur Berry laisse ainsi entendre que le mieux serait d’avoir Hariri à la tête d’un nouveau gouvernement avec des personnalités crédibles. Et certaines sources pensent que Lahoud pourrait cesser de vouloir présider les séances du Conseil des ministres, afin de laisser plus d’autonomie à son président, tout en continuant à donner son avis sur tout. Quant à Hariri, il garde le silence total sur ses intentions, tout en étudiant sérieusement la possibilté de former le nouveau gouvernement. En douce, ses proches murmurent qu’il accepterait de le présider si son allié traditionnel, Walid Joumblatt, revenait sur son refus de participer, directement ou non, à l’équipe en gestation. Mais des sources plus neutres estiment que Hariri aurait déjà accepté le principe de former le nouveau gouvernement, mais qu’il craint simplement d’y être dangereusement en minorité, maintenant que Berry semble pencher vers Lahoud et si Joumblatt n’y est pas représenté. Il attendrait donc des garanties avant de donner son accord définitif. D’autres pensent au contraire que c’est à Hariri de fournir des garanties sur son engagement sincère aux côtés de la Syrie dans la période actuelle. Comme on le voit, les spéculations continuent à se multiplier et les analyses divergent selon les sympathies et les intérêts. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas par hasard si le dossier des expropriations a été inclus dans l’ordre du jour du conseil qui comporte, par ailleurs, 90 autres points. C’est à travers l’examen de ce dossier qui a jadis failli provoquer l’éclatement du gouvernement que l’on pourra un peu mieux présager du paysage politique à venir. Même si la plupart des observateurs pensent que tout se passera bien et que s’il y avait un seul risque de conflit, le sujet n’aurait pas été inclus dans l’ordre du jour. L’heure n’est certainement plus à la division. Pour l’instant, en tout cas. S.H.
Après avoir provoqué un véritable clash entre le chef de l’État, Émile Lahoud, et le président du Conseil, Rafic Hariri, le dossier des expropriations dans la capitale, et notamment à Beyrouth-Ouest, pour la construction d’écoles publiques, sera examiné ce matin en Conseil des ministres. On se souvient que cette question épineuse avait été maintes et maintes fois...