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Actualités - OPINION

Présidentielle - L’échéance automnale, l’un des points de surenchères entre Washington et Damas Le dialogue syro-US suspendu sur fond de divergences portant sur le Liban

Le premier round des discussions américano-syriennes, qui s’est tenu au début du mois à Washington, a été suspendu et reporté à la fin août en raison de sérieux différends apparus entre les deux parties au sujet du dossier libanais. C’est ce que rapportent des sources locales dignes de foi, sur base d’informations en provenance de la capitale fédérale. Les divergences syro-US auraient porté essentiellement sur la présence syrienne au Liban, la situation des camps palestiniens dans le pays, ainsi que le problème du déploiement de l’armée libanaise à la frontière avec Israël. Sans compter, évidemment, l’échéance présidentielle, Washington réaffirmant à ce sujet la position définie à maintes reprises par l’Administration Bush. Côté syrien, le président Bachar el-Assad avait déjà donné le ton sur ce plan. Les Libanais sont libres de choisir, avait-il dit. Pour enchaîner tout de suite en traitant de doux rêveurs, entendre de naïfs, ceux qui mettent en question l’influence décisive de la Syrie dans ce pays. Richard Armitage, numéro deux du département d’État US, n’est pas en reste. Alors que Bush, Condoleezza Rice et Colin Powell n’ont cessé d’attaquer la Syrie sur le point de la présidentielle libanaise, en lui enjoignant de ne pas s’en mêler, Armitage sème le trouble par une petite phrase sibylline. Car il soutient que cette présidentielle concerne en même temps le gouvernement syrien et le gouvernement libanais. Pour ajouter à la confusion, il somme la Syrie de se retirer d’ici. Et lui adresse une menace à peine voilée, en lui rappelant ce qu’il est advenu au Baas en Irak... Bien entendu, à Beyrouth, ce petit jeu du chat et de la souris ne fait qu’aggraver la confusion ambiante. Les professionnels, ne sachant plus sur quel pied danser, se perdent en conjectures. Que veulent les grands électeurs ? Mais il est peut-être peu pertinent de vouloir en sonder les intentions. Car si elles se trouvent de la sorte, et des deux côtés, dissimulées derrière un écran de fumée, c’est pour une bonne raison partagée. À savoir qu’au stade présent, la Syrie et les États-Unis amorcent une difficile négociation bilatérale. Il est donc normal qu’ils se livrent réciproquement à des surenchères autour de ce plateau commun qu’est la scène libanaise. Et plus particulièrement cette présidentielle sur laquelle ces protagonistes se sont si souvent entendus par le passé. On retiendra dans cet ordre d’idées les récentes explications US sur les déclarations d’Armitage. On y lit que ces propos ne traduisent pas une position nouvelle. Mais veulent signifier que l’Amérique n’est pas concernée par la présidentielle libanaise comme la Syrie peut avoir l’impression de l’être. Autrement dit, Washington fait savoir aux Syriens qu’ils ne doivent pas se fatiguer à tenter d’utiliser la présidentielle libanaise comme un levier de pression. Parce que, pour sa part, il n’est pas du tout intéressé. De plus, indiquent les commentaires US, Damas doit se rappeler ce que Bush, Rice et Powell lui ont dit : pas d’immixtion, cette fois, dans la présidentielle libanaise, et d’une. Alternance à la tête de l’État libanais, et de deux. Retrait militaire rapproché, et de trois. En fait, Armitage est spécialement qualifié pour s’adresser aux Syriens. Car c’est lui qui a conduit la délégation US aux pourparlers qui ont eu lieu avec les Syriens au début du mois en cours à Washington. Des échanges qui se sont arrêtés le 7 mais qui devraient reprendre dans deux semaines, quelque part en Europe. Bien entendu, les deux parties n’ont rien laissé filtrer des entretiens. Mais la sortie d’Armitage laisse penser qu’il n’y a pas eu de détente, de progrès effectué. Et ce serait normal : le contentieux est aussi lourd que tendu. On sait en effet que l’Amérique exige de la Syrie une attitude plus claire, plus positive, moins infiltrée, en Irak. Un désengagement vis-à-vis des organisations palestiniennes hébergées à Damas. Une neutralisation du Hezbollah. Un nettoyage des camps palestiniens du Liban, pour que le contrôle en soit remis aux autorités libanaises. Cette question devient pratiquement la plus importante pour les Américains, parce que, dans leur hantise de la lutte contre le terrorisme, ils pensent que les camps palestiniens du Liban constituent un refuge, un antre de terroristes internationaux. Ils réclament enfin un retrait des troupes syriennes cantonnées dans ce pays. La Syrie, bombardée d’exigences aussi pointues, profite sans doute de l’avantage que lui donne l’entrée en campagne présidentielle des États-Unis. En principe, d’ici à l’élection, Washington ne devrait pas prendre à son encontre de mesures dramatiques. Du même coup, estiment les professionnels libanais, la Syrie garde une assez large marge de manœuvre en terme de présidentielle libanaise. Mais du fait même qu’elle est en train de négocier, il est peu probable qu’elle opte pour des choix qui provoqueraient une rupture avec les États-Unis. En même temps, il est également peu vraisemblable qu’elle laisse Armitage la menacer ouvertement sans réagir quelque part. Donc, on en est pratiquement entre deux chaises. Et, répétons-le, il serait vain de spéculer sur les intentions des uns ou des autres en ce qui concerne notre présidentielle. Tant que toutes les cartes n’ont pas été abattues sur la table des pourparlers. Philippe ABI-AKL
Le premier round des discussions américano-syriennes, qui s’est tenu au début du mois à Washington, a été suspendu et reporté à la fin août en raison de sérieux différends apparus entre les deux parties au sujet du dossier libanais. C’est ce que rapportent des sources locales dignes de foi, sur base d’informations en provenance de la capitale fédérale. Les divergences...