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Actualités

Spéculations sur un nouveau gouvernement

Comment effacer, ou du moins amortir, les effets de la crise que provoque la prorogation ? Par quel choc salutaire récupérer l’opinion ? Le premier moyen qui vient à l’esprit est évidemment la mise en place d’un nouveau gouvernement. Qui soit assez fiable pour redonner confiance aux Libanais. Ses membres seraient tous de qualité. Et pourraient, par leur dynamisme comme par leur compétence, enclencher le redressement. Sur le plan politique, ils mettraient au point une loi électorale équitable autant qu’équilibrée. Et, comme garantie d’impartialité étatique comme de régularité du scrutin, aucun d’eux ne serait candidat. Ce qui signifie, entre autres, qu’un Hariri qui voudrait rester député ne serait pas chargé de former le gouvernement. D’ailleurs les gens sont généralement favorables, comme le régime l’était à ses débuts, à l’interdiction du cumul classique portefeuille-députation. Parce qu’il est illogique qu’un ministre qui doit rendre des comptes soit en même temps juge et partie, et puisse voter en sa propre faveur. Sur un plan global, il est évident qu’un cabinet de 30 députés est presque toujours sûr de l’emporter à la Chambre. Alors, l’ossature active du gouvernement devrait être formée de technocrates. Comme on ne peut négliger la partie politique, il y aurait également des politiciens. Mais ils seraient généralement nommés ministres d’État. Ou ne se verraient confier que des départements politiques, et non des ministères de services. En tout cas, le prochain cabinet aurait sans doute besoin d’obtenir des pouvoirs exceptionnels, pour élaborer la loi électorale. Et il faudra voir si les députés, dont les strapontins seraient en jeu, accepteraient de les lui accorder. Étant donné que les législatives interviennent dans quelques mois, il y a un risque qu’elles restent régies par l’inique loi actuelle. Et le régime prorogé en subirait le contrecoup au niveau de la popularité. La population espère pour sa part une législature réhabilitée au plan de la représentativité. Avec, sans doute, de nouvelles figures prêtes à l’effort. Pour entamer la réforme administrative et politique requise en vue du redressement économique. Ce sont là, grosso modo, les conditions requises pour rendre le pouvoir, qui est dans le creux de la vague actuellement, populaire. L’accent principal devra être mis, de toute évidence, sur le renflouement financier et budgétaire progressif. Les opérations de swap ne donnent qu’un répit d’un an ou deux. Dès sa désignation, le gouvernement qui suivra les législatives devra travailler d’arrache-pied pour alléger la dette publique et réduire le déficit budgétaire. Il lui faudra éradiquer la corruption, fermer les robinets dans les niches à gaspillage comme le Conseil du Sud, la Caisse des déplacés, l’Électricité du Liban, la Sécurité sociale, le Casino du Liban. Il lui faudra résoudre le problème de la lourde facture des soins de santé. Et, tout en comprimant les dépenses, il devra augmenter les recettes, trouver de nouvelles ressources, par des privatisations, par la titrisation et par d’autres voies. Le tout devant être accompagné d’une relance de la croissance économique. Sur le plan administratif, on attendra des nominations, des mutations utiles, ainsi qu’une large épuration. Pour gommer aussi bien le clientélisme que la corruption banale. Enfin, il est aussi évident que le pouvoir devra désormais être cohérent, bien soudé. Et qu’il ne doit pas promettre la lune aux Libanais. Mais leur montrer, dans les trois années à venir, que la marche du redressement est bien commencée. Émile KHOURY
Comment effacer, ou du moins amortir, les effets de la crise que provoque la prorogation ? Par quel choc salutaire récupérer l’opinion ? Le premier moyen qui vient à l’esprit est évidemment la mise en place d’un nouveau gouvernement. Qui soit assez fiable pour redonner confiance aux Libanais. Ses membres seraient tous de qualité. Et pourraient, par leur dynamisme comme par...