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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Carte blanche pour «Cartons Rouges» Josyane Boulos, une femme décidée(photos)

Il y a quelques années, presque 10 ans, elle a eu carte blanche pour rédiger ses impressions dans des papiers drôles ou cyniques, qui ressemblaient quelquefois, désespérément, à des contes de la folie ordinaire. De l’embouteillage au match de foot, en passant par les réceptions, le coiffeur et le téléphone, Josyane Boulos s’est amusée à dresser des portraits robots fort réussis de nos chers concitoyens. Elle les a réunis dans un livre paru en juillet dernier et naturellement intitulé «Cartons Rouges». C’est une femme qui ne mâche pas ses mots. Elle écrit comme elle parle, en toute franchise, «avec les mêmes fautes d’orthographes», ajoute-t-elle. Et lorsqu’elle se permet de critiquer et de caricaturer, elle commence, sans problèmes ni complexes, par elle-même. Le regard en éveil et les sentiments à fleur de peau, même si elle aime bien jouer les dures, Josyane Boulos voit tout, fait passer le moindre détail dans sa tête-scanner avant de l’archiver dans sa mémoire émotionnelle. D’ailleurs, son livre Cartons Rouges – en référence au carton rouge des footballeurs, une «punition qui a le pouvoir de punir les gens au point de les priver de jeu» – est dédié à «tous ceux qui m’ont inspirée, les bons comme les mauvais.» Seule note un peu mélancolique avant qu’elle ne se lance, sur 223 pages, dans un humour incisif et un peu cruel. Mais tout cela reste de l’humour. «J’avais envie de réunir ces textes pour qu’ils ne disparaissent pas.» On le comprend bien au fil des pages, Josyane déteste les embouteillages, la méchanceté des femmes – méchanceté ou bêtise, on ne sait pas trop –, les signes extérieurs du machisme ambiant: désordre chez soi, égoïsme, match de foot et conduite sur le ring ou ailleurs. Toute ressemblance avec une personne connue n’est certainement pas fortuite. Sans les nommer, on peut reconnaître dans chacun de ces tableaux le mari, l’amant, la voisine, tante Huguette ou votre meilleure amie. On peut même parfois s’y retrouver un peu! La passion de la communication Josyane Boulos, digne fille de Jean-Claude, a hérité de lui une énergie qu’elle distribue inlassablement dans de nombreux projets. «Mon père dit que le pluriel de boulot, c’est Boulos!» On ne saurait mieux dire. Josyane, souvenez-vous, a fait ses débuts à la télévision, «un peu par accident», dit-elle avant de poursuivre: «Suite au décès de Gaston Chikhani, je suis devenue co-animatrice – à l’essai – avec mon père.» L’essai satisfait le père et le public. Josyane fera de la télé 10 ans durant. On la verra notamment dans «Malaëb», «Zouar el-massa» et «Ahad al-hawa». «J’aimais ce côté direct qui donnait du bonheur aux gens.» En 1990, après avoir été blessée, elle quitte le petit écran et le Liban pour deux courtes années. «L’écriture est venue à cause de la télévision. Dans mon émission Ahad al-hawa, j’avais une rubrique culinaire. C’est Mouna Béchara, directrice de la rédaction de Magazine, qui m’a proposé de tenir la rubrique culinaire de Femme Magazine.» Bien que piètre cuisinière, elle accepte. «En 1996, j’étais coincée dans un embouteillage et l’envie m’est venue de distribuer des cartons rouges», précise-t-elle par ailleurs. Elle le fera, à des lecteurs assidus qui vont la lire jusqu’en 2003, lorsqu’elle décide d’arrêter ces articles, pour ne pas se répéter, troquant ses Cartons rouges contre Feu rouge, une nouvelle rubrique, «un arrêt sur des questions existentielles, conçu autour d’une femme». Parallèlement, elle continue, à travers sa société «Urban Art», qu’elle partage avec sa mère et son autre associé Johnny Fenianos, de créer des évènements culturels et artistiques. Le dernier en date, «La fête de l’été», se tiendra, comme chaque année, à Faqra Club, du 11 au 15 août. Et se consacre aussi à l’association al-Majal, «un centre de loisirs créé, avec l’aide de l’Association de Beyrouth pour le développement social, il y a trois ans, pour les enfants différents.» Elle a également écrit une pièce de théâtre pour enfants, prévue pour septembre. Pour le reste, Josyane aimerait surtout «continuer à réussir mon travail et écrire un roman – car éditer Cartons Rouges fut une des plus belles émotions de ma vie, après mes deux accouchements! – Il est temps que je m’y mette», conclut-elle, presque impatiente. Carla HENOUD

Il y a quelques années, presque 10 ans, elle a eu carte blanche pour rédiger ses impressions dans des papiers drôles ou cyniques, qui ressemblaient quelquefois, désespérément, à des contes de la folie ordinaire. De l’embouteillage au match de foot, en passant par les réceptions, le coiffeur et le téléphone, Josyane Boulos s’est amusée à dresser des portraits robots...