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Actualités - OPINION

CITOYEN GROGNON Histoires pétaradantes

Telles des mouches, ils sautent devant vous, venant de partout, venant de n’importe où, au moment où vous vous y attendez le moins. Sur leurs deux roues pétaradantes, ils ignorent les règles les plus élémentaires de bonne conduite, jouant avec leur vie et celle des autres. Sur l’autoroute, alors que vous conduisez à une allure moyenne sur la voie de droite, il y en aura toujours un, de ces motards sans casque roulant à tombeau ouvert, pour vous doubler par l’extrême droite. Et puis vous faire une jolie queue de poisson, avant d’aller taquiner un tantinet l’automobiliste qui vous précède. Peut-être se croit-il sur un circuit de Grand Prix moto ? Dans votre quartier, alors que vous vous engagez dans une ruelle étroite à sens unique, que de fois n’avez-vous pas freiné à mort pour éviter de renverser la mobylette d’occasion, improvisée en livreur de fast-food. Elle fonce sur vous à toute allure et s’obstine à prendre tous les sens interdits de la capitale, histoire de contenter des patrons pas trop regardants et une clientèle toujours trop pressée. Miracle ! Vous avez réussi à l’éviter, vous en tremblez encore d’émotion, mais imperturbable, inconscient surtout, ce livreur poursuit sa course folle, quitte à aller couper le souffle à un autre automobiliste. À-t-il seulement réalisé qu’il vient d’échapper à la mort ? Alors que vous êtes coincé dans un embouteillage, pare-chocs contre pare-chocs, et que vous tentez de garder ce qui vous reste de nerfs, une nuée de scooters et autres véhicules à deux roues vous assaillent. Par la droite, par la gauche, en travers de la route, fuyant l’autre voie tout aussi embouteillée, ils frôlent les voitures, l’une après l’autre, fiers comme Artaban d’avoir gagné quelques mètres sur vous. Vos pare-chocs ? Vos rétroviseurs ? Vos voitures flambant neuves dont vous vous échinez à payer la traite à la fin de chaque mois, sont bien le dernier de leurs soucis ! Ils sont trop pressés. Et puis au carrefour où vous vous efforcez de respecter les consignes d’un flic débordé, qui s’en prend toujours aux conducteurs un peu distraits, mais qui est systématiquement touché par la myopie dès qu’un motard se présente, pourquoi n’êtes-vous pas surpris de constater que le code de la route, si code de la route il y a, c’est à vous et vous seul qu’il s’applique ? Le motard, après avoir majestueusement fait un pied de nez à l’agent de faction, vous salue dédaigneusement en se dressant sur une seule roue et poursuit son chemin, imperturbable. Indifférent à l’hystérie collective qu’il provoque. Les carrefours, les feux rouges, ce n’est pas pour lui ! Et puis la nuit, cette nuit d’été où il fait chaud, où vous avez de la difficulté à respirer, où vous ouvrez bien grandes les fenêtres pour tenter de récolter un peu d’air frais, c’est le vacarme tonitruant d’une moto gros calibre, au tuyau d’échappement crevé, dont vous devez vous contenter en guise de berceuse. Indifférente à votre insomnie, elle sillonne les quartiers paisibles et vous impose son refrain pétaradant. Quotidiennement. Impunément. Cette cacophonie autant nocturne que diurne, cette anarchie provoquée par ces motards qui règnent en maîtres absolus sur nos routes, il ne vous reste plus qu’à vous en accommoder. Car les promesses du gouvernement, qui se limitent à quelques journées sécuritaires, tout au long de l’année, il y a belle lurette que le citoyen n’y croit plus. Anne-Marie EL-HAGE
Telles des mouches, ils sautent devant vous, venant de partout, venant de n’importe où, au moment où vous vous y attendez le moins.
Sur leurs deux roues pétaradantes, ils ignorent les règles les plus élémentaires de bonne conduite, jouant avec leur vie et celle des autres.
Sur l’autoroute, alors que vous conduisez à une allure moyenne sur la voie de droite, il y en aura...