Diplomatie - Burns évoquera à Damas le dossier libanais Le Liban au centre des entretiens du chef de la diplomatie égyptienne en Syrie

Au lendemain de la visite du chef du gouvernement, Rafic Hariri, au Caire, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, s’est rendu hier à Damas où il a eu des entretiens avec les dirigeants syriens sur la situation au Liban et l’adoption de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu qui vise implicitement la Syrie. « Nous avons évoqué la situation au Liban, la résolution adoptée récemment et la manière de gérer » cette question, a déclaré M. Aboul Gheit à la presse après des discussions avec le président Assad et son homologue syrien Farouk el-Chareh. Le Caire avait affirmé mercredi que l’amendement de la Constitution voté le 3 septembre par le Parlement libanais et prorogeant de trois ans, conformément au souhait de Damas, le mandat du président Émile Lahoud était « une affaire purement libanaise », selon les termes du porte-parole de la présidence égyptienne, Maged Abdel Fattah. Cependant, M. Abdel Fattah, qui s’exprimait à l’issue d’un entretien entre le président égyptien, Hosni Moubarak, et M. Hariri, avait ajouté que l’Égypte « ne pouvait pas considérer la résolution (1559) comme étant une ingérence franco-américaine dans les affaires libanaises ». Le Caire avait ainsi rejoint la position de Amman, qui avait adopté auparavant une attitude similaire à l’égard de cette résolution, au moment même où le Liban s’apprêtait à mobiliser les pays arabes pour contrer l’initiative onusienne. Par ailleurs, M. Aboul Gheit a nié l’existence d’une « médiation » entre la Syrie et Israël sur une reprise des négociations de paix gelées depuis 2000. Il a également « rejeté les menaces proférées (par Israël contre la Syrie) qui ne conduisent pas à la paix ». Le 3 septembre, l’Égypte avait fermement dénoncé les menaces israéliennes d’attaquer la Syrie, accusée par Jérusalem d’être impliquée dans le double attentat-suicide de Beersheva (sud d’Israël), dans lequel 16 Israéliens ont péri, le 31 août. M. Aboul Gheit a indiqué avoir transmis un message du président égyptien Hosni Moubarak à M. Assad « portant sur la situation au Liban et en Irak ainsi que les efforts égyptiens » concernant le conflit israélo-palestinien. La question libanaise et la résolution 1559 devraient également être évoquées durant les entretiens que doit avoir prochainement à Damas le secrétaire d’État adjoint américain chargé du Proche-Orient, William Burns, avec les responsables syriens, a confirmé hier à l’AFP une source diplomatique libanaise. William Burns est attendu dans les tout prochains jours dans la capitale syrienne, a indiqué cette source, précisant qu’une visite du responsable américain initialement prévue le week-end prochain à Beyrouth, dans le cadre de sa tournée au Proche-Orient et en Afrique du Nord, a été annulée. L’émissaire américain s’est entretenu mercredi soir à Amman avec le roi Abdallah II de Jordanie de la situation en Irak et dans les territoires palestiniens, selon l’agence officielle jordanienne Pétra. La visite de M. Burns en Syrie, la première d’un haut responsable américain depuis plus d’un an, intervient alors que les relations entre Washington et Damas sont au plus bas, depuis l’imposition en mai dernier de sanctions économiques américaines contre la Syrie, accusée de soutenir le terrorisme et de ne pas suffisamment contribuer à apaiser la situation en Irak. Washington demande également à la Syrie de cesser son soutien au Hezbollah, qu’il qualifie d’organisation terroriste, qu’elle chasse les dirigeants des mouvements radicaux palestiniens (Hamas et Jihad islamique) et retire ses troupes du Liban. Face à ces demandes, Damas se dit disposé à mieux coopérer pour contrôler les infiltrations d’activistes à sa frontière avec l’Irak et à reprendre les négociations de paix avec Israël.