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Actualités - OPINION

Trois courants au sein de l’opposition face à la main tendue par le régime Une formule des temps de crise, le cabinet restreint

Dans les temps de crise, ou de sortie de crise, on se rabat souvent sur le cabinet restreint. Après les événements de 58, le premier gouvernement de l’ère Chehab devait comprendre huit membres : Rachid Karamé, Philippe Takla, Charles Hélou, Mohammed Safieddine, Youssef Saouda, Rafic Naja, Farid Trad et Fouad Najjar. Mais cette formation est mort-née. À cause du veto des Kataëb, qui n’y étaient pas représentés. On a alors mis en place la fameuse équipe des quatre : Rachid Karamé, Hussein el-Oueyni, Raymond Eddé et Pierre Gemayel. Elle a obtenu la confiance, et les pouvoirs exceptionnels, à l’unanimité des 50 députés présents, 19 s’étant absentés. Dans sa déclaration ministérielle, le gouvernement s’engageait à tourner la page, à recoller les morceaux, à refaire l’unité nationale, à rétablir la confiance perdue. Pour que les Libanais sentent de nouveau qu’ils vivent dans une patrie de concorde, de fraternité et de tolérance. Le cabinet se référait au discours d’investiture de Chéhab. En insistant sur la dévotion au pacte national. Comme sur la réédification d’un État véritable, impartial autant qu’équitable. Dans un cadre de souveraineté réelle d’un Liban arabe, libre et indépendant. Quarante-six ans après, on se retrouve dans une configuration globalement identique. Et n’importe quel nouveau gouvernement pourrait faire sienne la déclaration d’alors. Sous Charles Hélou, le 20 octobre 1968, il y a eu de nouveau un cabinet quadripartite. Présidé par Abdallah Yafi, il comprenait Hussein el-Oueyni, Pierre Gemayel et Raymond Eddé. Il avait obtenu la confiance par 65 voix contre deux et deux abstentions. La déclaration ministérielle mettait l’accent sur la gravité de la phase vue à travers le prisme de la cause palestinienne et des visées israéliennes. En appelant à l’unité des rangs arabes. On peut également estimer que ces propos restent d’actualité. Cependant, ce cabinet avait éclaté à cause, justement, de la cause palestinienne. Plus exactement de l’afflux d’éléments armés palestiniens dans la région du Arkoub. En 1975, il y avait eu un cabinet de six. Avec Rachid Karamé, Camille Chamoun, Adel Osseirane, Magid Arslane, Philippe Takla et Ghassan Tuéni. Confiance par 80 voix et 18 abstentions. Démissionnaire, Philippe Takla avait été remplacé par Georges Skaff. Il s’agit de savoir si l’on va aujourd’hui tenter de provoquer un choc positif, sinon salutaire, en mettant sur pied un cabinet restreint. Où la qualité prendrait le pas sur la quantité. Le test est important pour le régime prorogé, souligne le président Hoss. Qui souhaite un gouvernement doté de pleins pouvoirs et qui sache rétablir les équilibres autant que la confiance. Hariri pour sa part affirme refuser de diriger une équipe dont la composition lui déplairait. En tout cas, on parle actuellement d’un projet de six : Rafic Hariri, Walid Joumblatt, Issam Farès ou Fouad Boutros, Hussein Husseini, Élie Skaff ou Michel Pharaon, un maronite de la Rencontre de Kornet Chehwane ou Charles Rizk, ou encore Joseph Torbey. Trois choix Par ailleurs, face aux propositions amènes du régime, trois courants se dessinent au sein de l’opposition. Le premier se méfie de l’offre, sans la rejeter tout à fait. En soulignant que de tels propos ont été tenus à maintes reprises au cours des six dernières années, sans jamais être suivis d’effet. Et qu’au contraire, les pratiques sur le terrain n’ont jamais rien du de positif. Partant de là, cette branche estime que le régime doit d’abord donner des gages concrets de ses bonnes intentions. Après quoi, on aviserait. Parmi les gestes attendus : – La formation du prochain gouvernement. Qui devrait englober toutes les tendances. Un éventail de représentation qui permettrait de contrôler, dans la plus stricte impartialité de l’Exécutif, le bon déroulement des législatives. Les ministres ne pouvant pas être eux-mêmes candidats. – La loi électorale. Qui devrait être équitable et équilibrée. Il faudra donc voir quel genre de circonscription on va adopter. La petite, le caza ou le mohafazat. Et aussi si on va recourir à une dose de proportionnelle. – La libération de Samir Geagea et le retour de Michel Aoun. Pour sceller la réconciliation, confirmer que la page du passé est tournée. Et pour qu’ils participent aux élections. – Un plan de redressement économique et financier. Englobant la lutte contre la corruption et la réforme. Le deuxième courant, pour sa part, ne veut rien entendre. Il estime qu’il n’y a rien à attendre du pouvoir. Et que ses propositions ne sont qu’un écran de fumée. Lancé pour résorber le mécontentement populaire causé par l’amendement. Et pour calmer un peu la communauté internationale, après la résolution du Conseil de sécurité. Aux antipodes des radicaux, le troisième courant opposant veut saisir la main tendue par le régime. Il fait volontiers écho à l’appel à la réconciliation, s’offre à tout pardonner. Pour que le pays s’unisse dans un élan de redressement général et d’unité protectrice. Ces cadres font valoir que toute attitude négative ferait retomber sur l’opposition la responsabilité des déboires du pays. Ils souhaitent dialoguer et assurer toute participation au pouvoir qui leur serait demandée.. . Émile KHOURY

Dans les temps de crise, ou de sortie de crise, on se rabat souvent sur le cabinet restreint. Après les événements de 58, le premier gouvernement de l’ère Chehab devait comprendre huit membres : Rachid Karamé, Philippe Takla, Charles Hélou, Mohammed Safieddine, Youssef Saouda, Rafic Naja, Farid Trad et Fouad Najjar. Mais cette formation est mort-née. À cause du veto des...