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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL DE BEITEDDINE - Tétralogie amphibienne de la Fura dels Baus sur la Marina de Beyrouth Spectacle transgénétiquement modifié (photo)

Un vaisseau de 60 mètres brillant de mille feux, accosté à la Marina de Beyrouth. Ballotté au gré des flots de la Méditerranée, de l’Atlantique, du Pacifique et de l’océan Indien, le « Naumon » propose lors de ses escales des spectacles aux effets spéciaux inédits. À son bord, trente-deux artistes, danseurs et acrobates de la compagnie espagnole La Fura dels Baus, l’une des compagnies théâtrales européennes les plus importantes et les plus provocantes. Ce grand brise-glace orange a jeté l’ancre à Beyrouth pour clôturer le Festival de Beiteddine et célébrer, par la même occasion, le dixième anniversaire de Solidere, en collaboration avec Med Forum, la fondation Mies Van Der Rohe et l’Institut européen de la Méditerranée. Un spectacle événement, un show happening décoiffant qui promettait beaucoup, mais a finalement donné un peu moins qu’on ne s’y attendait. Vendredi 27 et samedi 28 août, entre 21h et 22h. Des cris d’outre-tombe parviennent par à-coups. Amateurs de bruits, de cris et de baston, bienvenue ! Voyeurs en tout genre, entrez donc dans l’univers de la Fura dels Baus. Depuis vingt ans, cette troupe catalane ne cesse de détonner dans l’univers théâtral espagnol et européen. Remarqués dès les années quatre-vingt, les travaux de la Fura tiennent de l’opéra baroque, du théâtre épique et de la foire de bateleurs. Tétralogie amphibienne – tel est le titre du spectacle – est une métaphore désordonnée – et c’est là peut-être que réside sa faiblesse, dans une mise en scène un peu trop brouillonne – de l’origine du monde et la création de l’homme. Il pleut des jets d’eau, une gigantesque poupée balance à tour de bras des acrobates suspendus à des fils, des bons et des méchants surgissent de part et d’autre du quai pour effrayer a cor et à cri les spectateurs, et on a droit à un très beau tableau d’acrobatie où les danseurs forment une chaîne d’ADN. Ailleurs, les danseurs sont déguisés en spermatozoïdes (souvenez-vous de Everything You Wanted to Know about Sex ..., de Woody Allen) et sont montés sur des bestioles de ferraille aux bras articulés. Le public, au milieu de tout ce fourbi, est bousculé, malmené, déstabilisé. Apparemment, la Fura s’amuse à déjouer la linéarité du langage théâtral : action participative, voire interactive : il pleut et les spectateurs ont aussi la sensation qu’il leur pleut dessus ; action décalée par l’utilisation de la vidéo : que voit-on sur l’image, ce qui se déroule sous nos yeux ou encore autre chose ? Dans ce spectacle, pas de narration non plus, mais un tissage d’extraits de poèmes, récités en arabe d’une voix monotone, dont l’on s’acharne en vain à tenter de percevoir la poésie, disloqués qu’ils sont en bribes, parcourus de grincements de cordes, d’éructations de cuivres, de ronflements de basses. Atypique ? Sans aucun doute. Gigantesque ? Certainement. Spectaculaire ? Disons que la troupe emploie massivement les procédés technologiques et mécaniques pour présenter des tableaux d’acrobaties décoiffants. Mais, et c’est là où le bât blesse, cet aspect visuel ne suffit pas à accrocher un spectateur une heure et quart durant. Le public lambda sent bien qu’il faut y trouver une justification aussi bien philosophique qu’esthétique. Ceux qui se demandent s’ils ont bien compris l’œuvre ont souvent peur de mal comprendre : « Est-ce que je pense ce qu’il faut penser ? » Mais est-ce qu’on était tenu de comprendre ? S’agissait-il là d’un exemple de ces manifestations avant-gardistes où des écorchés donnent une partition délirante pleine de bruit et de fureur, et qu’il est de bon ton d’applaudir pour ne pas passer pour des décalés ? Pourrait-on parler de «sordidisme» pour qualifier ce genre de show ? Moralement, certes, «nihilisme» existe et convient déjà. Ce qui est certain, c’est qu’on ne sort jamais indemne d’un spectacle de la Fura dels Baus. Reste que certains y ont trouvé leur compte. D’autres ont apprécié le feu d’artifice final. D’autres encore se sont contentés d’admirer les belles acrobaties et autres moyens mécaniques mis à contribution. La bonne nouvelle, pour tout le monde, c’est que ce spectacle était gratuit et qu’il n’a duré que 70 minutes. Maya GHANDOUR HERT
Un vaisseau de 60 mètres brillant de mille feux, accosté à la Marina de Beyrouth. Ballotté au gré des flots de la Méditerranée, de l’Atlantique, du Pacifique et de l’océan Indien, le « Naumon » propose lors de ses escales des spectacles aux effets spéciaux inédits. À son bord, trente-deux artistes, danseurs et acrobates de la compagnie espagnole La Fura dels Baus,...