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CITOYEN GROGNON Retardataires, au placard !

Ils se sont rendus au spectacle, cet été, comme s’ils allaient au cinéma, le chewing-gum à la bouche, les mains pleines de sacs de chips et de friandises en tout genre. Opéras, concerts de musique classique, de variétés, spectacles de folklore local ou exotique, ils n’ont rien raté. Histoire de se faire voir, d’exhiber leurs dernières fringues, de figurer sur les listes de la jet-set culturelle. Mais des règles de bienséance du spectacle, ils ont tout ignoré, même les plus élémentaires. Rien que l’exactitude était pour eux mission impossible : alors que des centaines de spectateurs faisaient l’effort d’arriver bien avant l’heure et s’installaient à leurs places dans l’attente du début du concert, ils étaient encore en route, ou faisaient un brin de causette au café d’en face ou carrément sur les marches des gradins... Indifférents au premier appel des organisateurs. Non moins indifférents au second et au dernier appel. Ils attendaient l’ultime instant pour rejoindre leurs sièges sur l’insistance des plaçeuses. L’air hautain. Le sourire aux lèvres. Et ne manquaient pas de saluer nombre de connaissances ou d’en interpeller d’autres, ici ou là, faisant fi des regards désapprobateurs, ignorant carrément les spectateurs qui commençaient à s’énerver. Mais que dire de ceux qui se permettaient d’arriver alors que le spectacle avait déjà commencé ? Que dire des graviers qui crissaient sous les pas des retardataires ? Des gradins qui gémissaient sous les talons de ces dames ? Des spectateurs, piaffant d’impatience, qui exprimaient tout haut leur grogne d’être sans cesse dérangés ? La liste est longue. Nos amis sont décidément aussi indisciplinés au spectacle que sur les routes. Non seulement ils se permettent d’arriver en retard, mais ils le font à grands fracas. Le silence total ? Ils ne savent tout bonnement pas ce qu’il veut dire. Ici, au beau milieu d’un air d’opéra, madame, fraîchement arrivée, ne peut se retenir de commenter la tenue ou la coiffure de sa voisine. Là, un enfant, déjà mort d’ennui, tue le temps en puisant inlassablement dans son interminable paquet de chips. Plus loin, la sonnerie du cellulaire, que monsieur n’a toujours pas éteint, hurle les notes du dernier tube de Nancy Ajram. Est-il nécessaire de décrire les « chut » qui fusent alors dans tous les sens ? Mais quand ce boucan s’arrêtera-t-il donc ? Les perturbateurs, foudroyés du regard par un voisinage excédé, n’en continuent pas moins leur manège, nullement concernés, totalement indifférents au fait qu’ils ont saccagé un beau spectacle et gâché la soirée des spectateurs ordinaires... Ceux qui ont payé cher leur place, rien que pour se régaler de musique, de spectacle, d’enchantement. Je ne vous parlerai pas du manque de respect envers les artistes, habitués à des publics avertis et souvent choqués par ces conduites pour le moins cavalières. « Les retardataires ne seront pas admis avant l’entracte », lisait-on pourtant sur les billets. Mais cela n’était peut-être qu’une erreur d’impression ! Anne-Marie EL-HAGE
Ils se sont rendus au spectacle, cet été, comme s’ils allaient au cinéma, le chewing-gum à la bouche, les mains pleines de sacs de chips et de friandises en tout genre. Opéras, concerts de musique classique, de variétés, spectacles de folklore local ou exotique, ils n’ont rien raté. Histoire de se faire voir, d’exhiber leurs dernières fringues, de figurer sur les listes...