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Actualités - CHRONOLOGIE

COLLOQUE - « Kafalat » propose de créer un fonds de garantie pour soutenir la production cinématographique Le manque de ressources et de règlementation, principale entrave à l’épanouissement de l’industrie de l’image au Liban

Pour que le Liban devienne une zone franche audiovisuelle ou une plate-forme pour la production cinématographique locale, régionale, voire internationale, les secteurs privé et public devront œuvrer de concert pour surmonter les nombreuses embûches qui empêchent l’épanouissement de l’industrie nationale de l’image. C’est ce qui ressort du colloque intitulé « Pour une politique publique de l’industrie de l’image », qui a entamé ses travaux hier par une série d’interventions axées sur l’importance du financement du secteur privé, d’une part, et de l’encadrement juridique de l’État, d’autre part. Malgré le talent et le niveau académique avancé des professionnels libanais dans le domaine cinématographique, seuls deux films sont aujourd’hui produits en moyenne chaque année, alors qu’il y a quarante ans, plus de 25 films étaient produits en rythme annuel. « Faute de moyens financiers, la cinémathèque nationale est paralysée », a déploré Maya de Freige, conseillère du ministre de la Culture. Actuellement, l’industrie de l’image au Liban représenterait un chiffre d’affaires de 80 millions de dollars par an, un montant largement alimenté par les productions télévisées et publicitaires. Le 7e art, lui, peine à s’imposer. Précarité des ressources Pour le directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani, l’industrie de l’image, à l’instar des autres industries, a besoin d’investissement. Or tout le monde s’accorde à dire qu’il est plus courant au Liban, surtout après la guerre, d’allouer des sommes importantes pour des activités de consommation au détriment des activités culturelles. Dans une timide tentative visant à améliorer la situation, le ministère de la Culture avait créé en 2001 un fonds spécial destiné à financer dix projets cinématographiques à hauteur de 160 000 dollars, soit environ 16 000 dollars par film. Une somme qui reste bien en deça des besoins du secteur, ce qui explique en grande partie pourquoi les cinéastes libanais se tournent vers le financement étranger, notamment européen. ` Ils y sont d’autant plus encouragés que l’Union européenne, à travers le programme Media, accorde des prêts ou des subventions pour le développement, la promotion et la distribution des productions du sud de la Méditerranée. Dans l’intention de faire bouger les choses sur la scène locale, les différents intervenants n’ont pas tari de propositions. Un fonds national pour le cinéma Ainsi, l’ancien ministre de l’Économie, Nasser Saïdi, a appelé à encourager la création de fondations spécialisées dans le soutien à la production cinématographique, à l’image des fondations européennes, qui permettent de produire des films sans passer par les grandes sociétés de production. Il a également proposé de créer un fonds national pour soutenir le secteur. À titre d’exemple, en Europe, et plus particulièrement en France, il existe un compte de soutien à l’industrie cinématographique qui couvre environ 10 à 15 % des coûts de la production cinématographique. Plus concrètement, le PDG de Kafalat, Khater Bou Habib, propose de créer un fonds de garantie pour financer la production cinématographique. « Cela permettra aux professionnels libanais de produire six à sept films par an sans dépenser des sommes exorbitantes », affirme M. Bou Habib. Une ambition que le ministère de la Culture s’est engagé à réaliser d’ici à 2007 grâce à un plan d’action qui sera mis en œuvre en coopération avec des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux (Kafalat, Agence intergouvernementale de la francophonie, etc.) Mais les problèmes du secteur ne se limitent pas à l’insuffisance du financement public ou privé. Incitations fiscales Pratiques et formalités administratives aussi absurdes qu’interminables, une propriété intellectuelle vulnérable, des taxes qui découragent souvent le lancement de projets d’envergure: la liste des écueils n’en finit pas. Pour les professionnels, mais également pour les autorités financières, l’État ne doit pas intervenir directement dans les rouages du secteur, mais plutôt faciliter le système de production. Les producteurs participant au colloque ont appelé à l’augmentation des incitations fiscales dont, entre autres, le remboursement de la TVA. Les expériences des autres pays exposées par des intervenants français, canadien et marocain, montrent comment l’intervention de l’État a évolué en passant de la taxation à l’incitation. Ainsi, Éric Garandeau, du Centre national du cinéma (France), a exposé le modèle français du soutien au cinéma qui allie l’aide budgétaire aux incitations fiscales. « Il ne faut pas subventionner juste pour subventionner, avertit de son côté M. Saïdi. Il faut s’assurer que l’on peut accéder aux marchés internationaux, que l’on est capable de poursuivre cette politique de soutien et surtout que ces aides ne portent pas atteinte aux autres secteurs. » L’État doit donc faciliter, encourager et assurer un minimum de règlementation. La règlementation, un mot d’ordre chez les professionnels du secteur. Le producteur, réalisateur et membre du syndicat des techniciens du cinéma au Liban, Fawzi Kalache, assure que la règlementation juridique de la profession est la seule chose qu’il réclame à l’État. « Il n’existe pas de loi qui puisse nous protéger des productions étrangères », explique-t-il à L’Orient-Le Jour. Bien qu’elle soit une activité sous-capitalisée, presque ignorée par le secteur bancaire en raison du risque élevé qu’elle suppose, la production cinématographique au Liban tente de se frayer un chemin sur le marché international, en espérant pouvoir compter un jour sur un minimum de supports financiers et juridiques à la hauteur de ses capacités. Anwar AZZI Rana MOUSSAOUI
Pour que le Liban devienne une zone franche audiovisuelle ou une plate-forme pour la production cinématographique locale, régionale, voire internationale, les secteurs privé et public devront œuvrer de concert pour surmonter les nombreuses embûches qui empêchent l’épanouissement de l’industrie nationale de l’image.
C’est ce qui ressort du colloque intitulé « Pour une...