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ÉCLaIRAGE - L’UE abonde dans le sens de la 1559 La déclaration Renauld dessine l’ampleur d’une marginalisation à hauts risques du Liban

Opposants et loyalistes sont au moins d’accord sur une chose : à chaque fois qu’une vague internationale destinée à « aider » le Liban commence à déferler, ce même Liban se retrouve instantanément, comme par on ne sait quel coup de poudre de perlimpinpin, encore plus engoncé dans les jupes tutélaires syriennes. Quant à Damas, il n’a jamais pu, su ou voulu se comporter, ici, autrement que comme il l’a toujours fait depuis plus de vingt ans. Et entre le marteau et l’enclume, les Libanais n’ont jusqu’à ce jour jamais réussi à tracer un espace national à même de limiter, juguler les interventions des uns et des autres ; à peine sont-ils condamnés à assister, en simples spectateurs, au match de football auquel se livrent les deux protagonistes, sur son terrain. Pire encore : puisque leur pays sert souvent, pour reprendre l’éloquent et essentiel patriarche Sfeir, de « ballon ». De football, justement. Sauf qu’aujourd’hui les choses paraissent bien différentes. Non seulement par l’entrée en jeu tonitruante de la France de Jacques Chirac, qui a qualifié, rappelons-le, le vote de l’amendement constitutionnel de « défi à la communauté internationale » ; non seulement par l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1559 sur le respect de la souveraineté libanaise, et les déclarations hier de Kofi Annan appelant les gouvernements du monde à respecter leur Constitution (et même si on sait que les décisions onusiennes sont généralement peu solubles dans les realpolitiks planétaires) ; non seulement par la réaction de la Jordanie, qui a annoncé – après l’abstention algérienne au palais de Verre et parallèlement à la volonté libanaise de miser sur un appui arabe pour contrer la 1559 – qu’elle « ne s’oppose pas » aux résolutions onusiennes, mais, aussi, par la première réaction officielle et on ne peut plus ferme de l’Union européenne après les rebondissements de la semaine dernière (la présidence néerlandaise de l’UE s’étant clairement prononcée avant le vote de vendredi dernier). Ainsi, en attendant, pour d’aucuns avec impatience et pour d’autres avec un sourire entendu, le rapport Annan sur le suivi de la 1559 prévu pour le 3 octobre, c’est par la voix de son chef de délégation à Beyrouth, l’infatigable Patrick Renauld, que le partenaire (essentiel) actuel du Liban et peut-être à venir de la Syrie – l’Union européenne – s’est clairement et nettement prononcé hier. En assurant que la résolution des Nations unies va dans le sens des conclusions européennes, et que c’est une chose « très positive » pour le Liban, il rappelle aux autorités libanaises, si tant est qu’elles aient pu l’oublier, qu’un partenariat se fonde et se construit sur la base, d’abord, de valeurs communes, et que tout ce qui pourrait être susceptible de mettre à mal cet accord serait bien malvenu, non seulement pour le Liban, mais aussi pour la Syrie. Sans compter que même si Issam Farès a raison d’appeler, comme il l’a fait hier au micro de la LBC, à un Beyrouth I, il sait pertinemment, et les Libanais avec lui, qu’un (très éventuel) Paris III restera, tout de même, particulièrement plus utile. Et pendant qu’Israël profite – on l’aurait fait à moins – de toute cette situation pour tenter de concrétiser ses bien obscurs desseins ; à l’heure où l’on voit mal l’Arabie saoudite, le Koweït, ou les pays du Maghreb, entre autres, s’opposer à une résolution onusienne initiée par Washington et Paris ; au moment, surtout, où Farouk el-Chareh assure, comme il l’a fait hier devant son homologue russe, que « la Syrie et le Liban vont à l’avenir s’ouvrir encore plus (l’un à l’autre) et consolider davantage leurs relations », confirmant ainsi les pires craintes de l’opposition ; et après les Nations unies, c’est désormais au ban de l’UE que le Liban risque de se retrouver. Entre deux superpuissances, même bien inégales, l’américaine et l’européenne, un enfant aurait vite choisi sous quelle ombrelle se placer. Mais apparemment pas le Liban. Ici, visiblement, c’est l’autarcie que l’on préfère. Ziyad MAKHOUL
Opposants et loyalistes sont au moins d’accord sur une chose : à chaque fois qu’une vague internationale destinée à « aider » le Liban commence à déferler, ce même Liban se retrouve instantanément, comme par on ne sait quel coup de poudre de perlimpinpin, encore plus engoncé dans les jupes tutélaires syriennes. Quant à Damas, il n’a jamais pu, su ou voulu se...