Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

TRIBUNE Pour une plus grande ouverture économique Liban-Syrie

par Fouad KHOURY-HÉLOU Le Liban et la Syrie sont dans une situation « d’ouverture économique contrôlée » ou partielle. La Syrie exporte sa main-d’œuvre et ses produits vers le Liban. Le Liban bénéficie de main-d’œuvre et d’importations (notamment alimentaires) bon marché, mais il est surtout le banquier de la Syrie dont il concentre une bonne partie des devises, déposées dans les banques libanaises de manière souvent « officieuse ». Malgré les nombreuses critiques, le Liban tire de cette situation plus d’avantages qu’on ne l’admet. Pourtant, une plus grande ouverture réciproque est nécessaire, car elle pourrait générer pour les deux pays une croissance plus forte. Disons-le tout de suite, le Liban a tout à gagner à accroître une plus grande ouverture réciproque, car son marché est déjà ouvert à la Syrie de manière unilatérale, d’autant que c’est un pays d’économie libérale. De plus, cette ouverture offrirait au secteur commercial et industriel libanais des opportunités importantes en Syrie, de même qu’elle offrirait au secteur financier et bancaire libanais de vastes perspectives (notamment dans le crédit, l’investissement et la Bourse). La question est de savoir comment la Syrie accepterait ou souhaiterait cette ouverture, qui s’accompagnerait inévitablement d’une libéralisation. On touche là à un élément-clé de la gestion des équilibres internes en Syrie. En effet, on y assiste à la coexistence d’une économie administrée (qui concerne notamment les monopoles d’État) et d’une économie « libre » sous contrôle. Cette situation de « tolérance sans acceptation totale » du capitalisme permet d’y maintenir la primauté du politique sur l’économique et donc la stabilité dans sa forme actuelle. En effet, le vrai problème pour la Syrie serait de gérer l’impact sur l’équilibre interne de changements économiques et sociaux importants provoqués par une libéralisation accompagnée de croissance. La Chine, par exemple, avait depuis 1979 créé les « Zones économiques spéciales» ou ZES, enclaves capitalistes en territoire chinois concentrant les industries et la croissance, tandis que Hong Kong agissait comme intermédiaire avec l’extérieur. De cette façon, elle limitait l’impact du changement à certaines zones et rendait celui-ci progressif. Le problème est que la Syrie est beaucoup plus petite que la Chine, et que l’impact du changement se répandrait rapidement partout. D’où la pause actuelle dans la libéralisation. Mais à plus long terme, la nécessité de générer la croissance économique et d’offrir un emploi à la masse des jeunes rendra inévitable l’ouverture à l’Europe et aux pays arabes, dont l’Irak et le Golfe. Ne nous y trompons pas, la Syrie a besoin de la coopération du monde extérieur pour maintenir la stabilité. Cela montre la taille des enjeux à long terme dans les actuelles négociations syro-américaines. Quant au Liban, il a un rôle économique important à jouer pour la Syrie, dans lequel il a beaucoup à gagner. En effet, l’économie syrienne affrontera probablement à l’avenir des goulots d’étranglement importants au plan micro-économique, au niveau des ressources humaines, de la bonne allocation des capitaux et de l’accès aux marchés internationaux, sans parler des nombreuses faiblesses institutionnelles. Or le Liban dispose de tous ces atouts et compétences qui manquent à la Syrie. La coopération et l’ouverture réciproque entre les deux pays sont donc inévitables, quels que soient les régimes politiques.
par Fouad KHOURY-HÉLOU

Le Liban et la Syrie sont dans une situation « d’ouverture économique contrôlée » ou partielle. La Syrie exporte sa main-d’œuvre et ses produits vers le Liban.
Le Liban bénéficie de main-d’œuvre et d’importations (notamment alimentaires) bon marché, mais il est surtout le banquier de la Syrie dont il concentre une bonne partie des devises, déposées...