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Actualités - CHRONOLOGIE

Du richissime Miguel au comte Ferdinand, architecte de renom La saga égyptienne des Debbané (photo)

Tout a commencé avec Miguel Debbané que ses parents avaient envoyé à l’âge de quinze ans rejoindre un frère aîné, ayant fait fortune à Damiette (Égypte). C’est lui qui a consacré une grande partie de son patrimoine à la construction d’une église grecque-catholique et à une fondation brésilienne de bienfaisance. Pour retracer son itinéraire, nous disposons de plusieurs repères biographiques donnés par lui-même et par sa famille, ainsi que du texte du document en langue arabe, scellé dans la première pierre de l’église San Pedro. Miguel Debbané est le fils de Jean et le petit-fils de François Loutfi Debbané, de Damas. Sa mère s’appelait Marie Serrour. Il est né à Saïda le 12 août 1805. En 1820, âgé de 15 ans, il a été envoyé à Damiette (chez son frère François, né en 1796, qui y était installé et qui était un commerçant (en bois ?). Il est resté dix ans auprès de lui, apprenant le métier et se tenant au courant des affaires commerciales de son frère. François fit des affaires prospères et occupa quatre charges diplomatiques : vice-consul du Danemark, vice-consul de Naples, agent de la Hollande et consul de Sardaigne. En 1830, François l’envoya pour conclure certaines affaires à Alexandrie, où il resta six ans, en faisant du commerce. Dès son retour à Damiette, il est chargé du vice-consulat de Suède et de Norvège. En 1845, son frère tombe gravement malade et part pour Naples. Miguel l’accompagne jusqu’à Alexandrie. Il restera à Naples pendant quatre ans et fut nommé consul général du royaume de Naples en Égypte. Il fut fait chevalier de l’Ordre de François 1er et nommé citoyen du royaume de Naples. Miguel fut, lui aussi, nommé vice-consul de Naples à Alexandrie et gérant du consulat général. En 1849, François revient à Alexandrie pour y mourir un mois plus tard. En 1850, Miguel est nommé consul général en Égypte de Naples et des Deux-Siciles. Comme François, il reçut, en récompense de ses services, la décoration de chevalier de l’Ordre de François 1er, puis celle de commandeur du même ordre et fut naturalisé du royaume de Naples. Pour rester fidèle à la cour des Bourbon-Parme et suite au mariage de la princesse Marie-Thérèse Christine, fille des souverains de Naples, avec l’empereur Don Pedro II du Brésil, le comte Miguel Debbané préféra devenir citoyen de l’empire du Brésil plutôt que d’adopter la nationalité italienne. Il devint donc consul général du Brésil en Égypte. Il en fut récompensé en 1857 puisqu’il fut nommé comte par l’empereur du Brésil, Ferdinand II. Ce titre était transmissible en perpétuité à ses descendants « légitimes et naturels » jusqu’à la quatrième ligne collatérale. Le palais consulaire comprenait le bâtiment du consulat et un vaste jardin. Le 19 décembre 1867, Miguel Debbané, qui était marié, sans enfant et bon chrétien, fit part au ministère brésilien des Affaires étrangères de son intention de bâtir à ses frais une chapelle consulaire, sur les terrains lui appartenant et qui avoisinent l’hôtel consulaire. Il précisa que cette nouvelle chapelle, plus grande que celle qui existait déjà, serait dédiée à saint Pierre, saint patron de l’empereur du Brésil, et serait placée « à perpétuité » sous la protection brésilienne. Cette demande fut aussitôt agréée et les travaux commencèrent le 2 décembre 1868. Ils durèrent deux ans et la consécration de la chapelle eut lieu le 2 décembre 1870. Les messes devaient y être célébrées selon le rite du comte, qui était grec-catholique melkite. Le 2 mai 1872 à 19h, le comte Miguel Debbané, de son lit dans sa chambre située au second étage de son hôtel particulier, rue Chérif Pacha, à Alexandrie, dicta son testament à M. Cesare Verita, faisant fonction de chancelier et notaire du consulat impérial général du Brésil. Il agissait en lieu et place de M. Joseph Nicolas Debbané, chancelier du consulat général impérial du Brésil à Alexandrie, en présence de quatre autres témoins. Dans ce testament, il lègue aux grecs-catholiques melkites pauvres d’Égypte et de Syrie le tiers de son patrimoine immobilier aux conditions suivantes : – cette portion de biens devra être administrée par ses exécuteurs testamentaires et, à leur mort, par les personnes qu’ils désigneraient. Sinon, ces biens seraient administrés par le comité grec-catholique melkite d’Alexandrie; – les revenus seront utilisés pour les frais d’entretien de l’église San Pedro et pour l’entretien du clergé attaché à cette église; – les restes des revenus seront annuellement distribués aux pauvres d’Égypte et de Syrie par ses exécuteurs testamentaires, suivant leur gré. Le comte Miguel Debbané décèdera la même année. La comtesse Nazli Debbané fit le même usage de ses propres biens et créa une fondation brésilienne chargée de doter les jeunes filles pauvres grecques-catholiques. Le successeur désigné du comte sera son neveu, Joseph Nicolas Debbané (né à Damiette en 1831 et mort à Alexandrie en 1914). C’est lui qui gèrera donc les fondations pendant 35 ans, avec Georges Nacouz (qui décèdera en 1883). Joseph aura dix enfants, dont deux morts en bas âge. Son aîné, Nicolao (né en 1877 à Alexandrie et mort en 1937 à Rio de Janeiro) gèrera, à son tour, les fondations et aura des problèmes avec la commission melkite d’Alexandrie qui tentera de se les approprier pendant l’un de ses voyages. Cette commission, formée de laïques et présidée par un ecclésiastique, avait pour mission d’assister l’évêque dans l’administration des affaires temporelles du diocèse. Le comte Nicolao luttera pendant trois ans contre la mainmise de la commission sur les fondations et réussira finalement à les garder dans le giron brésilien. Le 6 février 1972, le comte Ferdinand Debbané sollicita du patriarche Maximos V Hakim, en visite au Caire, de célébrer la messe du centenaire de l’église San Pedro en présence de nombreuses personnalités, de l’ambassadeur du Brésil et de plusieurs membres du corps consulaire. La veille, le patriarche Maximos V remettait au comte Ferdinand Debbané, au nom du pape Paul VI, la croix papale de commandeur de l’Ordre de Saint Sylvestre. Ferdinand Debbané était un architecte connu en Égypte et avait construit plusieurs églises à Alexandrie, en Jordanie et en Syrie. Le 26 février 1974, le comte Ferdinand Debbané fut décoré par le gouvernement du Brésil de la croix d’officier de l’Ordre de Rio Blanco. Après lui, son frère, le comte Ferdinand J. Debbané (né en 1892 et mort en 1985 à Alexandrie), architecte de renom, prendra en charge les fondations. De 1955 à 1957, il procéda à la rénovation, devenue primordiale, de l’église San Pedro. Le 7 juillet 1957, Mgr Élias Zoghbi, archevêque titulaire de la Nubie et vicaire général du patriarcat grec-catholique pour l’Égypte et le Soudan, consacra le nouvel autel dédié à saint Pierre. Wadih G. AUDI
Tout a commencé avec Miguel Debbané que ses parents avaient envoyé à l’âge de quinze ans rejoindre un frère aîné, ayant fait fortune à Damiette (Égypte). C’est lui qui a consacré une grande partie de son patrimoine à la construction d’une église grecque-catholique et à une fondation brésilienne de bienfaisance. Pour retracer son itinéraire, nous disposons de...