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Actualités - CHRONOLOGIE

La Syrie déterminée à maintenir Lahoud au pouvoir, mais Hariri demeure muet sur ses intentions Offensive occidentale pour une libanisation de l’échéance (Photo)

Au lendemain du forcing syrien en faveur de la reconduction du président Émile Lahoud, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne se sont exprimés coup sur coup hier, d’une manière qui a paru concertée, pour signifier leur opposition à toute atteinte à la Constitution libanaise et leur soutien à l’indépendance et la souveraineté du Liban loin de toute ingérence étrangère dans ses affaires, notamment dans l’élection présidentielle. À Beyrouth, où l’on donnait hier les intentions syriennes pour acquises, les spéculations allaient bon train au sujet du mécanisme qui serait mis en place pour un amendement de la Constitution ouvrant la voie à une reconduction ou à une prorogation du mandat actuel. Certaines sources avançaient le scénario d’une prorogation de trois ans « à titre exceptionnel », d’autres parlaient de quatre, voire cinq ans. Une reconduction pure et simple pour un nouveau mandat de six ans était moins évoquée. Muet sur ses propres intentions, le Premier ministre, Rafic Hariri, qui avait été informé jeudi des projets de la Syrie, pourrait se rendre incessamment en Sardaigne. Hier, M. Hariri a regagné Beyrouth en provenance de Faqra et a rencontré son allié Walid Joumblatt avant que ce dernier ne prenne le chemin de Moukhtara. En soirée, des sources informées indiquaient que le chef du gouvernement s’est rendu à Anjar pour une rencontre avec le chef des SR syriens au Liban, Rustom Ghazalé, sans donner plus de précisions sur la teneur de ces entretiens nocturnes. À Washington, la Maison-Blanche a de nouveau exhorté hier la Syrie à ne pas s’ingérer dans la présidentielle au Liban qui doit, selon elle, choisir librement son nouveau chef de l’État. « Les États-Unis croient fermement que les meilleurs intérêts du Liban et de la Syrie sont servis par une relation positive et constructive, fondée sur les principes de respect mutuel et de non-intervention entre deux États voisins souverains et indépendants », a dit le porte-parole de la présidence américaine, Scott McClellan. « Ceci concerne le respect de la liberté pour le peuple libanais de décider du sort de son pays et de son chef d’État, sans pression ou interférence de quelque pays extérieur que ce soit », a-t-il poursuivi dans un communiqué. « Les États-Unis souhaitent une élection au Liban dans le respect des institutions libanaises, dont l’actuelle Constitution, et en dehors de toute ingérence étrangère », a ajouté le porte-parole. Mercredi, le département d’État américain avait déjà estimé que « la décision de choisir qui doit être le président du Liban revient au peuple libanais, pas aux Syriens, pas aux Américains ou à qui que ce soit d’autre ». Les États-Unis avaient également critiqué la perspective d’un nouveau mandat du président Émile Lahoud en soulignant que cela n’était pas autorisé par la Constitution. Chirac : un nouveau président À Paris, le président français Jacques Chirac a souligné que la prochaine élection pour six ans d’« un nouveau président » devrait se faire « conformément à la Constitution actuelle ». M. Chirac s’exprimait devant la conférence annuelle des ambassadeurs de France dans le monde, réunie hier à l’Élysée, en présence du représentant de la France au Liban, Philippe Lecourtier. Auparavant dans la journée, le ministère français des Affaires étrangères avait souhaité que la prochaine élection présidentielle se déroule « dans le plein respect de la souveraineté et de l’indépendance » du Liban. « Nous avons déjà dit que la prochaine élection présidentielle au Liban devrait se dérouler dans le strict respect de la Constitution libanaise, qui prévoit un nouveau président choisi tous les six ans par le Parlement », a déclaré un porte-parole du Quai d’Orsay, Hervé Ladsous. « Il est nécessaire, a-t-il ajouté, que ces élections se déroulent dans le plein respect de la souveraineté et de l’indépendance du Liban. » Le gouvernement britannique a, de son côté, indiqué qu’il « suit de près » la préparation de l’élection présidentielle au Liban cet automne, et demandé au Parlement libanais d’exprimer « l’indépendance » du pays. Les députés peuvent montrer « la pleine souveraineté et l’indépendance (du Liban) en prenant une décision qui ne soit influencée par aucune puissance étrangère », a déclaré Bill Ramell, secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Selon M. Ramell, « le Royaume-Uni pense qu’un changement constitutionnel ne devrait être entrepris qu’après un débat prudent et une consultation publique, et en réponse à des besoins vraiment impérieux ». « Un Liban fort et indépendant, dont le président est élu selon un processus électoral libre et équitable, est dans le meilleur intérêt à la fois du peuple et de tous les États de la région », peut-on encore lire dans le communiqué de Londres. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, qui a pour sa part effectué hier une brève visite à Beyrouth dans le cadre d’une tournée régionale, a également souhaité que la présidentielle se fasse dans le respect de la Constitution, de l’indépendance et de la souveraineté du Liban. « Nous souhaitons que le Liban soit préservé en tant qu’État souverain et indépendant, et que toutes les décisions soient basées sur la Constitution et sur la libre volonté de son peuple », a déclaré à la presse M. Fischer après un entretien avec le Premier ministre Rafic Hariri. Tout en soulignant que son pays n’entendait pas « intervenir dans les affaires intérieures » du Liban, M. Fischer a souligné qu’« avec (ses) partenaires de l’Union européenne, (Berln) a intérêt à soutenir l’indépendance et la souveraineté du Liban ». « Ceci est très important. Le Liban est une démocratie basée sur la Constitution. Nous considérons qu’il constitue un exemple unique pour toute la région, et nous espérons que la situation évoluera conformément à la Constitution, et dans l’indépendance et la souveraineté du Liban », a-t-il insisté. Interrogé par la presse sur la présidentielle à l’issue de son entretien avec le chef de la diplomatie allemande, M. Hariri a, quant à lui, répondu : « Toute la ville veut connaître ma position. Vous en serez informés quand je l’annoncerai. » M. Fischer, arrivé en début d’après-midi à Beyrouth, a également été reçu par le chef de l’État. Il a déclaré à la presse qu’il a eu avec les dirigeants libanais des entretiens « intenses et fructueux » qui ont porté sur « la situation dans la région, notamment en Irak, le conflit arabo-israélien et israélo-palestinien, les différentes initiatives internationales pour la région ainsi que les relations bilatérales ». M. Fischer a exprimé la disposition de l’Allemagne à « développer davantage ses relations commerciales, économiques et culturelles » avec le Liban. Il a précisé avoir également évoqué avec M. Lahoud les relations du Liban avec la Syrie. M. Lahoud a rendu hommage au « rôle de la Syrie qui a mis fin à la guerre au Liban, empêché sa partition, et réunifié son armée et ses institutions civiles et administratives ». M. Fischer devait également s’entretenir en soirée avec son homologue libanais, Jean Obeid, et le président du Parlement Nabih Berry. Ce samedi, il doit se rendre en Syrie par la route. Après Damas, M. Fischer doit se rendre en Jordanie, en Israël et en Égypte.
Au lendemain du forcing syrien en faveur de la reconduction du président Émile Lahoud, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne se sont exprimés coup sur coup hier, d’une manière qui a paru concertée, pour signifier leur opposition à toute atteinte à la Constitution libanaise et leur soutien à l’indépendance et la souveraineté du Liban loin de toute...