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Actualités - OPINION

Des parlementaires pour une loi consacrant les quotas communautaires

On le sait, les sièges sont répartis aux législatives en base de quotas confessionnels. Ce n’est pas le cas pour les municipales. Où un électeur peut choisir, s’il le veut, d’attribuer tous les strapontins à des candidats appartenant à une même communauté. Des députés s’en étonnent. Car, à leurs yeux, on bat ainsi en brèche les principes de parité islamo-chrétienne sur lesquels se fonde l’existence même de ce pays composite. Cela surtout dans les agglomérations à population mélangée. Ils réclament donc une loi des municipales consacrant la règle des équilibres, qui surclasse toute considération d’ordre démographique. En faisant valoir qu’au niveau des localités, le problème est encore plus sensible qu’au Parlement, puisqu’il se rapporte au vécu quotidien de la coexistence. Tant qu’elle se trouve conditionnée par le confessionnalisme politique, il faut en observer les préceptes. Le jour où le Liban aura connu une mutation de mentalité suffisante pour passer outre à ce système, alors on pourra élire les édiles, comme les députés, sans regarder à leur confession. Pour ne retenir que les critères de compétence, de probité et de capacité. Cependant le président Hariri, interrogé sur la nécessité d’une telle loi correctrice, remarque que « dans nos conditions actuelles, l’union nationale est bien plus affaire de volonté consentante que de loi. C’est dans une libre volonté de coexistence que se trouve la garantie de l’avenir du Liban ». Il précise que cette observation ne veut pas dire qu’il serait défavorable à une loi éventuelle. Commentant cette position, les parlementaires cités rappellent l’étendue des efforts déployés par Hariri pour faire respecter l’équilibre confessionnel au sein du conseil municipal de Beyrouth. En effet, il n’a cessé de presser les électeurs de n’opérer des panachages, s’ils le souhaitent, qu’entre candidats d’une même communauté. Autrement dit, et grosso modo, de ne pas remplacer un musulman par un chrétien ou l’inverse. Pour les députés, cet appel insistant est certes louable en soi. Mais, soulignent-ils, on ne peut compter, à chaque élection, sur une initiative privée de cet ordre et il faut que la loi s’en occupe. D’autant que l’inverse risque toujours de se produire. C’est-à-dire que, dans une élection municipale déterminée, des leaders trouveraient intérêt à attiser les tendances confessionnelles sélectives, même si l’opinion n’est pas de cet avis. Ou encore le contraire, à savoir que des électeurs ne voudraient pas suivre des préceptes d’équilibre recommandés par des pôles politiques. Et de citer des précédents, notamment à Tripoli, ainsi que de récents exemples dans diverses localités de province. Allant encore plus loin, certains proposent que Beyrouth soit divisé en arrondissements, comme tant de capitales de par le monde. Ainsi chaque secteur choisirait librement ses représentants. Qui ne seraient plus parachutés par le biais de diktats de leaders ou de présidents, et de marchandages entre forces politiques. Ce modèle, ajoutent ces personnalités, devrait être d’ailleurs appliqué à l’ensemble du pays. Pour assurer une vraie représentation de proximité. Surtout aux législatives, dénaturées comme on sait par les fameux « bulldozers » et autres « bus ». Sans compter que dans le système actuel, les élus de la minorité, musulmane ou chrétienne, se trouvent en fait désignés par la majorité et non par leur collectivité propre. Qui, de ce fait, ne peut plus faire entendre sa voix ni défendre ses intérêts légitimes. Émile KHOURY
On le sait, les sièges sont répartis aux législatives en base de quotas confessionnels. Ce n’est pas le cas pour les municipales. Où un électeur peut choisir, s’il le veut, d’attribuer tous les strapontins à des candidats appartenant à une même communauté. Des députés s’en étonnent. Car, à leurs yeux, on bat ainsi en brèche les principes de parité...