Fléchettes Les vieux démons de la division

Les proverbes, les maximes, les sentences, les idées reçues, les phrases toutes faites. Flaubert s’en gaussait. Un peu à tort. Car les clichés facilitent la communication. Sans compter qu’assez souvent l’exercice s’avère plutôt savoureux. Tenez, aux espérants quasi euphoriques de l’heure, on a envie de seriner qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Car, après, c’est adieu veaux, vaches, cochons, couvée... D’autant que aide-toi, le ciel t’aidera. On n’a jamais été à la hauteur sur ce plan-là. Même aujourd’hui, à la grand-messe du souvenir (et soi-disant de l’union sacrée), on a entendu des groupes en conspuer d’autres! Ce qui laisse sous-entendre que, malgré les récriminations communes à l’adresse des intrus, on garde intra muros, mais pas in vitro, une dent tenace les uns contre les autres. En famille, on fait bien pis que laver son linge sale. L’enfer c’est les autres ? Oui, mais quand l’étranger s’en va, s’il s’en va, on s’invente vite fait toute une nouvelle panoplie d’autres. En prenant ce qu’on a sous la main. Le voisin sur le trottoir d’en face. Et puis, c’est encore plus commode et moins dangereux, belle-maman sur sa terrasse. Ainsi se vérifie (à l’envers, puisque les premiers seront les derniers) notre adage national : moi et mon frère contre mon cousin, moi et mon cousin contre un tiers. Pour arroser l’arroseur, ou asperger l’asperge. Bref, que l’hôte aille ou non se faire pendre ailleurs, nous on n’est toujours pas sortis de l’auberge. J. I.