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Les ténors de Kornet Chehwane fustigent la position du président

Les milieux de l’opposition, notamment les ténors de Kornet Chehwane, ont stigmatisé hier la position du président de la République, Émile Lahoud, rapportée mardi par ses visiteurs. Le député Nassib Lahoud a estimé que le président Lahoud « a annoncé sa détermination à rester au pouvoir, en violation de l’article 49 de la Constitution et en contradiction avec le serment qu’il a fait de protéger la Constitution ». « Le président a justifié sa décision par sa volonté d’appliquer son discours d’investiture de 1998, comme si ce discours avait désormais une importance et une valeur supérieures à la Constitution », a-t-il indiqué. « La Constitution est la loi fondamentale de l’État libanais. Elle est le fruit d’un consensus interlibanais (...). Elle a une valeur supérieure à celle de tout texte politique, et le premier devoir de tout président est de respecter la Constitution et le serment qu’il a prêté, avant de parler de respect du discours d’investiture », a souligné Nassib Lahoud. « Les garde-fous contenus dans l’article 49, notamment ceux qui ne permettent la prorogation, la reconduction ou la réélection que six ans après la fin du mandat, ont été inclus dans le texte pour protéger le régime démocratique, et plus spécifiquement pour qu’un président ne justifie pas sa volonté de rester au pouvoir par sa volonté d’accomplir une mission, sous prétexte que nul autre que lui ne pourrait la remplir », a-t-il conclu. Le député Pierre Gemayel a estimé que la candidature d’Émile Lahoud justifiait bel et bien les craintes de ceux qui affirmaient autrefois avoir peur d’une violation de la Constitution. « Plus personne ne peut nous dire que nous calomnions le président Lahoud, a déclaré M. Gemayel. En réclamant la prorogation ou la reconduction de son mandat, il est devenu l’orchestrateur d’une campagne qui était occulte par le passé et qui est maintenant officielle », a-t-il souligné. M. Gemayel a indiqué que c’est Damas qui décidera si le président Lahoud doit être reconduit, « parce que les chefs des principaux blocs parlementaires ne décident rien sans l’aval de la Syrie ». « Si la Syrie ne veut pas de la prorogation du mandat, la Chambre fera chuter Émile Lahoud », a-t-il noté. Plaidant en faveur d’un dialogue national global, Pierre Gemayel a indiqué : « Malheureusement, il ne s’agit plus que d’une volonté d’obtenir un nouveau mandat. Mais un mandat pourquoi ? La corruption, la justice politisée, l’effondrement des institutions, les vols et les marchandages, l’affaire de la Banque al-Madina, la mécanique (...) ? Pourquoi devrions-nous proroger ce mandat ? » s’est-il demandé. Naïm : « Lahoud doit rentrer à la maison » Le chef du PNL, Dory Chamoun, s’est pour sa part demandé « comment quelqu’un qui a prêté serment sur la Constitution peut changer d’avis aussi facilement ». « Je ne pense pas que l’affaire ira devant la Chambre », a-t-il affirmé. « Elle va s’arrêter ici. Le communiqué d’hier n’est qu’une manœuvre inutile, parce qu’elle va provoquer un effet contraire. La position du président Lahoud peut également être interprétée comme un retrait honorable. N’est-ce pas lui qui a indiqué qu’il ne demanderait pas d’amendement constitutionnel si l’ensemble du Parlement n’est pas d’accord ? » a-t-il indiqué. M. Samir Frangié a estimé de son côté que « c’est la première fois qu’un président libanais réclame explicitement la prorogation de son mandat », qualifiant cette demande d’« anticonstitutionnelle, d’autant que le président Lahoud est supposé être le garant de la Constitution ». « Il aurait au moins dû attendre qu’il y ait un amendement constitutionnel avant de se porter candidat. Il s’agit d’un autre précédent dangereux dans l’histoire du Liban », a déclaré M. Frangié. « Cette candidature conduit le pays à une impasse dangereuse : l’amendement constitutionnel, puis la réélection du président Lahoud équivalent à porter un coup fatal au Liban et au consensus national islamo-chrétien qui s’est formé contre l’amendement », a-t-il ajouté. « Le non-amendement de la Constitution signifie une défaite de la Syrie. Le problème serait d’arriver à un cas de figure avec un vainqueur et un vaincu, au moment où le Liban et la Syrie devraient sortir vainqueurs de cette échéance. Nous n’acceptons pas une défaite du Liban et n’œuvrons pas pour une défaite syrienne. C’est pourquoi la Syrie doit s’employer à résoudre la crise créée par la candidature du président Lahoud, d’autant que nul au Liban ne pense que le chef de l’État a pris sa décision à l’encontre des desiderata syriens », a-t-il poursuivi. L’opposition Kataëb, réunie hier sous la présidence de M. Élie Karamé, a estimé qu’à travers son opposition à la reconduction, le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, « a fort bien exprimé l’opinion de la majorité écrasante des Libanais, toutes appartenances confondues ». « Ce que le communiqué de Dar el-Fatwa a assuré, avant qu’il y ait, une fois de plus, une ingérence pour ôter le paragraphe concerné », a indiqué la formation, dans un communiqué publié à l’issue de sa réunion. « Comment acceptons-nous qu’un chef d’État, fût-il d’un pays frère, mène des consultations sur la présidentielle, alors qu’il est question de libanisation ? Nous refusons que le régime libanais finisse par ressembler aux autres régimes arabes où les mandats sont indéfiniment prorogés », a poursuivi le communiqué. « Le plus grand danger est que le Liban perde ses libertés, ses spécificités, que nous sommes déterminés à préserver par tous les moyens. La Constitution est une garantie pour les libertés, et son respect est une immunité pour ces dernières », a ajouté M. Karamé. Dénonçant enfin l’effondrement du Liban à tous les niveaux, l’opposition Kataëb a plaidé en faveur d’un changement de mentalité et d’une réconciliation nationale générale. Enfin, l’ancien Gouverneur de la BDL, le juriste Edmond Naïm, a appelé le président Lahoud à « se retirer et à rentrer à la maison », estimant qu’il avait violé la loi et déshonoré son serment sur la Constitution. Me Naïm a estimé qu’il n’y aura pas d’amendement constitutionnel, parce qu’il ne faut pas modifier la loi fondamentale en faveur d’une personne, « même s’il s’agit du président Lahoud », a-t-il dit..

Les milieux de l’opposition, notamment les ténors de Kornet Chehwane, ont stigmatisé hier la position du président de la République, Émile Lahoud, rapportée mardi par ses visiteurs.
Le député Nassib Lahoud a estimé que le président Lahoud « a annoncé sa détermination à rester au pouvoir, en violation de l’article 49 de la Constitution et en contradiction avec le...