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Actualités - OPINION

Bkerké - Un rôle majeur d’orientation Toujours des nuances, mais jamais d’ambiguïté

Un article du regretté Michel Aboujaoudé : « Le Nahar est un journal opposant, mais pas le journal de l’opposition. » Tout bien considéré, relève une source proche du patriarcat, c’est à peu près la même chose pour Bkerké. Car cette instance, objectivement critique, ne se veut une tribune ni pour l’opposition ni pour le camp loyaliste. Et refuse dès lors d’être prise pour lice d’affrontements. Dans cet esprit, et à cause d’abus de déclarations tendancieuses faites après une visite au patriarche, le prélat a récemment fait préciser que nul ne parle en son nom. Que lui seul dit ce qu’il a à dire. Personnellement ou, d’une manière collégiale, à travers les manifestes de l’épiscopat maronite. Un corps constitué qui a dernièrement placé la barre de la contestation plus haut que ne le fait aucun opposant. En proclamant, notamment, que l’amendement est anticonstitutionnel, qu’il a été éhontément imposé de l’extérieur au mépris des institutions, en forçant des ministres ou des députés à aller contre leurs convictions. Les évêques pressaient les parlementaires, alors appelés à se réunir quelques jours plus tard, de n’écouter que leur conscience, de ne songer qu’à l’avenir de leurs enfants, de ne pas se laisser impressionner par des menaces ni séduire par des promesses. En leur rappelant que le sort des moutons de Panurge n’est jamais bien enviable. Cet appel, on le sait, est tombé dans l’oreille d’un sourd. La majorité parlementaire a voté l’amendement auquel ne s’est opposée qu’une minorité de 29 membres. Ce qui démontre, une fois de plus, que la République ne produit plus, comme jadis, des servants fidèles, des hommes vrais, sachant sacrifier leurs intérêts personnels à l’autel de la patrie. Aujourd’hui, bien au contraire, la majorité de la classe publique se sert de l’intérêt général à des fins particulières. Quoi qu’il en soit, devant le fait accompli, et du moment qu’il semble hors de question de voir le chef de l’État démissionner afin de corriger la dérive, comment agir, comment réagir ? Faut-il boycotter le pouvoir au titre qu’il est issu d’une décision anticonstitutionnelle ? Faut-il admettre la situation, même en étant contre, et composer en attendant les futurs résultats ? Bkerké pour sa part, estiment des observateurs, ne se trouve pas confronté au dilemme des politiciens. Qui doivent choisir entre bouder, s’opposer ou participer. Le patriarcat n’est l’ennemi ou l’adversaire de personne. Il ne rompt avec aucune autorité établie. Ses portes restent ouvertes à tous, loyalistes aussi bien qu’opposants, dirigeants et administrés. Il veille et juge sur les résultats. En ne se fiant qu’aux actes et non aux promesses. Partant de là, Bkerké attend de voir dans quelle mesure on peut traduire d’une manière positive cet événement négatif qu’est la prorogation. En espérant que le pouvoir prêtera l’oreille aux plaintes, aux revendications des Libanais. Dont les doléances ont été en partie répercutées dans le manifeste des évêques. Suivant cette orientation, le patriarche préfère éviter de provoquer des tensions, pour ne pas répondre à une erreur par une autre. Car l’important, dans cette phase délicate, est de manger le raisin et non de tuer le gardien de la vigne, comme dit l’adage local. Mais si ce même gardien qu’on épargne en vient à dévorer lui-même la treille, il sera alors temps d’aviser. Sur le plan pratique, voici ce que l’on attend globalement du pouvoir : – La mise en place d’un gouvernement d’union véritable, qui ne soit pas l’addition de parties antagonistes toujours prêtes à en découdre. Mais l’opérateur cohérent, compétent, capable d’un plan de sauvetage. Notamment dans le domaine socio-économique. – L’élaboration d’une loi électorale juste, équilibrée, égalitaire, assurant une saine représentation de proximité par un découpage bien étudié des circonscriptions. Cette loi doit s’accompagner de mesures garantissant la régularité et la liberté du scrutin. – L’amnistie pour Samir Geagea, que l’on a jugé comme criminel de guerre parce qu’il n’a pas accepté de marcher dans le montage comme d’autres l’ont fait. Parallèlement, la levée de l’ostracisme qui frappe Michel Aoun, afin qu’il puisse retourner et participer s’il le veut, comme Geagea, à la vie politique. – Le traitement en profondeur de la question de l’emploi, ou plutôt du chômage, afin que les jeunes ne soient plus obligés d’émigrer. – L’assainissement progressif des finances publiques, pour réduire la dette et le déficit budgétaire. – La lutte, accélérée et intensifiée, contre la corruption, et le démarrage de la réforme d’une administration qui, comme la justice, doit être libérée du clientélisme et de l’immixtion des hommes politiques. En suivant, dans la mesure du possible, le modèle technique adopté par la Sûreté générale, qui favorise les formalités par courrier. Émile KHOURY
Un article du regretté Michel Aboujaoudé : « Le Nahar est un journal opposant, mais pas le journal de l’opposition. » Tout bien considéré, relève une source proche du patriarcat, c’est à peu près la même chose pour Bkerké. Car cette instance, objectivement critique, ne se veut une tribune ni pour l’opposition ni pour le camp loyaliste. Et refuse dès lors d’être...