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Actualités - CHRONOLOGIE

Le ciel diplomatique reste bas et lourd Beyrouth sollicite d’urgence le soutien de la Ligue arabe

Le Liban officiel a demandé hier l’appui de la Ligue arabe pour contrer la 1559. Le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, a prié dans une lettre le secrétaire général, Amr Moussa, d’inscrire ce sujet à l’ordre du jour de la 122e session prévue pour le 14 du mois en cours au Caire. Cette réunion cyclique se tient au niveau des ministres des Affaires étrangères. Et se trouve préparée par une rencontre des délégués, fixée au 11. Dans sa missive, Obeid confirme que le Liban « espère obtenir l’appui des pays arabes pour contrer cette résolution qui s’ingère dans les affaires intérieures libanaises ainsi que dans le dossier de la présence militaire syrienne, qui ne concerne que le Liban et la Syrie ». Moussa lui-même, à l’instar du ministre égyptien des AE, a récemment exprimé son « étonnement » après l’adoption de cette résolution appelant à une présidentielle libanaise « libre, équitable, selon les règles constitutionnelles, sans ingérence étrangère ». Mais, comme on sait, le lendemain même, la prorogation a été votée à la Chambre. Ce qui a provoqué l’indignation de Paris comme de Washington. D’autant que la 1559 appelait, appelle toujours d’ailleurs, « à un strict respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’unité et de l’indépendance politique du Liban ». En exigeant, comme on ne l’ignore pas, le retrait de toutes les forces étrangères, ce qui vise clairement la Syrie, quoique sans la nommer. La question qui se pose est de savoir comment, en définitive, Beyrouth va se comporter vis-à-vis de la 1559. Il la réprouve, certes, mais va-t-il la rejeter officiellement, définitivement ? Va-t-il refuser, par exemple, de fournir à Kofi Annan les données qui devront étayer le rapport qu’il est tenu de présenter au Conseil de sécurité sur la 1559 dans un mois ? Le Liban risque fort, relève notre chroniqueur diplomatique Khalil Fleyhane, de traverser une passe bien difficile dans les mois à venir. Les professionnels se disent agacés par la légèreté avec laquelle certains responsables semblent vouloir traiter le problème. En semblant ne pas trop se rendre compte des conséquences d’une attitude indifférente. Car, selon ces professionnels, les vives réactions de Paris et de Washington à l’amendement constitutionnel comme à la prorogation montrent que la 1559 ne restera pas sans effet. Et que sa violation risque d’avoir bien des suites fâcheuses. Les mêmes sources rappellent que, pour la France, le Liban se trouve désormais, en quelque sorte, placé en quarantaine. La déclaration du Quai d’Orsay prend figure de « premier avertissement », de coup de semonce pour ainsi dire, « tout à fait sérieux ». Quant aux USA, ils ont parlé, comme on sait, d’occupation syrienne. Et ils ont précisé que leur propre avertissement est non seulement sérieux mais encore « ne supporte aucun commentaire, aucune explication. Nous demandons à toutes les parties du Moyen-Orient, enjoint Washington, d’exécuter les résolutions du Conseil de sécurité concernant un certain nombre d’États, dont le Liban ». Les professionnels cités par notre correspondant notent qu’une bonne diplomatie aurait songé à mobiliser aussitôt Rafic Hariri, dont l’amitié avec Chirac est connue. Et qui est persona grata à Washington, où le président Bush l’a reçu à deux reprises, à titre tout à fait personnel. Les mêmes sources expliquent que l’empathie russe, exprimée par le ministre Lavrov lors de son passage à Beyrouth, a ses limites. Moscou va certes parler avec Washington et avec Paris en faveur du Liban. Mais étant donné ses propres circonstances actuelles (tout à fait tragiques), sa lutte en Tchétchénie, la Russie ne peut pas contrarier de front l’Amérique. Elle ne peut pas offrir plus que des bons offices ou la neutralité bienveillante adoptées au Palais de Verre. Et même, soulignent ces professionnels, Lavrov a tenu à attirer l’attention des Libanais sur les inconvénients, pour ne pas dire les périls, que la 1559 peut entraîner. En fait, relèvent ces sources, le Liban est pratiquement dans l’impasse sur le plan diplomatique. Il n’a évidemment pas les moyens, et les soutiens, d’un Israël qui continue depuis 67 à ignorer la 242 et qui a tenu la 425 pour lettre morte pendant 22 ans. La preuve c’est que, pour la 1559, le Liban n’a trouvé aucun « grand » disposé à utiliser son droit de veto en sa faveur. Et les pays les plus amicaux se sont contentés de s’abstenir, sans voter contre la résolution. Or, c’est clair, le Liban ne peut pas l’appliquer. Les raisons invoquées sont que l’on ne peut se passer des forces syriennes pour assurer la stabilité, pour lutter contre le terrorisme et pour contenir les camps palestiniens. Les dirigeants, conscients de la difficulté, voire de l’impossibilité, de désamorcer l’animosité franco-américaine, ne baissent pas les bras. Il a été ainsi convenu entre le président Lahoud, le président Hariri et le ministre Obeid de se tourner vers la Ligue arabe. Pour qu’elle sorte à son tour une résolution montrant le risque d’explosion interne au Liban en cas de retrait des Syriens. Amr Moussa, qui se rend à New York pour l’Assemblée générale de l’Onu, va être mis à contribution. Et Obeid, de son côté, va démarcher intensivement les capitales arabes pour que leur appui s’accentue. Il pourra en outre rencontrer au Caire, où il se rend pour la session de la Ligue, son homologue chinois. Qui va participer dans la capitale égyptienne à un cénacle sino-arabe.
Le Liban officiel a demandé hier l’appui de la Ligue arabe pour contrer la 1559. Le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, a prié dans une lettre le secrétaire général, Amr Moussa, d’inscrire ce sujet à l’ordre du jour de la 122e session prévue pour le 14 du mois en cours au Caire. Cette réunion cyclique se tient au niveau des ministres des Affaires étrangères....