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analyse - Le nouveau gouvernement serait pour fin septembre Des défis immenses pour le président, mais une volonté d’ouverture déclarée

Le calme après ou avant la tempête ? La question est sur toutes les lèvres, et la population noie mal, dans une apparente insouciance, de graves interrogations sur l’avenir, après la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu, liée à la reconduction pour trois ans du mandat Lahoud. La démission quasi simultanée de quatre ministres dans un gouvernement déjà peu crédible augmente encore l’anxiété générale. Pourtant, au palais de Baabda, où pratiquement rien n’a changé, l’atmosphère est au calme et à la réflexion. Le mot d’ordre général est au travail silencieux et sans précipitation, pour laisser le temps faire son œuvre apaisante. Après la tension de la semaine dernière, il s’agit essentiellement, affirme-t-on de source loyaliste, de mettre en chantier les grands dossiers de l’après-reconduction en essayant de montrer aux Libanais que beaucoup de choses peuvent changer positivement, avec les mêmes protagonistes et sur fond de crise régionale et internationale, le tout étant d’y croire. Le défi est loin d’être aisé, mais Lahoud n’a pas d’autre choix que de le relever. Selon des proches du pouvoir, il faudrait aussi que, de son côté, l’opposition ne réédite pas l’expérience de 1992 et le boycott de l’État. Les mêmes sources précisent que certaines parties pourraient essayer de profiter de la visite attendue de l’émissaire spécial du secrétaire général des Nations unies, Terjé Roed-Larsen, à la fin du délai de trente jours, dans le but d’établir son rapport sur l’application de la résolution 1559 pour tenter de mettre en évidence des points négatifs. C’est pourquoi l’heure est au resserrement des rangs internes, soulignent les milieux loyalistes. Prendre du recul et réfléchir à froid Apparemment, il ne serait donc plus question que l’actuel gouvernement démissionne dans l’immédiat, malgré la défection de quatre ministres. La décision serait ajournée jusqu’au retour, le 17 septembre, du président du Conseil, Rafic Hariri, de ses quatre voyages. En fait, selon des sources prosyriennes, les autorités de Damas préféreraient, pour l’instant, préparer le terrain en douce à la formation d’un nouveau gouvernement qui serait annoncé à la fin du mois. Après la précipitation à laquelle elles ont été contraintes par les développements internationaux, elles souhaiteraient que la tension s’apaise et voudraient laisser chaque partie réfléchir à froid et avec recul sur la suite des événements. De plus, se sentant dans le collimateur de la communauté internationale, après l’adoption de la résolution 1559, elles souhaiteraient ne rien entreprendre qui soit perçu comme une intervention directe dans les affaires libanaises. Enfin, les autorités syriennes seraient convaincues que, dans une période aussi délicate, le Liban a besoin de tout son potentiel. Dans ces circonstances, le maintien de Hariri à la tête du gouvernement serait souhaitable. Est-ce à dire que les zizanies vont reprendre au sein du pouvoir exécutif ? Les sources proches de Baabda ne veulent pas évoquer cette possibilité. Selon elles, c’est dans un tout autre esprit que devrait travailler le futur gouvernement, qui devrait regrouper des figures crédibles et, comme l’a dit le président Lahoud lui-même, « des personnes qui donnent à l’État au lieu de prendre ». Beaucoup de projets pour confirmer la tendance à l’ouverture D’ailleurs, dans ses deux premiers communiqués, après la prorogation, le chef de l’État a tendu la main à tous les Libanais, opposants, loyalistes et indifférents. Et il devrait encore répéter ce genre d’appel dans les jours et les semaines à venir, essayant même de le concrétiser dans la formation du nouveau gouvernement ou dans d’autres cadres. Ses trois prochaines années à Baabda, il ne les passera pas dans un esprit d’exclusion et de revanche, même si certains sentent qu’ils ont perdu avec la prorogation, soulignent les milieux loyalistes, qui précisent que Lahoud a déjà quelques idées pour resserrer les rangs entre les Libanais. Il songerait même à organiser un congrès national qui regrouperait toutes les parties et évoquerait en toute liberté les sujets qui divisent. De même qu’il réfléchit déjà à une loi électorale équilibrée, qui assurerait une meilleure représentativité de la population, et qu’il étudie un projet pour renforcer la justice et la rendre réellement indépendante du pouvoir politique. Selon ses proches, Lahoud a donc des idées claires et la volonté de donner un nouvel élan aux trois années à venir. Mais il a besoin pour cela d’un gouvernement de choc, qui inspire confiance à la population, ou en tout cas qui lui permette de croire que la situation peut s’améliorer. C’est pourquoi, à part quelques figures considérées comme ayant fait leurs preuves, comme les ministres Sleimane Frangié, Élias Murr et Jean-Louis Cardahi, (qui pourrait cette fois s’attaquer à un dossier tout aussi épineux que celui des Télécommunications), la plupart des membres du gouvernement devraient changer. Mais le président de la Chambre, Nabih Berry, continuerait à avoir « ses » ministres, puisque son influence reste grande dans le pays. À cet égard, des sources prosyriennes laissent entendre que les autorités de Damas sont en train de refaire leurs calculs au sujet de leurs alliés traditionnels. La semaine dernière aurait été concluante pour elles, et elle leur a permis de voir qui étaient ceux sur lesquels elles pouvaient compter et ceux qui faisaient passer « leurs intérêts personnels » avant les considérations stratégiques. Selon les sources en question, l’heure serait donc à la remise en ordre dans les rangs des alliés de Damas. Mais aussi dans tout le pays. D’autant que dans les milieux de Baabda, on affirme que tous les dossiers peuvent être revus, y compris celui des forces armées et du service du drapeau. L’essentiel est que tout se fasse dans un esprit constructif, qui serve les intérêts des citoyens. En principe donc, le pouvoir souhaiterait ainsi effacer au plus vite l’impact négatif du scénario de la reconduction, notamment auprès des instances internationales. Et pour cela, il doit d’abord combler les postes diplomatiques vacants, procéder à une restructuration de certains départements administratifs et lancer une véritable campagne internationale pour expliquer la position du Liban vis-à-vis de ses relations avec la Syrie et de la présence des réfugiés palestiniens sur son territoire. Un chantier immense attend donc Lahoud, aussi bien sur la scène internationale que sur le plan interne. Et les Libanais qui ont beau se dire blasés espèrent quand même un quotidien meilleur... Scarlett HADDAD
Le calme après ou avant la tempête ? La question est sur toutes les lèvres, et la population noie mal, dans une apparente insouciance, de graves interrogations sur l’avenir, après la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu, liée à la reconduction pour trois ans du mandat Lahoud. La démission quasi simultanée de quatre ministres dans un gouvernement déjà peu...