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Actualités - OPINION

Les passoires libanaises aussi coupables que les donneurs d’ordres Hoss le modéré dénonce à son tour l’immixtionnisme abusif des décideurs

Le président Sélim Hoss ne nie pas l’immixtionnisme syrien. Qui dénature les relations bilatérales, la souveraineté libanaise étant ipso facto altérée par la présence de forces militaires syriennes. Tandis que les centres de décision locaux sont sous la coupe de l’influence syrienne. Transfusée par les services de renseignements syriens implantés dans ce pays. L’ancien président du Conseil relève que le mécontentement à ce propos ne se limite pas à une partie déterminée. Car les dérives, les pratiques abusives ou illicites liées à l’interventionnisme sont trop fréquentes et trop étendues. Globalisant le tableau, le patriarche Sfeir souligne de son côté que les Libanais se plaignent moins de la présence militaire syrienne que de la mainmise syrienne sur la décision libanaise. Il rappelle qu’à la suite de la Seconde Guerre mondiale, des forces américaines, britanniques, russes et françaises se sont déployées sur le territoire ouest-allemand. Sans qu’aucun des pays militairement occupants n’intervienne, de près ou de loin, dans les choix de Bonn ou dans son administration. Le président Hoss se réfère, à l’appui de ses dires, à un clair aveu antérieur du président Hariri. Qui, cité dans un article de son successeur-prédécesseur, déclarait que sa présence au Sérail résultait de la volonté syrienne. Et qu’il en irait de même pour son éventuel retour dans ses foyers. Évoquant son propre parcours, Hoss indique que lors de son dernier passage au pouvoir, de 98 à 2000, il avait eu une expérience suivie de rapports avec les Syriens tournant autour de questions purement internes. Il affirme cependant qu’il ne s’est jamais laissé donner des directives, restant sur ses positions devant ce qui lui était proposé. Et, souvent, les Syriens se montraient compréhensifs quand il n’en démordait pas. Il en parle avec franchise dans son ouvrage Témoignage de vérité pour l’histoire au chapitre intitulé Entre la Syrie et moi. Pour juger que le responsable libanais qui accepte les interventions d’une partie syrienne est aussi fautif, sinon plus, que cette dernière. Sur le plan politique, Hoss indique qu’il n’a jamais consulté les Syriens lors de la formation des gouvernements qu’il a été chargé de diriger depuis 1976. Il n’exclut pas, par contre, que le président de la République en ait référé pour sa part aux décideurs, à de telles occasions. Il nommait sa part de ministres, le chef de l’État en faisait autant, sans doute après concertation avec les Syriens. Dans la gestion des affaires publiques, Hoss affirme qu’il a été rarement relancé par les Syriens. Durant la guerre, quand l’armée était divisée, il fallait désigner le général Sami Khatib commandant en chef pour recoller les morceaux dans la partie du pays sous contrôle du gouvernement Hoss. Nabih Berry et Walid Joumblatt, alors ministres, ont demandé, sur inspiration syrienne, du recrutement par voie de conscription volontaire. Mais Hoss a refusé ferme. Pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’en face, Aoun ferait de même. Ensuite, parce que la dépense serait trop lourde. Enfin, parce que la force de destruction sur les lignes de démarcation deviendrait encore plus dévastatrice. De même, Hoss a rejeté une proposition des ministres Berry et Joumblatt d’acheter des armes à la Syrie. Une requête à Moustapha Tlass, ministre syrien de la Défense, avait été préparée par le général Sami Khatib. Mais il a refusé de la signer. Lors d’une visite au président Hafez el-Assad, Abdel Halim Khaddam a ouvert le sujet. Hoss a répondu en expliquant qu’un tel marché ne serait en tout cas pas dans l’intérêt de la Syrie. Parce qu’on broderait beaucoup sur le montant de la tractation, d’une part, et sur la qualité de l’armement cédé, d’autre part. Plus tard, après l’élection de Hraoui, Assad lui a laissé entendre que la désignation de Sami Khatib comme directeur général des FSI était souhaitable. Hoss a répondu par la négative, en priant le chef de l’État syrien de comprendre, et d’admettre, ses raisons. Quant à la fabrication de listes par les Syriens, Hoss révèle qu’en 1996, à Bloudane, Khaddam, le général Ibrahim Safi et le général Ghazi Kanaan avaient tenté de le convaincre de faire alliance avec Hariri. Il avait rejeté cette offre catégoriquement. En 2000, Rustom Ghazalé, qui était alors chef des SR syriens à Beyrouth, lui avait envoyé deux amis qui l’avaient prié de prendre Nasser Kandil sur sa liste. Il avait répondu que son allié chiite était, et resterait, Mohammed Youssef Beydoun. Résultat des courses, Hoss et Beydoun avaient échoué tandis que Kandil était élu. Pour la loi électorale, Lahoud lui avait fait savoir que les Syriens favorisaient le fractionnement des mohafazats, Beyrouth compris. Lors du débat en Conseil des ministres, il s’était opposé à la dislocation de Beyrouth. Il avait fait consigner ses objections dans le compte-rendu de la séance, après adoption du projet à l’amiable. Hoss dit qu’il n’avait pas pu alors démissionner parce que des développements historiques se déroulaient au Sud, qui était en train d’être libéré. Bien évidemment, le président Hoss précise qu’il raconte ces faits pour indiquer que l’intervention syrienne n’a pas passé par son canal, mais par d’autres voies relevant de l’État libanais. Émile KHOURY

Le président Sélim Hoss ne nie pas l’immixtionnisme syrien. Qui dénature les relations bilatérales, la souveraineté libanaise étant ipso facto altérée par la présence de forces militaires syriennes. Tandis que les centres de décision locaux sont sous la coupe de l’influence syrienne. Transfusée par les services de renseignements syriens implantés dans ce pays....