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ÉCLAIRAGE - La présidentielle libanaise a catalysé la dynamique créée depuis des semaines par Paris et Washington Vers une éventuelle transposition à l’Onu du Syria Accountability Act

Vendredi dernier, Washington, Paris, Londres et Berlin (sans compter la présidence néerlandaise de l’Union européenne) s’étaient retrouvés, dans la soirée, en l’espace de quelques heures, sur la même, l’exacte longueur d’onde. Que l’on peut résumer ainsi : les États-Unis et l’Union européenne souhaitent que la prochaine élection pour six ans d’ « un nouveau président » se fasse « conformément à la Constitution actuelle, et en dehors de toute ingérence étrangère ». Quelques heures à peine plus tard, les Trente étaient convoqués, pour le lendemain, place du Musée, pour voter le projet de loi visant à l’amendement de l’article 49 de la Constitution et à la reconduction pour trois ans d’Émile Lahoud à Baabda. Tout cela immédiatement après que Rafic Hariri eut été reçu à Anjar, par un Rustom Ghazalé qui, après le bâton damascène brandi pendant vingt minutes, aurait multiplié, à l’adresse du Premier ministre, les carottes. Et dans les vingt-quatre heures qui viennent, la Maison-Blanche et l’Élysée, l’une par le biais du point-presse quotidien, l’autre par une éventuelle déclaration du président Chirac lui-même, feront, selon diverses sources diplomatiques autorisées, « des déclarations importantes ». Comme une cerise sur le gâteau des concertations et de la dynamique franco-US, fortement accélérées depuis deux jours. Importantes parce qu’elles pourraient confirmer aux plus hauts niveaux ce qui se prépare depuis des semaines, et que les rebondissements au cours du week-end écoulé de la présidentielle libanaise ont fortement catalysé : une résolution à l’Onu condamnant le rôle de la Syrie au Liban. Soit l’équivalent d’une internationalisation, par le truchement des Nations unies, du Syria Accountability Act. « Les négociations se multiplient depuis des semaines sur une éventuelle internationalisation du Syria Accountability Act. Cela n’est absolument pas motivé par le Liban en tant que tel ou par les acteurs libanais, cela les dépasse. Sauf que la situation est délicate parce que les intérêts français et américains ne sont pas toujours les mêmes, notamment en Irak, mais le donnant-donnant est de mise, et la concordance entre Paris et Washington sur la Syrie et le Liban est totale. Ce qui a accéléré ces contacts depuis 48 heures a été le choc créé par la manière dont les choses se sont déroulées, dans la nuit de vendredi dernier, en ce qui concerne la présidentielle libanaise. Une manière qui, au lieu de modérer les intentions franco-US, semble les avoir décuplées. C’est une lame de fond », indique une source onusienne interrogée par L’Orient-Le Jour. Et qui sait pertinemment que le maillon faible de la Syrie, qui a multiplié les preuves de bonne volonté depuis 1990 au sujet de l’Irak, reste le Liban. Quels seraient les détails de cette encore virtuelle résolution onusienne ? Dans son édition dominicale, notre confrère al-Hayat rapporte qu’un des plus hauts conseillers de Jacques Chirac, Maurice Gourdault-Montagne, aurait bien fait comprendre à l’ambassadrice syrienne en France, Seba Nasser, que Paris est particulièrement soucieux de conserver les meilleures relations qui soient avec Damas, mais que les positions syriennes à l’égard du Liban sont « très inquiétantes ». Que la France, a-t-il assuré, votera, en harmonie avec ses principes historiques relatifs à la souveraineté et l’indépendance du Liban, une résolution qui serait en train de se préparer actuellement aux Nations unies. Laquelle résolution demandera à la Syrie de se retirer du Liban, de mettre un terme à ses ingérences dans les affaires proprement libanaises, ainsi qu’à sa protection d’« organisations terroristes ». Ainsi, ce n’est plus uniquement avec les États-Unis que la Syrie se livre, par le Liban interposé, au bras de fer. La France, le Royaume-Uni et l’UE sont désormais parties prenantes, à différents degrés certes, de cette herculéenne épreuve de force. Sans compter, selon les sources en question, que Moscou et sans doute Pékin n’opposeraient pas, au palais de Verre, un quelconque éventuel veto. Que va faire Bachar el-Assad ? Hier déjà, la très officielle Radio-Damas mettait l’accent sur l’importance du rôle européen dans la région, soulignant entre autres que « l’indépendance de la décision européenne par rapport aux États-Unis et l’absence de suivisme sont à la base d’une politique réellement efficace et permettront à l’UE de participer d’une façon positive à l’instauration de la paix dans la région ». Éloquent lorsque l’on évoque le possible gel du partenariat syro-européen, tout comme celui, sur un autre plan, des avoirs de Damas dans le monde. L’eventuelle résolution contre la Syrie étant une arme progressive – il y a d’abord les discussions, puis la proposition, puis l’adoption... –, Damas qui semble être tombé, selon certains observateurs à l’instar du député Farès Souhaid, « tout droit dans le piège de la présidentielle libanaise » – se retrouve ainsi devant une alternative et une seule : continuer, tête baissée, à s’entêter sur la reconduction d’Émile Lahoud à Baabda, ou bien trouver une juste mesure, une mesure juste, à même de relancer les négociations. Et à l’heure où la poudrière de Aïn el-Héloué a été réactivée, on dit à Beyrouth que le chef des services syriens de renseignements au Liban, Rustom Ghazalé, a déjà commencé à appeler personnellement les députés ; on dit, aussi, que Nabih Berry, si on le lui rappelait d’une manière ou d’une autre, a tout à fait le droit – c’est même un devoir –, avant que de le soumettre au vote de l’hémicycle, d’envoyer le projet de loi visant à l’amendement de l’article 49 à la commission de l’Administration et de la Justice. Présidée, comme on le sait, par le (très) candidat Mikhaël Daher, on ne peut plus attaché au respect de la Constitution. On dit enfin que la séance parlementaire au cours de laquelle les députés approuveront ou rejetteront ce projet d’amendement pourrait se tenir dans une semaine, voire un peu plus. Sauf que tout concourt à montrer qu’entre le palais de Verre à New York et la place de l’Étoile à Beyrouth, c’est un peu la course contre la montre. Et dire que tout cela aurait pu être largement évité si la Syrie avait eu la bonne idée de dialoguer, réellement, avec les Libanais ; si elle avait privilégié une réelle libanisation de l’échéance automnale ; si elle avait mieux écouté les deux (grands) hommes d’État que sont Nasrallah Sfeir et Walid Joumblatt. Ziyad MAKHOUL
Vendredi dernier, Washington, Paris, Londres et Berlin (sans compter la présidence néerlandaise de l’Union européenne) s’étaient retrouvés, dans la soirée, en l’espace de quelques heures, sur la même, l’exacte longueur d’onde. Que l’on peut résumer ainsi : les États-Unis et l’Union européenne souhaitent que la prochaine élection pour six ans d’ « un nouveau...