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Unanimité pour un nouveau texte en vue des législatives de 2005 Coup d’envoi du débat d’idées parmi les députés sur la loi électorale

Ne serait-ce que dans l’ordre chronologique, la première urgence du nouveau pouvoir est d’élaborer une nouvelle loi électorale. Parce qu’il y a une exigence si générale à ce propos que même les parachutés s’y rallient, à leur corps défendant. En principe, et en bonne logique, le texte doit être prêt dans deux ou trois mois. Les législatives sont en effet fixées au printemps prochain. Et les intéressés doivent savoir sur quel pied danser d’abord, pour contracter leurs alliances. Et avoir ensuite le temps de mener campagne. Malgré les remous résiduels de la prorogation et de la 1559, les députés commencent donc à débattre entre eux du futur code. Une agence locale, la Markaziya, en a interrogé cinq. Voici leurs vues : – Farès Boueiz. Le ministre démissionnaire, très mobilisé ces jours-ci, redoute que l’on maintienne la circonscription élargie. Pour garder la voie ouverte devant les fameux bulldozers, les listes préfabriquées imposées. Et réduire de la sorte l’opposition à la portion congrue. Il répète que l’amendement de la Constitution, tel qu’il a été effectué, inquiète naturellement l’opposition car il dénote une approche, et un projet de pouvoir, s’enfonçant de plus en plus dans le système policier. Et s’orientant, en même temps que vers les bulldozers électoraux, vers une mise à l’écart des réformes politiques requises. Notamment pour ce qui est de la loi électorale. Ou encore par rapport à l’assainissement des relations avec la Syrie et la consolidation de la démocratie. Boueiz pense que l’on pourrait s’acheminer vers le Liban circonscription unique ou garder le découpage en base des mohafazats. Il souhaite que le Parlement fasse barrage à de telles intentions. Et adopte, pour une fois, une attitude de vraie dignité. Pour lui, en tout cas, il existe une logique déterminée qui transparaît à travers l’amendement et devrait enchaîner sur la loi électorale englobant le Liban en tant que seule circonscription, ou à défaut le mohafazat. Pour aboutir à conforter un ordre policier, en ignorant la nécessité de corriger la relation avec la Syrie. Sur les promesses du président Lahoud d’une loi électorale assurant une vraie représentation populaire, Boueiz espère qu’elles prendront corps effectivement. En relevant qu’il s’agit là d’un engagement d’ordre général, plutôt vague, dont on ne voit pas bien les contours concrets. Mais le président est-il tenu de présenter un projet de loi complet ? Non, répond le député, en précisant que le chef de l’État peut toujours exprimer des préférences. Et dire un mot, par exemple, sur la petite circonscription. – Farès Souhaid. Pour ce pilier de Kornet Chehwane, la question de la loi électorale n’est pas d’actualité. Il pense, lui aussi, que l’un des buts de l’amendement constitutionnel tel qu’il a été effectué est de produire une loi électorale assurant des strapontins aux loyalistes. – Nehmetallah Abi Nasr. À ses yeux, il faut, pour une vraie représentation populaire, le caza ou la circonscription moyenne, comprenant deux cazas ou plus. Et non la grande circonscription. Il précise que le choix réduit permet à l’opposition d’être mieux représentée. Il donne pour exemple Jezzine, Bécharré ou Achrafieh. Il souligne que pour cultiver sa crédibilité, le régime doit lancer au plus tôt le chantier de la nouvelle loi électorale. Il rappelle qu’il a plusieurs fois plaidé pour la petite circonscription, notamment auprès du chef de l’État. Grand artisan de la lutte contre le décret des naturalisations, M. Abi Nasr regrette que les contre-décrets annulant des naturalisations illicites prennent du retard à être promulgués. Il souhaite que cela se fasse avant les prochaines législatives, pour que les résultats n’en soient pas faussés. Il annonce que si le verdict du Conseil d’État n’est pas exécuté, il prendrait de fermes positions à ce sujet. Prié de commenter le scepticisme des opposants concernant les promesses du régime d’une bonne loi électorale, le député indique que cette attitude se fonde sur la conviction que tout vient de la Syrie. À son avis, il faut que la présidence démontre qu’il n’en est pas ainsi. – Pierre Gemayel. À l’en croire, le président de la République est tout simplement dans l’incapacité d’établir un concept fonctionnel pour la loi électorale, à l’ombre du système de copartage. Comme à l’ombre d’une décision provenant de la Syrie pour fabriquer une Chambre sur mesure. Cependant, si d’aventure le président devait œuvrer pour une bonne loi électorale, en tenant compte de la composition du pays, il faut se fonder sur le caza, dans toutes les régions sans exception. Il note qu’il est nécessaire, cependant, de revoir la configuration de certains cazas, à la lumière des données issues de la guerre intestine, qui a provoqué des déplacements de populations. Sans cela, on retrouverait les bus, les trains, les bulldozers et les rouleaux compresseurs. – Nasser Kandil. Il note qu’il faut une loi électorale qui fasse plus d’une élection, pour que l’on cesse d’en fabriquer une à chaque fois. Partant de là, les Libanais doivent être traités à pied d’égalité dans toutes les régions. En tenant compte des possibilités d’évolution. À son avis, il faut, à ce propos, favoriser le développement des partis, afin que l’engagement politique cesse progressivement de se rattacher à des considérations confessionnelles ou d’intérêt individuel. Il se réfère à l’article 22 de la Constitution qui projette une Assemblée nationale élue un jour sur des bases non confessionnelles. Et aux côtés de laquelle sera créé un Sénat où les communautés seront représentées. Il propose une approche consistant à élire les députés à moitié sur base du caza et de la communauté, et à moitié sur base du Liban circonscription unifiée, avec une dose de proportionnelle. Une formule proche de celle qui est adoptée en Italie. Et qui permettrait, selon lui, de former des coalitions cohérentes, pour remodeler le paysage politique. Il dénonce les lois électorales qui se sont succédé depuis 92 comme étant inégales et inéquitables. En réponse à une question, Nasser Kandil, loyaliste, indique qu’à son avis le Liban circonscription unique produirait une Chambre inévitablement monochrome, excluant l’opposition. Il affirme que personne ne le souhaite, ni en Syrie ni au Liban. Dans le système du mohafazat, il note qu’au Mont-Liban 25 députés sur 35 ont voté contre l’amendement. Ce qui veut dire que ce système garde à l’opposition sa part. Il rappelle cependant que lui-même reste favorable au caza.

Ne serait-ce que dans l’ordre chronologique, la première urgence du nouveau pouvoir est d’élaborer une nouvelle loi électorale. Parce qu’il y a une exigence si générale à ce propos que même les parachutés s’y rallient, à leur corps défendant. En principe, et en bonne logique, le texte doit être prêt dans deux ou trois mois. Les législatives sont en effet fixées...