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1559 - Action préventive en marge de l’Assemblée générale de l’Onu Beyrouth espère amadouer Annan avec le concours du Russe Lavrov

On le sait, un secrétaire général de l’Onu est loin d’être un simple directeur de cabinet. Son champ d’influence est immense, souvent déterminant. Beyrouth redoute donc beaucoup le rapport de vérification d’application que Kofi Annan est chargé de remettre au Conseil de sécurité, début octobre, sur la 1559. Ce document peut en effet accélérer ou retarder une procédure de deuxième palier menant à des sanctions. C’est-à-dire à une transposition au fameux chapitre sept de la Charte. Ou encore, idéalement, la bloquer. La diplomatie libanaise – plus précisément le président de la délégation libanaise à New York, Issam Farès, et le ministre Jean Obeid – va donc s’efforcer d’amadouer Annan. Par des échanges en marge de la toute prochaine Assemblée générale annuelle de l’Onu. L’argument libanais principal devrait s’articuler sur le péril que la résolution en question ferait courir à la stabilité intérieure de ce pays. Les Libanais comptent également sur le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Qui a promis dimanche dernier, lors de son passage chez nous, de parler en faveur de la thèse libanaise. Aussi bien avec Annan qu’avec les dépositaires de la résolution, les Américains et les Français. Moscou, qui s’est abstenu lors du vote, estime néanmoins que le Conseil de sécurité outrepasse ses prérogatives en traitant d’une affaire qui, à ses yeux, est d’ordre intérieur libanais. La Chine, autre grand, partage cet avis. Des sources diplomatiques informées pensent que l’on va beaucoup discuter de la 1559 dans les rencontres en marge de l’Assemblée générale. Notamment entre les délégations des cinq membres permanents du Conseil qui bénéficient du droit de veto. Ces sources espèrent aussi que la question va être abordée, dans un climat positif, lors de la réunion entre les Quatre de la « feuille de route » et le comité de suivi arabe, chargé de relancer les décideurs internationaux au sujet de l’offre de paix régionale lancée par le sommet arabe de Beyrouth. De son côté, le président Rafic Hariri plaidera également en faveur de la position libanaise lors de la rencontre qu’il doit avoir avec Annan à Barcelone. Où le Premier ministre doit se faire remettre le prix de la reconstruction que l’Onu lui a récemment décerné. Jeudi, Hariri va également s’entretenir avec le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, et avec le nouveau président de la Commission de l’UE, Barroso. Mais les cadres cités soulignent que les retrouvailles annuelles de la communauté internationale de septembre, à New York, vont sans doute ouvrir un boulevard devant la campagne de durcissement de la 1559 menée par les Français et par les Américains. Ils ajoutent que le Liban risque d’être bien isolé dans cette bataille. Car si les Russes et les Chinois lui manifestent de la sympathie, ils ne peuvent pratiquement pas grand-chose pour lui maintenant que la résolution a été adoptée. Ils l’ont d’ailleurs reconnu, en précisant que nul ne peut considérer une résolution votée comme lettre morte. Se référant à des informations secrètes, ces sources indiquent que les États-Unis ont décidé de faire monter encore la pression. Et de durcir davantage le ton, déjà bien sévère, adopté à l’encontre de la Syrie, leur nouvelle bête noire. Les États-Unis attendent eux aussi le rapport Annan. Et en cas de constat de non-application de la 1559, ils menaceraient la Syrie, déjà affectée par le Syria Accountability Act, d’une nouvelle batterie de sanctions. Les rapports diplomatiques parvenus à Beyrouth, de Washington, vont dans le même sens indicatif d’escalade. D’ailleurs, la nouvelle responsable de la section Moyen-Orient au département d’État, Elizabeth Debell, vient de préciser que l’émissaire spécial William Burns est porteur, selon ses termes choisis, d’un « ordre du jour particulièrement fort ». Qu’il doit traiter avec les Syriens, et qui englobe, selon la responsable US, les récents développements en relation avec l’échéance présidentielle libanaise. Il est clair que Washington agite le bâton. Certes, des mesures restrictives ou punitives décidées par le Conseil de sécurité peuvent sembler improbables, puisque la 1559 n’est pas régie par le chapitre sept. Mais sur une telle base légale, rien n’empêche les USA, et/ou la France et l’Europe, de décréter des sanctions pour leur propre compte. La chose est plus facile en pratique pour les Américains qui disposent déjà du Syria Accountability Act. Les mêmes sources informées insistent sur la noirceur du tableau en affirmant que le climat actuel ne semble pas du tout propice, au contraire, à une atténuation de l’animosité américaine. Pour le moment, Paris se tient dans l’expectative, sans hausser le ton, en attendant le rapport Annan. Mais les Français pourraient bien adopter à leur tour une attitude sévère à partir d’octobre. Les Libanais espèrent qu’il y aurait un élan de solidarité arabe à l’occasion de la réunion du Conseil de la Ligue la semaine prochaine au Caire. L’Égypte aide déjà, par des contacts. Mais comme la Jordanie, elle avoue qu’il ne lui est pas possible de renier, de désavouer, de contester une résolution de l’Onu. Le Caire souhaite que l’on fasse l’impasse sur le rapport Annan, qu’on l’oublie un peu quelque temps, qu’on le reporte donc. Pour élargir la fourchette de temps pendant lequel on peut essayer de calmer le jeu, de recoller les morceaux, de rapprocher les Américains et les Syriens. L’Égypte apporte, en appui à la thèse libano-syrienne officielle, un autre argument. À savoir que la situation régionale serait encore plus précarisée par les retombées d’une crise articulée autour de la 1559. En précisant que son application aurait des effets négatifs sur le plan de la stabilité libanaise et inciterait sans doute Israël à se montrer encore plus agressif. Ainsi, notent les sources libanaises, le ministre israélien de la Défense a récemment préparé le terrain en affirmant qu’il dénote une mobilisation syrienne ainsi qu’un calme tendu au Liban-Sud. Il indique, sur un ton de menace voilée, que la Syrie ne va sans doute pas déclencher la guerre, mais qu’elle prend des dispositions par rapport à une attaque qu’elle subirait de la part d’Israël. Sous-entendu, qu’elle a bien raison de le faire... Les Américains, on le sait, ne sont pas en reste côté avertissements à l’encontre du Liban comme de la Syrie. Khalil FLEYHANE
On le sait, un secrétaire général de l’Onu est loin d’être un simple directeur de cabinet. Son champ d’influence est immense, souvent déterminant. Beyrouth redoute donc beaucoup le rapport de vérification d’application que Kofi Annan est chargé de remettre au Conseil de sécurité, début octobre, sur la 1559. Ce document peut en effet accélérer ou retarder une...