Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Analyse - Damas souhaiterait le maintien de Hariri à la tête de l’Exécutif Un gouvernement de confrontation pour faire face aux pressions internationales

Le changement est désormais acquis et il devrait être annoncé bientôt. Reste à savoir qui formera le nouveau gouvernement et comment. Si les diagnostics vont bon train, mêlant noms probables et désirs avoués, officiellement le flou demeure presque total. Selon des sources proches de la Syrie, il vaudrait mieux définir l’étape à suivre et les missions importantes qui seront confiées au nouveau gouvernement, que de se lancer dans un bazar de noms et de formules qui, même s’ils sont vérifiés par la suite, restent pour l’instant prématurés. Pour ces sources, le futur gouvernement devrait être « un gouvernement de confrontation, avec des personnalités confirmées, capables d’affronter une campagne internationale hostile, tout en ne faisant pas de faux pas diplomatique, dans une période aussi cruciale ». Bien entendu si un gouvernement d’entente nationale s’avère difficile dans les circonstances actuelles, l’essentiel serait d’avoir une équipe plus ou moins homogène, capable de travailler dans un même objectif et selon un même plan d’action. Le pari peut paraître ambitieux, mais il ne serait pas impossible. D’autant qu’en dépit de l’importance du volet interne, c’est le dossier international, suite à la résolution 1559, qui devrait constituer la première mission du nouveau gouvernement, qui entrera en fonction pratiquement avec l’expiration du délai de trente jours accordé au secrétaire général des Nations unies pour établir son rapport sur l’application de ladite résolution. Pour Hariri, un faux suspense À ce sujet, les sources proches de la Syrie précisent que le suspense sur l’éventuelle acceptation par le président du Conseil actuel de former le futur gouvernement n’en est pas vraiment un. Selon ces sources prosyriennes, à partir du moment où Rafic Hariri a accepté de signer le décret d’ouverture d’une session parlementaire extraordinaire et où il a voté en faveur de l’amendement constitutionnel, il a en fait donné son accord tacite pour former le futur gouvernement et participer aux trois « nouvelles années Lahoud ». Le suspense alimenté actuellement par la presse aurait ainsi uniquement pour objectif d’améliorer sa position dans la formation du nouveau gouvernement, même si les milieux susmentionnés estiment que sa part serait forcément moindre que celle dont il dispose dans l’actuel gouvernement. Mais justement, les mêmes sources précisent que c’est cet état d’esprit qui devrait changer, si le nouveau gouvernement souhaite avoir un impact positif sur le moral des Libanais mais aussi sur la communauté internationale. En tout cas, les sources proches de la Syrie affirment que les dirigeants de Damas souhaitent que Rafic Hariri préside le nouveau gouvernement. D’abord, pour le remercier d’avoir adhéré aux thèses syriennes concernant le dossier de la présidentielle, mais aussi parce qu’ils préfèrent le savoir au sein du pouvoir libanais qu’en dehors, dans une période aussi difficile sur le plan international. Car ce qui tracasserait le plus les Syriens à l’heure actuelle serait évidemment le contexte extérieur, après l’adoption de la résolution 1559 du Conseil de sécurité et les messages musclés qui ne cessent de parvenir de Washington. Sans vouloir dramatiser à l’excès la situation, les dirigeants syriens préfèrent prendre au sérieux la volonté américaine d’en découdre avec eux, malgré la coopération dont ils ont fait preuve en Irak et qui, croyaient-ils, leur avait assuré une certaine neutralité américaine dans le dossier libanais. Ils ont été bien surpris en voyant que les efforts qu’ils ont déployés le long de la frontière irako-syrienne et dans la crise de Najaf n’ont pas poussé l’Administration de Bush à baisser les armes à leur égard. Et si, à l’heure actuelle, le dialogue se poursuit avec les Américains, par le biais de visiteurs divers, notamment arabes, les dirigeants syriens restent très inquiets sur l’évolution de leurs relations avec Washington. Une position française plus nuancée ? Mais la grande (mauvaise) surprise est venue de Paris. Dans le contexte régional, les Syriens considéraient la France comme un allié naturel, en raison de ses divergences avec les Etats-Unis sur le dossier irakien et sur le dossier israélo-palestinien. D’ailleurs le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, s’est plus ou moins attiré les foudres américaines en se rendant chez Arafat, récemment, et la France a obtenu un contrat important de gaz en Arabie saoudite, provoquant encore plus le mécontentement des États-Unis. De même, selon les mêmes sources proches de Damas, la France aurait récemment et indirectement sollicité l’aide du Hezbollah pour qu’il exerce des pressions morales en faveur de la libération des deux otages français détenus en Irak, alors que le gouvernement irakien n’a rien fait dans ce sens, appelant au contraire la France à modifier sa stratégie, en s’alignant sur la politique américaine en Irak. Pour toutes ces raisons, les Syriens espèrent que la France nuancera désormais son attitude vis-à-vis de leur pays et fera plus ou moins marche arrière au Conseil de sécurité, si ce dernier est appelé à un nouveau vote sur le Liban. De plus, les Syriens étudient avec intérêt la position russe qui, d’après eux, s’éloignerait de plus en plus de celle des États-Unis. Selon les sources précitées, les Russes souhaiteraient pouvoir mener des attaques préventives, à Londres ou ailleurs, contre les représentants du leader tchétchène, Aslan Maskhadov. Mais la communauté internationale ne leur concède pas ce droit. De même, les Russes s’étonnent du fait que ceux qui attaquent les Américains et les Occidentaux sont immédiatement qualifiés de terroristes alors que les Tchétchènes qui mènent des agressions contre les Russes sont perçus comme de simples rebelles par la communauté internationale. Enfin, lors de la terrible prise d’otages de Beslan, où la télévision russe a montré des images insoutenables d’enfants jetés par les fenêtres par les preneurs d’otages, les Russes ont très mal vécu l’attitude des médias occidentaux qui semblaient montrer que le problème était chez Poutine et non chez les terroristes. Il reste encore à signaler les informations rapportées par certains médias selon lesquels l’ambassadeur des États-Unis en Géorgie favoriserait le déplacement des Tchétchènes vers la Russie... Pour toutes ces raisons, les Syriens pensent que la position russe au sein du Conseil de sécurité pourrait être plus ferme en faveur de la Syrie. Toutes les parties libanaises dans l’impasse Mais ils ne souhaitent pas pour autant baisser les bras et se laisser aller à une sérénité trompeuse. C’est pourquoi, selon les mêmes sources, ils voudraient aider autant que possible le nouveau gouvernement libanais afin qu’il soit efficace et redonne un peu de confiance aux Libanais. Des sources proches du pouvoir précisent, dans ce contexte, que toutes les parties libanaises se trouvent actuellement dans l’impasse. Elles estiment, par conséquent, que l’appel au dialogue lancé par le président Émile Lahoud doit être pris au sérieux. Ce dernier souhaite réellement que les nouveaux ministres donnent à l’État au lieu de lui soutirer des avantages et des privilèges. Mais comment concrétiser cette idée dans le paysage politique actuel ? C’est la grande question qui n’aura pas une réponse satisfaisante si certaines parties décident de boycotter le pouvoir. Des sources loyalistes soulignent ainsi qu’au lieu de se braquer totalement, les figures sollicitées pour faire partie du gouvernement, proches du patriarche ou même membres de Kornet Chehwane, devraient s’informer du programme du prochain gouvernement au lieu de refuser toute offre. Non pas qu’il y ait une pénurie de chrétiens ou même de druzes, mais le pouvoir souhaiterait une équipe efficace et représentative, en mesure d’exécuter les tâches qui lui seront demandées : l’élaboration d’une loi électorale équilibrée et juste, le lancement d’une campagne internationale en faveur du Liban, la réduction des tensions internes et du climat confessionnel qui paralysent actuellement le pays, et la détermination à couper court à toute tentative de récupération israélienne, en renforçant la cohésion interne. En saluant avec tant d’enthousiasme la résolution 1559 du Conseil de sécurité, les Israéliens cherchent visiblement à susciter une discorde interne et à profiter du climat de division qui règne actuellement au Liban. Le pouvoir ne veut pas se laisser entraîner dans cette manœuvre, mais il a, pour cela, besoin de tous les efforts. Une manière d’essayer de retrouver le délai de grâce auquel il n’a pas eu droit. Scarlett HADDAD
Le changement est désormais acquis et il devrait être annoncé bientôt. Reste à savoir qui formera le nouveau gouvernement et comment. Si les diagnostics vont bon train, mêlant noms probables et désirs avoués, officiellement le flou demeure presque total.
Selon des sources proches de la Syrie, il vaudrait mieux définir l’étape à suivre et les missions importantes qui...