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Actualités - OPINION

Pour éviter la rupture d’anévrisme, le pouvoir est appelé à se mettre en veilleuse

C’est un suspense d’autant plus lourd qu’il va durer sept longs mois. Jusqu’à la présidentielle. Des mois durant lesquels les Libanais retiendront leur souffle, dans la crainte de fortes secousses, politiques, économiques ou sécuritaires, découlant de la querellite interprésidentielle. Qu’attisent à dessein des joueurs de l’ombre qui y trouvent des intérêts divers, d’influence ou d’ordre matériel. Pour l’heure, il semble inévitable que le gouvernement se trouve en butte, le long de la période nous séparant de la présidentielle, à d’innombrables tiraillements. À des conflits, plus ou moins aigus, articulés sur divers dossiers brûlants. Tout débat en Conseil des ministres risque de tourner à l’aigre, de déboucher sur une crise majeure. La trêve conclue par les dirigeants pourrait voler en éclats, définitivement cette fois, à tout moment. Il faudrait alors voir que faire du cabinet. Dont le départ semblerait aller de soi, malgré les interdits que commande la gravité de la situation. Pour éviter cette spirale fatale, certains officiels recommandent que l’on rétablisse la formule du gel des questions litigieuses. La paralysie étatique qui s’en suivrait serait un moindre mal à leurs yeux. Car l’éclatement aurait d’incalculables conséquences pour le pays, comme pour tout le monde politique. Ce qui est proposé en somme, et en définitive, c’est que le gouvernement actuel se contente d’expédier les affaires courantes, d’ici à l’automne. Il se réunirait le moins possible. Et la Chambre ferait de même, pour limiter les remous et les dégâts. Les députés se contenteraient du minimum. C’est-à-dire qu’ils accompliraient l’indispensable devoir de débattre puis de voter le budget. En bonus, ils pourraient toujours discuter de quelques affaires ordinaires qui ne revêtant pas d’aspérités. En laissant de côté les projets présentant quelque importance et qui, de ce fait même, suscitent d’explosives convoitises opposées. Mais du côté du régime, on ne semble pas voir les choses sous cet angle. Des sources informées croient savoir en effet que le chef de l’État a préparé une liste de sujets qu’il est déterminé à soulever en Conseil des ministres. Mû par la conviction que l’intérêt public l’ordonne impérativement. Notamment pour défendre le Trésor, en limitant le gaspillage et la gabegie courante. Ces sources ajoutent que le président Lahoud n’entend pas transiger. Et que sa voix va s’élever, plus haut que jamais, dans les semaines à venir. Afin d’engager une action sérieuse pour le traitement des lourds problèmes économiques et sociaux que les Libanais affrontent. Ainsi que contrer par des directives appropriées toute tentative de déstabilisation sécuritaire. Cependant, il y a les municipales. La compétition s’annonce enfiévrée dans plusieurs régions, villes ou bourgades. Il y a les clivages traditionnels locaux, d’une part. Et il y a l’affrontement entre l’opposition et le camp loyaliste. Le président Lahoud invite dès lors les Libanais à exercer leur devoir civique dans un esprit de compréhension et de consensus, loin des règlements de comptes politiques. Leur rappelant que la mission des municipalités est de servir le développement et l’intérêt de tous les habitants. Il souligne que l’État, de son côté, va pleinement assumer son rôle pour favoriser un climat démocratique transparent, en protégeant les électeurs des pressions abusives qu’ils pourraient subir. Parallèlement, plusieurs formations ou pôles se prononcent pour des listes d’entente. Mais il subsiste trop de points chauds pour que la bataille puisse être évitée. Les tensions sont vives et chacun prépare ses batteries, se mobilise à fond. Ce qui suscite la crainte de voir des incidents éclater sur le terrain. Auquel cas, surtout si par malheur il devait y avoir des victimes ou des blessés, les élections municipales pourraient être ajournées. Et ce serait un revers pour la démocratie. Dans cet ordre d’idées, les mohafez ont lancé des circulaires interdisant toute manifestation, tout rassemblement ou meeting, jusqu’aux municipales. L’opposition voit dans ces dispositions non seulement une atteinte aux libertés constitutionnelles, mais aussi une tentative d’entraver sa campagne électorale. D’autant que les rafles, les vexations de militants commencent. Émile KHOURY

C’est un suspense d’autant plus lourd qu’il va durer sept longs mois. Jusqu’à la présidentielle. Des mois durant lesquels les Libanais retiendront leur souffle, dans la crainte de fortes secousses, politiques, économiques ou sécuritaires, découlant de la querellite interprésidentielle. Qu’attisent à dessein des joueurs de l’ombre qui y trouvent des intérêts...