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Actualités - CHRONOLOGIE

La « manipulation » du texte islamique vivement condamnée par l’opposition

Plusieurs voix se sont élevées hier dans les milieux musulmans et chrétiens de l’opposition pour dénoncer fermement le retrait, lundi, par Dar el-Fatwa et le Conseil supérieur chiite, du passage de leur communiqué relatif au respect de la Constitution. L’opposition a également réitéré sans ambages son hostilité à la reconduction du mandat actuel, le plus virulent étant sans conteste l’ancien président de la République, Amine Gemayel, qui a qualifié l’idée d’un amendement de l’article 49 « de coup d’État contre la Constitution » et d’« annihilation de tout ce qui fait la spécificité de l’entité libanaise, du pays message ». Le président Gemayel a exprimé ces propos à l’issue de sa rencontre avec le député Boutros Harb. « Nous vivons une étape de révolutions blanches au Liban depuis les années 90 : d’abord contre Taëf et la manière de l’appliquer, ensuite contre les institutions, puis contre les lois, et maintenant contre la Constitution. Le processus de domestication a visé toutes les institutions : partis, syndicats, institutions constitutionnelles... Il y a eu ensuite la révolution rouge, contre les manifestations, avec le sang qui a coulé. Par ailleurs, il existe un coup d’État démographique très dangereux, par le biais du décret de naturalisation (...) », a-t-il indiqué. « Un nouveau coup d’État vise directement la Constitution, à travers l’amendement de l’article 49, cet article consensuel qui est le cœur et le fondement de notre loi fondamentale et qui distingue le Liban des autres régimes de la région », a-t-il indiqué. Commentant l’affaire du communiqué de Dar el-Fatwa et du CSC, M. Gemayel a estimé qu’« il existe un consensus national réel dans les cœurs et sur le terrain, consensus qui porte sur les fondements sacro-saints du Liban ». « Mais il semble que cette entente soit interdite. Tous les moyens de pression sont utilisés pour que le Liban, asservi, reste dans cet état désastreux », a-t-il poursuivi, estimant que « le pays est sur la pente qui mène à la dictature ». De son côté, M. Harb a précisé qu’il est toujours candidat à la magistrature suprême, et qu’il ne faut en aucun cas « se soumettre » à toutes les considérations qui ont été exprimées durant les derniers jours concernant l’échéance présidentielle. « Nous rejetons ce style », a-t-il dit, appuyant les derniers propos tenus par le patriarche Sfeir et dénonçant le retrait « par des parties inconnues » du communiqué de Dar el-Fatwa de la clause sur l’amendement constitutionnel. Virulent aussi, l’ancien député Camille Ziadé, qui a estimé, tout comme le président Gemayel, qu’à travers leur insistance, les parangons de l’amendement « menaçent les fondements du pacte et ce qui reste du régime démocratique parlementaire libéral » et « se moquent du consensus interlibanais qui prévaut sur le refus de porter atteinte à la Constitution et sur l’aspiration au changement ». « Ce qui s’est produit à Dar el-Fatwa constitue une preuve de plus de l’éveil des Libanais et de leur unité autour du concept de l’État libre, juste et intègre, dont le mandat actuel a été incapable de jeter les bases. Cette tentative de contourner une position nationale honorable des deux références islamiques pour l’amoindrir n’est que le signal des catastrophes à venir au cas où reconduction il y a », a indiqué M. Ziadé, qui a qualifié un amendement éventuel d’« effondrement » potentiel sur le plan interne et d’entreprise de « sabotage » des relations libano-syriennes. « Briser le front national » Le député Farès Souhaid, qui a été reçu hier par le ministre Jean Obeid, a qualifié de « dangereux » le retrait forcé de la clause, estimant qu’il existe un consensus réel interlibanais contre l’amendement de la Constitution. Le chef du PNL, Dory Chamoun, a estimé que ce n’était pas la première fois que « des mains invisibles œuvrent à dynamiter le consensus », notant cependant qu’« elles parviennent malheureusement toujours à le faire ». « Mais tout ce qui se produit est clair (...). De toute façon, tout le monde rejette l’amendement constitutionnel, mais je persiste à dire qu’il fait désormais partie du passé. (...) Nul n’a l’audace de faire face à une telle vague d’hostilité à l’amendement », a-t-il indiqué. Le BCCN, le Mouvement réformiste kataëb et l’ex-député Gabriel Murr, qui a été reçu hier par Mgr Élias Audeh, ont tous les trois mis l’accent sur l’inexistence de l’indépendance du Liban dans ses rapports avec la Syrie. Le BCCN a plaidé en faveur d’un nouveau président souverainiste, en s’opposant catégoriquement à toute reconduction. - Last but not least, le député Misbah el-Ahdab et l’ancien président de l’Ordre des ingénieurs Assem Salam ont exprimé hier leur soutien « total » (Ahdab) au communiqué de Dar el-Fatwa « dans sa forme initiale ». « Ce texte exprime à travers chacune de ses lettres le sentiment de chaque Libanais à l’heure actuelle », a indiqué M. Ahdab, en prenant position contre tout amendement constitutionnel. Il a mis en exergue la nécessité de « respecter la Constitution face aux manœuvres qui visent à y porter atteinte à des fins servant les intérêts du pouvoir, lesquelles pourraient anéantir ce qu’il reste de démocratie au Liban, exterminer le principe de l’alternance et noyer le pays dans une marée de crises ». Quant à Assem Salam, il a estimé que le retrait du texte de Dar el-Fatwa entre apparemment « dans le cadre d’un plan visant à empêcher la formation d’un front d’opposition uni et une rencontre entre les communautés libanaises ». « Mais le peuple libanais exprime son opinion et ne se taira pas devant cette volonté d’amender la Constitution », a-t-il dit, rappelant que plusieurs personnalités de la société civile et politique ont déjà pris position contre. « La rencontre islamo-chrétienne est facile si quelqu’un n’interfère pas pour empêcher celle-ci », a-t-il ajouté. Estimant par ailleurs que la Syrie désire rester le seul arbitre au niveau des affaires libanaises, et qu’elle rejette par conséquent le dialogue avec « tout front libanais puissant qui se fonderait sur une position nationale réelle ». « Les ingérences de la Syrie au Liban visent à briser ce front et à rester le seul maître à bord », a-t-il conclu.
Plusieurs voix se sont élevées hier dans les milieux musulmans et chrétiens de l’opposition pour dénoncer fermement le retrait, lundi, par Dar el-Fatwa et le Conseil supérieur chiite, du passage de leur communiqué relatif au respect de la Constitution. L’opposition a également réitéré sans ambages son hostilité à la reconduction du mandat actuel, le plus virulent étant...