Dossier régional - Délaissant les sujets locaux, le leader druze se penche sur la situation au P-O Joumblatt : Il faut ouvrir toutes les frontières arabes à la résistance

Devant plus d’une centaine de jeunes participant au quatorzième camp de la jeunesse nationaliste arabe, le chef du PSP, Walid Joumblatt, est revenu sur ses thèmes préférés : l’inaction des régimes arabes et la nécessité de recourir à la résistance comme unique voie de salut. Dans une envolée spectaculaire, il a même demandé la réouverture des frontières arabes face à la résistance contre Israël, de Naqoura à Rafah, en passant par le Golan. Mais comme il ne peut s’empêcher de parler aussi de la situation interne, il a répété qu’il souhaitait se retirer du pouvoir, puisque celui-ci « corrompt et a réussi à salir les partis nationalistes qui y ont participé ». M. Joumblatt a commencé par déplorer le silence des régimes de la région face à ce qui se passe en Irak et en Palestine. « Nous devons libérer notre territoire mètre après mètre et libérer nos esprits du désespoir et de toute forme de reddition, a-t-il déclaré. Vous devez persévérer, essayer d’atteindre les postes de décision afin de pouvoir réaliser le changement nécessaire, sans lequel l’avenir restera sombre. » Évoquant la situation des partis politiques arabes, Joumblatt a précisé qu’elle est liée aux régimes en place. « Les partis populaires de masse, comme le Hamas, le Jihad et le Hezbollah, sont hors du pouvoir », a-t-il déclaré, avant d’ajouter qu’une éventuelle reconnaissance d’Israël comme faisant partie du monde arabe signifierait la fin pour « nous tous ». Le silence effarant des régimes arabes Le leader druze a salué les efforts de certaines parties, notamment celles qui organisent inlassablement des congrès et des séminaires hostiles à Israël, alors que les régimes, eux, ne font rien. « Qu’a donc fait le sommet de Tunis pour les Palestiniens qui subissent chaque jour les formes les plus dures de l’oppression, de la répression et de la persécution ? s’est interrogé le leader du PSP. Le silence des dirigeants arabes est effarant. Ils ne savent plus comment baisser l’échine devant les plans américano-israéliens. Le pouvoir arabe a besoin d’un nouveau cadre et, surtout, il faut redonner de l’espoir aux populations en leur donnant la possibilité de se libérer des régimes oppresseurs. Seul le fusil peut réunifier les Arabes et renverser les équilibres dans la région. » Joumblatt a aussi appelé le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, à un rôle plus actif et plus efficace. Mais c’est surtout son appel à l’ouverture des frontières avec Israël devant les résistants, en Jordanie, en Égypte et au Golan, après leur avoir fourni l’armement nécessaire afin qu’ils s’opposent aux « plans colonisateurs israéliens », qui a attiré l’attention des jeunes. « Il faut généraliser l’exemple du Hezbollah et de la résistance islamique, de Naqoura à Rafah », a-t-il affirmé. Le leader druze s’en est violemment pris aux Américains qui, « après avoir utilisé Saddam Hussein jusqu’au bout, sont en train de détruire toutes les potentialités irakiennes ». Il a affirmé se tenir aux côtés de la résistance irakienne et demain aux côtés de l’Iran, « qui sera la prochaine cible américaine ». « La résistance est la seule garantie de l’avenir, qu’il s’agisse du Hezbollah, du Hamas ou du Jihad, ou encore du trio Iran-Syrie-Liban, a affirmé le chef du PSP. Ils sont les seuls à dire non aux États-unis et à tenter de leur mettre des bâtons dans les roues. » Selon lui, si Moqtada Sadr est vaincu, il y aura un autre Saddam Hussein en Irak. « L’argent arabe est en train d’arriver en Irak pour protéger le nouveau régime, a-t-il souligné. Au Vietnam, la résistance a commencé quatre ans après l’occupation, mais en Irak, elle s’est lancée un an après. Nous vivons une course contre la montre, et désormais chaque moment compte. »