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ÉCLAIRAGE - Encore une fois, les regards seront tournés, cet après-midi, sur Clemenceau Divorce consommé, ou presque, entre Baabda et l’opposition

Les lendemains de la prorogation déchantent. Le round de la Chambre ayant été joué et remporté par l’axe Baabda-Anjar-Damas (par 96 voix contre 29), la scène s’ouvre sur un tout autre acte, dont la principale trame, pour l’heure, n’est autre que les appels au dialogue, à l’ouverture, à la « réconciliation », au « pardon » et à l’oubli du passé, lancés depuis hier par le président de la République, le général Émile Lahoud, et par ses amis politiques traditionnels, fidèles et indéfectibles, notamment Michel Samaha, Karim Pakradouni ou Élias Murr. Avec, en perspective, la refonte de la vie politique libanaise – et tout particulièrement du gouvernement – en tenant compte des nouvelles données disponibles sur le terrain depuis la semaine dernière. Dans le sens où Baabda proposerait à toutes les parties qui ont pris position contre l’amendement constitutionnel, notamment Kornet Chehwane et Moukhtara, d’intégrer un nouveau gouvernement pluriel et désormais représentatif. Kornet Chehwane. Pour l’opposition, notamment pour le Rassemblement de Kornet Chehwane, et, partant, pour Bkerké, ce que l’on insinue derrière ces « bonnes paroles » paraît clair comme de l’eau de roche. Dans l’optique de l’opposition, si, au palais, l’on tente de faire miroiter à tous, y compris ceux qui se sont opposés aux événements des derniers sept jours, une participation au sein de l’Exécutif, ce n’est que pour mieux combler le déficit de légalité et de légitimité dont est entachée, selon elle, la rallonge de trois ans octroyée au président. Et l’ombre de Damas se profilerait d’ailleurs un peu (beaucoup même) derrière ces propositions. D’ailleurs, soulignent les milieux de l’opposition, l’appel de Baabda manque de crédibilité, d’autant qu’il a, comme handicap de taille, un air de déjà-vu. L’opposition n’a-t-elle pas déjà fait pris, par le passé, la route de Baabda pour initier un dialogue, sans lendemain, avec le président ? Des sources au sein de Kornet Chehwane soulignent, dans ce contexte, que la question d’une participation du Rassemblement au gouvernement a fait l’objet de discussions franches entre les membres de ce courant et le patriarche maronite, samedi, à Dimane. Et que la position a été plutôt unanime : cette éventualité est complètement exclue, dans la mesure où cela reviendrait à accroître la légitimité d’un régime « qui n’en a guère ». Moukhtara. La position de Walid Joumblatt paraît, de prime abord, beaucoup plus délicate. Le chef du PSP – qui a reçu durant tout le week-end, à l’instar du président Lahoud, de nombreuses délégations populaires et diplomatiques venues le plébisciter pour ses prises de position – a participé, directement ou indirectement, à tous les gouvernements de l’après-Taëf. Mais il semblerait bien déterminé, cette fois, à en finir avec cet état de quasi-schizophrénie – ou de génie politique – qui l’a maintenu jusqu’à présent au sein du pouvoir et, très souvent, aux avant-postes de l’opposition. M. Joumblatt, qui a rencontré hier le Premier ministre Rafic Hariri en présence des ministres Ghazi Aridi et Marwan Hamadé, a indiqué à l’issue de la rencontre qu’il n’avait pour l’instant rien à dire à ce sujet, et qu’il prendra sa décision à l’issue de sa réunion, aujourd’hui à 17h, à Clemenceau, avec son bloc parlementaire, la Rencontre démocratique. Mieux encore, en réponse à une question, Walid Joumblatt a affirmé qu’il n’était « pas concerné » par les appels à la détente politique du locataire de Baabda. Bien plus prompt, le ministre de l’Économie, Marwan Hamadé, n’a pas été par quatre chemins hier pour dire : « Nous n’avons pas dit “non” au Parlement pour une question de manœuvres ou de postes ministériels. Si Dieu le veut, nous serons bientôt hors du gouvernement. » De sources bien informées, on affirme que les trois ministres joumblattistes – Aridi, Hamadé et Abdallah Farhat – pourraient démissionner dès aujourd’hui du gouvernement, à l’issue de la rencontre de Clemenceau. Une démission qui entraînerait également celle du ministre de l’Environnement, Farès Boueiz, l’un des 29 députés qui ont dit “non” à un Lahoud bis, vendredi soir, place de l’Étoile. Ces mêmes sources précisent que Farès Boueiz a d’ores et déjà lié son sort au trio joumblattiste, tandis que d’autres sources parlementaires ont laissé entendre que le député du Kesrouan démissionnerait coûte que coûte aujourd’hui, même si Walid bey décide de reporter de quelques jours le retrait de ses trois ministres. Le timing de l’acte est incertain. Mais la « tendance » générale voudrait que le seigneur de Moukhtara, plus que jamais sur la même longueur d’onde que Bkerké, claque dès aujourd’hui la porte du gouvernement. Koraytem. Reste l’inconnue Rafic Hariri, qui, après Joumblatt, a reçu hier en soirée l’ancien président Élias Hraoui. Tout a déjà été dit sur Hariri, qu’il revient, qu’il s’en va, qu’on le maintient, qu’on le force à partir... Mais rien n’a encore filtré du côté du locataire de Koraytem, à qui l’on a prêté, sans doute à raison, des conseils à Walid Joumblatt de ne pas quitter le gouvernement. Des observateurs s’accordent à dire que, pour le moment, Hariri ne démissionnera pas, pour des raisons particulièrement évidentes : il a trop d’engagements internationaux, notamment des visites pêle-mêle au Caire, à Madrid et à New York. Et le bon sens veut qu’il ne soit pas, à l’étranger, le chef d’un gouvernement fantôme, sérieusement ébranlé par les soubresauts de la conjoncture politique locale. C’est pourquoi toutes les supputations, toutes les suppositions concernant l’éventualité – et la morphologie – d’un nouveau cabinet devront probablement attendre le retour de Hariri, c’est-à-dire la mi-septembre (on parle d’une démission le 20). À moins que les choses n’aillent, contre toute attente, vite, très vite... Michel HAJJI GEORGIOU
Les lendemains de la prorogation déchantent. Le round de la Chambre ayant été joué et remporté par l’axe Baabda-Anjar-Damas (par 96 voix contre 29), la scène s’ouvre sur un tout autre acte, dont la principale trame, pour l’heure, n’est autre que les appels au dialogue, à l’ouverture, à la « réconciliation », au « pardon » et à l’oubli du passé, lancés depuis...