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Actualités - CHRONOLOGIE

Communautés - « La vérité devait être dite et la Syrie nommément citée », souligne le chef de l’Église maronite Sfeir : « L’Onu s’est ingérée dans nos affaires pour mettre un terme à une autre ingérence »

«Si le Conseil de sécurité s’est ingéré dans les affaires internes du Liban, c’est pour mettre un terme à une autre ingérence », a affirmé hier le patriarche maronite Mgr Nasrallah Sfeir, dans un entretien accordé à la station de radio Sawa, basée aux États-Unis. « Nous comptons d’abord sur nous-mêmes, mais les intérêts des États concordent parfois, et des États parviennent ainsi à atteindre leurs objectifs. D’autres fois, ces intérêts ne concordent pas, et les grandes puissances s’emploient à réaliser leurs intérêts », a ajouté le patriarche. Et de conseiller aux responsables libanais de « réagir positivement » à la résolution 1559, et d’éviter de se positionner hors de la légalité internationale. Le patriarche a ensuite souligné qu’il n’est pas « hostile à la concomitance des deux volets » libanais et syrien, mais qu’il n’en est pas moins « avec l’indépendance, la souveraineté et la liberté de décision de chacun des deux pays, dans le cadre d’une coopération entre eux ». « Ce n’est pas nous qui avons internationalisé la crise libanaise, a enchaîné le patriarche. Ce sont les grandes puissances qui en ont pris l’initiative, après avoir constaté le déséquilibre existant entre les deux pays. » Par ailleurs, le chef de l’Église maronite a affirmé que « oui, des pressions israéliennes ont pu se produire pour l’adoption de cette résolution », mais qu’ « Israël, comme tout autre État, cherche à réaliser ses intérêts ». Il a déclaré par ailleurs « ne pas être surpris que la France se soit sentie concernée par une affaire libanaise », en raison des liens séculaires qui existent entre les deux pays. Les choses par leur nom Le patriarche Sfeir a également affirmé que l’Assemblée des évêques maronites a jugé qu’il était nécessaire d’appeler les choses par leur nom, et de désigner nommément la Syrie comme étant à l’origine des maux dont souffre le Liban. « Nous avons estimé nécessaire de dire les choses simplement, non sans conclure l’appel en rappelant que nous ne cherchons pas à être hostiles à la Syrie (...) Mais la vérité devait être dite, et nous l’avons fait. » C’est ainsi que le patriarche a renvoyé au texte de l’appel les journalistes qui lui demandaient qui empêche les musulmans et les chrétiens du Liban de se retrouver. « Certes, a ajouté le patriarche, nous avons été aidés à certaines occasions par la Syrie, mais la manière dont le Liban est traité en ce moment est très loin de constituer une aide, en raison des résultats auxquels a abouti la présence syrienne au Liban : dette, démoralisation de la population, corruption, émigration des jeunes et autres maux qu’il est inutile d’énumérer. » « N’est-il pas abusif de considérer que le Liban est devenu une province syrienne et de faire assumer à la Syrie la responsabilité de tout ce qui s’est passé au Liban depuis 1976 ? » a-t-on demandé au patriarche, qui a répondu : « Nous avons affirmé que la Syrie assume une grande part de responsabilité, ce qui n’exclut pas celle de certains Libanais. » Interrogé sur le terme de « syrianisation » utilisé dans l’appel de l’Assemblée des évêques, le patriarche a affirmé qu’il ne voyait pas d’autres termes pour décrire la façon dont « la Syrie a imposé sa volonté au Liban ». « J’ignore ce que l’on veut dire en parlant de choix stratégiques », pour justifier ce qui s’est passé, a ajouté le chef de l’Église maronite. Remerciements Le patriarche a par ailleurs « remercié » la Syrie pour l’intérêt qu’elle affirme porter à l’avis du siège patriarcal, tout en rappelant que « l’avis de Bkerké n’est pas seulement le sien, mais celui d’un grand nombre de Libanais qui partagent son point de vue ». « Nous remercions la Syrie pour les bons sentiments qu’elle nous porte, a insisté le patriarche, mais il faut que les paroles se traduisent dans les actes, c’est-à-dire que le Liban et la Syrie soient d’accord pour se respecter mutuellement et que la Syrie ne s’ingère pas dans les affaires du Liban. » Confronté à l’idée que la prorogation du mandat du président Lahoud était liée au refus de l’implantation, le patriarche Sfeir a déclaré : « Je ne vois pas le lien entre la prorogation et l’implantation. » Le chef de l’État a affirmé que « les portes de Baabda sont ouvertes à tous », a-t-on encore fait valoir aux yeux du patriarche, qui a répondu : « Bien dit. Reste à convaincre ceux qui ont entendu cette proposition qu’elle est vraie. » Enfin, le chef de l’Église maronite s’est prononcé implicitement en faveur d’un amendement de l’accord de Taëf. « L’accord de Taëf nous a été imposé, a-t-il expliqué. Nous avons dit qu’il n’était pas idéal, mais qu’il n’y avait pas d’autre moyen pour faire taire le canon. C’est pourquoi nous l’avons accepté. Nous en avons souligné les nombreuses lacunes, et il est nécessaire qu’après en avoir établi une liste, les Libanais s’installent autour d’une table et en discutent de bonne foi. À défaut d’un nouveau Taëf, nous aurons alors une Constitution satisfaisante pour tous. »
«Si le Conseil de sécurité s’est ingéré dans les affaires internes du Liban, c’est pour mettre un terme à une autre ingérence », a affirmé hier le patriarche maronite Mgr Nasrallah Sfeir, dans un entretien accordé à la station de radio Sawa, basée aux États-Unis.
« Nous comptons d’abord sur nous-mêmes, mais les intérêts des États concordent parfois, et des...