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Actualités - OPINION

L’approche russe réconforte les responsables Le camp loyaliste veut dédramatiser le tableau

Pour ce ministre influent, la raison commande qu’aux premiers jours d’un mandat, même prorogé, on lui accorde un répit. Et qu’on attende un peu pour voir comment va se dessiner l’étape à venir. « Wait and see », conseille-t-il. En soulignant qu’il ne faut surtout pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. À son avis, en effet, il ne faut pas exagérer la portée de la 1559. Ni trop miser sur l’extérieur. Car les puissances agissent en fonction de leurs intérêts. D’une manière qui peut se révéler versatile. Ce ministre critique dès lors ceux qui ont tendance à croire qu’un bras de fer définitif oppose la légalité internationale au tandem Liban-Syrie. Qui aurait à payer un prix très lourd pour le défi que constitue la prorogation du mandat Lahoud. Le responsable cité pense que la position syro-libanaise n’est pas si faible que cela. Il en veut pour preuve l’attitude, réconfortante à ses yeux, de Moscou. Dont le ministre des Affaires étrangères, Lavrov, mais également le responsable du département Moyen-Orient, Bogdanov, ont souligné qu’à l’instar d’autres membres du Conseil de sécurité, la Russie convient avec Beyrouth et Damas que la 1559 aborde abusivement une question constitutionnelle interne. Relevant de la seule compétence, de la seule autorité, de la seule souveraineté, de la seule juridiction d’un pays indépendant, membre de l’Organisation internationale. Qui est d’autant moins habilitée à intervenir que le gouvernement libanais l’a priée de n’en rien faire. Le ministre cité, se tournant vers la scène intérieure, souligne qu’il faut faire montre de beaucoup de lucidité et de vigilance dans cette phase délicate, dangereuse, de la situation régionale. Il appelle à l’unité des rangs face aux menaces répétées de Sharon et des militaires israéliens. Reprenant les thèmes développés par le chef de l’État, le ministre souhaite voir se développer une ère de coopération générale, de page tournée, de rancœurs remisées, de dialogue ouvert, de réconciliation. Pour que les efforts, de l’État en particulier, se centrent sur le redressement socio-économique, sur le service de la population. Le président, on le sait, déclare que son cœur est ouvert à tous, sans exception. Il insiste sur la nécessité du dialogue, seul instrument pouvant mener à l’entente politique. En estimant qu’il existe, cette fois, une volonté nationale certaine pour l’instauration de ce dialogue. Bien entendu, les loyalistes lui font écho. En relevant que le communiqué qu’il a publié constitue la tête de chapitre de l’étape suivante, comme du reste du mandat prorogé. Ils affirment qu’effectivement, le président ne veut tenir personne à l’écart. Et que seuls s’excluraient du processus de rassemblement ceux qui auraient choisi de le faire, et qui auraient alors à en assumer la responsabilité. Envisageant cette éventualité, le chef de l’État souligne que l’absence de certains éléments ne va pas empêcher la marche de se faire. Pour le redressement, pour la consolidation de la coexistence et pour l’unité nationale. Cependant, les loyalistes indiquent que le président Lahoud est conscient des nuances concernant les positions de diverses parties prenantes locales. Qu’il ne veut braquer ni brusquer personne. Et qu’il saura faire montre de patience pour promouvoir un vrai rassemblement général autour de son projet. Qu’il entend expliciter à travers un large cycle de concertations. Son but, disent les loyalistes, est de faire participer à la décision l’ensemble des composantes du pays. Pour que nul ne puisse l’accuser d’avoir cherché à monopoliser le pouvoir. Il modifierait à cette fin la composition de son staff politique. Et travaillerait d’arrache-pied pour rétablir la confiance des Libanais dans leur État. Interrogations Mais face au flot de bons sentiments que tartinent les loyalistes, un député membre de la Rencontre démocratique de Joumblatt se pose des questions sur les thèmes développés par le chef de l’État. Et sur ses propositions. Il demande ainsi à savoir pourquoi le dialogue n’a jamais été organisé, mais au contraire court-circuité, durant les six dernières années. Pourquoi un veto manifeste a frappé des pôles déterminés. Qui n’avaient même pas le droit de demander audience à Baabda. Pourquoi des forces politiques ont été systématiquement boycottées. Pourquoi le régime n’a jamais cherché à corriger une trajectoire manifestement erronée. En fermant les yeux sur des fautes énormes régulièrement dénoncées. Cependant, ce même parlementaire convient avec les loyalistes que la situation régionale et internationale, particulièrement sensible et dangereuse, requiert beaucoup de vigilance. Il convient de même que les États-Unis ciblent la Syrie à travers le dossier libanais. Qu’il ne faut donc pas les laisser manipuler le volet interne. Au sujet duquel il estime qu’il est nécessaire d’attendre pour voir dans quelle mesure les promesses faites sont sérieuses. En tout cas, à son avis, les prorogationnistes ne doivent ni triompher ni attendre des autres qu’ils les reconnaissent comme des gagnants auxquels il faut concéder tous les avantages. Dans le même esprit, ce député note l’acuité du clivage intérieur qui traduit la perte de toute confiance. Il attend dès lors du pouvoir de considérables efforts de replâtrage. Et il indique que sa formation jugera aux actes. En répétant son scepticisme. Car les propos tenus aujourd’hui par le pouvoir prorogé émaillaient déjà le discours d’investiture il y a six ans. Promesses restées lettre morte. De même, sur le plan ministériel, Joumblatt laisse entendre qu’il ne participerait pas au prochain gouvernement. Et ne s’y ferait pas représenter. Il indique qu’il prendrait place parmi les opposants, mais dans un esprit constructif, si l’État veut vraiment travailler. Joumblatt continue de dire que l’internationalisation, bien mauvaise chose, est imputable aux options prises. Mais il répète aussi qu’il ne faut pas interpréter son attitude comme découlant d’une opposition à la Syrie, dont il se considère toujours comme l’allié fidèle, face aux USA. Appréhensions De son côté, un pôle de Kornet Chehwane craint que le Liban ne se retrouve isolé, et ne doive subir les foudres de la légalité internationale s’il ne s’efforce pas de réparer l’énorme erreur commise par un pouvoir qui a pensé être en mesure de défier impunément cette légalité internationale. Mais comment rentrer en grâce ? En faisant machine arrière, répond cette personnalité. Qui précise que cela signifie tout simplement que le chef de l’État doit rejeter l’amendement constitutionnel. Et par conséquent démissionner, du moins de son mandat prorogé. Pour sa propre part, cet opposant ne se considère pas comme concerné par l’appel présidentiel au dialogue. Il rappelle que Kornet Chehwane avait mis en garde contre ce qui allait se passer. Pour le moment, le groupe se cantonne dans l’attentisme et l’observation. Il préfère éviter les polémiques ou la participation à une action quelconque. Selon cette personnalité, la Rencontre serait en fait en position de « boycott positif ». Ainsi, lui-même n’accepterait pas de participer à un nouveau gouvernement, si on l’en priait. Il pense d’ailleurs qu’aucun autre membre du groupe ne se laisserait tenter par un portefeuille ministériel. Philippe ABI AKL
Pour ce ministre influent, la raison commande qu’aux premiers jours d’un mandat, même prorogé, on lui accorde un répit. Et qu’on attende un peu pour voir comment va se dessiner l’étape à venir. « Wait and see », conseille-t-il. En soulignant qu’il ne faut surtout pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. À son avis, en effet, il ne faut pas exagérer la...