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Actualités - OPINION

Déjà une course contre la montre...

C’est hallucinant. Berry fixe le scrutin au 25 septembre. Dans trente-six petits jours. D’où une fiévreuse course contre la montre. À l’aveuglette, pour le plaisir. Car on ne sait même pas encore si l’on va amender. Ni, à plus forte raison, quels sont les papabili plausibles en cas de fumée blanche pour un conclave électoral normal. En effet, s’il est une précision que ceux qui se prétendent dans le secret des dieux livrent volontiers, c’est que les consultations engagées par Assad ne sont pas contraignantes. D’ailleurs, si l’on a bien compris les messages que recèlent les révélations des pôles entendus, le chef de l’État syrien ne se contente pas d’écouter, de prendre note. Il émet des signaux indicateurs forts. Si forts que des leaders opposés, comme Karamé et Frangié, mais qui se rejoignaient jusque-là dans le rejet de l’amendement, pensent maintenant que la reconduction a le vent en poupe. À soixante pour cent, précise même le ministre de la Santé. N’empêche ; il a été en même temps répété à tous, pour que nul n’en ignore, qu’aucune décision définitive n’a encore été prise. Que toutes les éventualités restent ouvertes. On ne sait même pas si les candidats déclarés ou potentiels seront inclus dans la dernière phase des concertations. On aura droit peut-être dans les prochains jours à une approche plus pointue quand Assad recevra Issam Farès qui a interrompu ses vacances, pour se rendre à Damas en cette fin de semaine. Le chef de l’État syrien devra par la suite rencontrer nombre de figures de proue libanaises et de députés. Dont des membres des blocs Berry et Joumblatt, qui se concerteront par la suite. Au palais des Mouhajirine, l’opération portes ouvertes court jusqu’au 25, en principe. Et le 27, les Syriens reprennent langue avec les Américains, à Rome. Finalement dans l’équation initiale d’Assad, axée sur la libanisation comme sur l’influence syrienne, c’est ce dernier volet qui prime. On comprend aujourd’hui qu’en invitant les Libanais à s’exprimer, il a surtout voulu leur faire cette fleur : cette fois, dans la mesure du possible, on s’efforcerait de tenir compte de leur avis. Sans promettre de le suivre. Pour les observateurs, l’agenda adopté montre par lui-même qu’effectivement, la Syrie n’a pas encore fait ses choix. Ils y voient une preuve dans le fait, tout simple, que dans le cas contraire, Damas se serait contenté d’appeler Berry pour lui transmettre le mot de passe, le mot d’ordre traditionnel. Ensuite Hariri aurait été mis à son tour dans le secret. Donc, selon ces professionnels, tous les scénarios restent envisageables à l’heure actuelle. À ce propos, il y a divergence. Certains loyalistes pensent que l’orientation décisive sera communiquée aux autorités libanaises dès la fin des concertations d’Assad. D’autres estiment qu’il faudra plutôt attendre de voir ce que le dialogue syro-américain, réenclenché le 27, va donner. Du côté des opposants, on observe. Un pôle reconnaît dans ce cadre que les actions de la reconduction remontent en flèche, après avoir atteint, selon lui, la cote zéro. Mais il se hâte de relever que la bouffée d’oxygène aimablement prodiguée aux lahoudistes n’a qu’un but : permettre à la Syrie de garder en main toutes les cartes négociatoires, tous les contre-leviers face aux pressions US. Autrement dit, si l’inverse avait été vrai, si l’élection d’un nouveau chef de l’État avait paru couler à pic, les Syriens l’auraient également repêchée. Cependant, selon les opposants, la reconduction reste hautement improbable. Parce que dans la logique de la politique de dialogue avec l’Occident qu’elle a adoptée depuis des mois, la Syrie ne voudrait pas le défier sur un point aussi peu important pour elle. En effet, ajoutent ces sources, pourquoi s’accrocher à une personnalité déterminée quand on en a tant d’autres sous la main. Pourquoi jouer le rôle peu enviable d’ennemi de la démocratie et de la libre volonté des Libanais. Pourquoi se mettre à dos, pour si peu, non seulement les Américains mais aussi les Français et autres Européens. En outre, et peut-être surtout, la Syrie s’attirerait l’agacement, sinon l’inimitié, de nombre de ses propres fidèles au Liban, en imposant un choix éminemment impopulaire. À commencer, soulignent ces opposants, par Hariri, qui n’est quand même pas quantité négligeable. Dans le même esprit, tout le processus de compréhension mutuelle, sinon de rapprochement, enregistré ces derniers mois sur la ligne Damas-Bkerké se trouverait réduit à néant. On sait que le patriarche Sfeir a applaudi au discours du président Assad à Charm el-Cheikh. Qu’il s’est prononcé, comme lui, contre la guerre américaine en Irak. Et, surtout, qu’il a refusé de jouer les chevaux de Troie au profit des Américains, en se démarquant des pressions que ces derniers exercent sur la Syrie. Ce qui lui a valu des hommages appuyés de la part des Syriens. Qui n’ont cependant jamais, et le prélat l’a regretté à maintes reprises, traduit en actes concrets le rapprochement de vues. Il y a eu quand même détente. Et les opposants ne voient pas pourquoi les Syriens iraient la gâcher. Au moment où, mis en demeure de quitter le Liban par les Occidentaux, ils ont besoin sinon de l’appui du moins de la neutralité bienveillante des pôles de ce pays, et de tous bords. Des pôles qui, dans leur large majorité, sont nettement réticents à l’idée d’une amendement de la Constitution. Philippe ABI-AKL
C’est hallucinant. Berry fixe le scrutin au 25 septembre. Dans trente-six petits jours. D’où une fiévreuse course contre la montre. À l’aveuglette, pour le plaisir. Car on ne sait même pas encore si l’on va amender. Ni, à plus forte raison, quels sont les papabili plausibles en cas de fumée blanche pour un conclave électoral normal.
En effet, s’il est une précision...