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Vie politique - D’autres entretiens sont prévus entre le président de la République et le patriarche maronite après celui de jeudi dernier Baabda relève une concordance de vues sur de nombreux sujets entre Lahoud et Sfeir

Au lendemain de la visite du président de la République, le général Émile Lahoud, à Bkerké, un bilan de l’entretien entre le chef de l’État et le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a été dressé par des milieux proches de Baabda. Un bilan positif, selon ces sources qui passent en revue les sujets examinés par le président et le patriarche. Le dossier régional, les heurts entre forces de l’ordre et étudiants, la situation économique et les municipales ont été au menu des entretiens, mais pas la présidentielle. Dans les milieux proches de Baabda, on a qualifié de « bonnes » et de « positives » les discussions de Bkerké, avant de les commenter au niveau de la forme et du fond. Pour ce qui est de la forme, on relève ainsi qu’il s’agit du deuxième entretien en l’espace de deux mois, entre le général Lahoud et Mgr Sfeir. Celui-ci s’inscrit, indique-t-on également, dans le cadre des rencontres « ouvertes » entre les deux hommes qui ont régulièrement des tête-à-tête à Baabda ou à Bkerké, ponctués d’invitations à déjeuner. Selon ces milieux, l’objectif de ces rencontres est de renforcer davantage les relations entre les deux hommes, d’autant, précise-t-on, que le président prend soin de mettre le patriarche au courant de tout ce qui se passe, depuis qu’il suit une politique de « contacts directs » avec Bkerké. Pour ce qui est du fond, on souligne dans ces milieux que chacun des deux hommes a ses propres positions par rapport aux problèmes qui se posent sur les scènes intérieure et régionale. Le général Lahoud et le patriarche, explique-t-on, se rejoignent dans l’évaluation de nombreux développements au Liban et dans la région. « Ils expriment, chacun par son propre style, des convictions communes reflétant le degré d’évolution de la coordination entre les deux hommes, partant d’un même principe défendu par Baabda et par Bkerké, à savoir l’intérêt du Liban et des Libanais, particulièrement des chrétiens et des maronites », selon les mêmes sources. Dans ces milieux, on indique également que la franchise qui caractérise tout entretien entre le général Lahoud et le patriarche Sfeir rend les échanges entre eux faciles, loin de toute généralité. « Le président expose son point de vue concernant les problèmes qui se posent. Il écoute celui du patriarche, surtout que le chef de l’Église maronite n’hésite pas à faire part en toute franchise de ses préoccupations et de ses remarques devant le général Lahoud, conformément à sa propre analyse de la situation ou aux informations qui lui sont communiquées par ses nombreux visiteurs, ces derniers temps », précise-t-on dans les mêmes milieux, qui citent également des sources ayant suivi de près l’entretien de Bkerké, pour souligner le caractère positif des délibérations. Selon ces sources, l’évaluation par le président et le patriarche des questions d’actualité « a montré que leurs points de vue convergent sur de nombreux sujets, notamment en cette période difficile que traversent le Liban et la région ». Le général Lahoud et Mgr Sfeir se sont notamment arrêtés sur les développements accélérés dans la région et leurs éventuelles répercussions sur le Liban « dans la mesure où la scène libanaise ne peut pas ne pas être marquée par ce qui se passe autour d’elle, même si elle connaît une stabilité et une sécurité rassurantes ». « Le président a ainsi donné son point de vue en toute franchise, en insistant sur le fait que la situation actuelle nécessite une consolidation de l’unité des Libanais, afin de renforcer davantage la paix civile et l’entente nationale, car tout déséquilibre à ces deux niveaux peut se répercuter négativement sur la situation générale dans le pays. Il a aussi estimé que l’unité des rangs entre les Libanais est la garantie d’une plus grande immunité, nécessaire pour faire face aux défis à venir », fait-on valoir de mêmes sources, en faisant remarquer que Mgr Sfeir partage cette opinion. Toujours selon ces sources, le président a également exposé au patriarche le point de vue de l’État par rapport au maintien de la sécurité, en mettant l’accent sur la nécessité d’assurer la protection nécessaire à tout mouvement destiné à exprimer un point de vue déterminé dans le cadre des règles et des lois en vigueur. Les municipales vont avoir lieu Autre sujet sur lequel les chefs de l’État et de l’Église maronite se sont longuement attardés : les municipales. Le général Lahoud, a-t-on affirmé de mêmes sources, a assuré qu’elles auront lieu dans les délais fixés, rejetant les rumeurs sur un éventuel report. Il a aussi promis que l’État fera tout pour que le scrutin soit libre et régulier et qu’il se déroule dans un climat d’entente là où il a été possible de parvenir à un consensus, et démocratique là où une concurrence est prévue. Selon les mêmes sources, le patriarche a fait écho à cette prise de position puisqu’il a considéré que les municipales constituent, pour les électeurs, une occasion pour exprimer leur point de vue et faire part de leurs choix, en toute liberté et responsabilité. Il a aussi estimé, toujours selon ces sources, que le consensus est un facteur important dans les localités libanaises, mais qu’il n’y a aucun mal à ce qu’une bataille démocratique se déroule en l’absence de consensus, surtout que l’échéance municipale est en rapport avec le développement et le service public. Mgr Sfeir a aussi jugé utile de ne pas politiser cette échéance pour préserver l’unité des familles dans les villages, a-t-on indiqué, en relevant que le général Lahoud et le patriarche se sont mis d’accord pour encourager toute démarche consensuelle, même s’ils sont convenus que toute intervention devrait se faire dans la perspective d’un consensus et non pas pour imposer ou pour exclure une formule déterminée. La situation économique et son impact sur le plan social ont de toute évidence figuré au menu de l’entretien de Bkerké. Dans les milieux susmentionnés, on explique que le patriarche a formulé de nombreuses remarques sur la détérioration économique et ses conséquences sociales qui poussent les jeunes à l’émigration, en relevant la fermeture des usines et l’aggravation de la pauvreté. Le chef de l’État devait également évoquer ce problème et exposer à Mgr Sfeir les mesures prises par les autorités pour atténuer l’impact de la crise. Des obstacles à l’édification de l’État de droit Il lui a notamment expliqué que les obstacles posés sur la voie de l’édification de l’État de droit se sont répercutés négativement sur le règlement du dossier économique. Selon les informations répercutées par ces milieux, le président s’est longuement étendu sur le dossier de la téléphonie mobile, exposant les tentatives menées pour entraver le retour de ce secteur à l’État, le retard dans l’adjudication ainsi que plusieurs autres éléments. Il a aussi évoqué le dossier de la privatisation de l’électricité et les obstacles qui se sont également posés à ce niveau. Puis le patriarche et son hôte ont débattu des dernières nominations administratives qui ont eu lieu « en violation des lois en vigueur et sans tenir compte du principe de l’équilibre communautaire, que ce soit au ministère de l’Éducation, à l’Université libanaise ou à l’hôpital gouvernemental de Beyrouth ». Le général Lahoud a rappelé qu’il s’était opposé à ces nominations et réclamé leur révision, en insistant sur le respect de l’équilibre communautaire et des règles administratives. Il a par ailleurs débattu avec le patriarche du dossier des déplacés. Les deux hommes sont convenus de la nécessité de le clôturer dans les délais les plus brefs. Dans les mêmes milieux, on a indiqué que le chef de l’État a rendu hommage aux positions du patriarche par rapport au dossier régional, estimant qu’elles représentent « un facteur important pour mettre en relief la stratégie suivie par le Liban dans sa façon de traiter ce dossier en coordination avec la Syrie ». Ce dossier, a-t-il également fait valoir, nécessite un suivi minutieux en cette période riche en surprises, sur plusieurs plans, d’autant que les options internationales restent ambiguës. On aussi précisé dans ces milieux que le général Lahoud et le patriarche n’ont pas du tout évoqué l’échéance présidentielle. « Aucun des deux n’y a fait allusion, surtout que leurs positions à cet égard sont connues et qu’ils estiment qu’il est encore prématuré d’en parler », selon les mêmes sources, qui assurent que ce genre de rencontres se répétera à l’avenir. Le prochain entretien est en effet prévu après le retour de Mgr Sfeir de Rome, à Pâques, du moment que le président devra assister à Bkerké à la messe de la Résurrection. D’autres entretiens bilatéraux sont ensuite prévus en marge des cérémonies qui auront lieu au Vatican pour la canonisation du bienheureux Nehmétallah Hardini, en mai prochain. Et si l’on insiste sur le caractère « naturel » de ce genre de rencontres, c’est « en raison du niveau auquel les rapports entre le président et le patriarche sont parvenus, et qui s’exprime par de nombreux points communs » entre eux, affirme-t-on de mêmes sources, en soulignant que « le principal reste que les deux hommes ne veulent rien pour eux-mêmes, mais œuvrent pour l’intérêt du pays, ce qui les rend aptes à débattre de tous les sujets en toute objectivité et franchise ».

Au lendemain de la visite du président de la République, le général Émile Lahoud, à Bkerké, un bilan de l’entretien entre le chef de l’État et le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a été dressé par des milieux proches de Baabda. Un bilan positif, selon ces sources qui passent en revue les sujets examinés par le président et le patriarche. Le dossier...