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Publication - La « Revue du patriarcat » revoit le jour De Hoayek à Sfeir, un même combat contre l’émigration

La Revue du patriarcat maronite vient de reprendre ses publications, après une période d’interruption. Le numéro trente de la revue – fondée en 1929, puis relancée une première fois en 1986 par le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir –, dont le directeur de la rédaction est M. Antoine Saad, réunit un certain nombre d’homélies et de discours prononcés récemment par Mgr Sfeir, tout comme il regroupe les communiqués publiés par l’Assemblée des évêques maronites entre le 7 janvier et le 7 avril 2004. On peut également y trouver un article de l’archevêque maronite d’Antélias, Mgr Youssef Béchara, sur le synode maronite, un autre sur les maronites en Europe, rédigé par Mgr Samir Mazloum, et un troisième, d’Antoine Saad, sur l’histoire des synodes maronites et leur lien avec la « nahda ». Mais il a surtout le mérite de mettre à la disposition du public certains documents rares, conservés au patriarcat maronite, concernant notamment l’action émérite et chevronnée du patriarche Élias Hoayek pour enrayer l’émigration au début du XXe siècle et pour améliorer les conditions de vie de sa communauté, notamment avec les autorités de tutelle – à savoir la Sublime Porte à l’époque. Dans ces quelques pages de documents, dont une partie est en langue française, l’on découvre un patriarche Hoayek hanté par la question de l’émigration des maronites vers des contrées étrangères et cherchant des solutions pour enrayer ce processus qu’il sait dangereux, destructif pour le Liban. « Toutes les aspirations des Libanais et tous les desiderata qu’ils formulent depuis plusieurs années visent, au fond, un seul et même but : arrêter le courant de l’émigration qui désole le pays et lui enlève ses forces vives, et ramener, s’il est possible, ses enfants disséminés sous tous les cieux. Pour atteindre ce but, assurer l’avenir du Liban et contribuer, dans une certaine mesure, au progrès et à la prospérité de la Syrie, entière, il n’existe qu’un moyen pratique et efficace : trouver une occupation à l’activité de la jeunesse, assurer à tous le pain et leur faire espérer la possibilité d’un avenir meilleur afin de contenir par là l’esprit d’émulation et les rêves de fortune dont une imagination très vive berce leur âme inquiète. » Ces propos ne datent pas d’hier, et ils n’ont pas été formulés par le patriarche Sfeir. On pourrait pourtant s’y méprendre. Ils ont été écrits en 1905 par Mgr Hoayek, dans un document intitulé « Note sur le Liban ». Autre passage tiré du texte, autres similitudes troublantes, si ce n’était les références historiques : « Tous ceux qui ont vu de près les Libanais, soit au Liban, soit en Égypte ou ailleurs, ont pu se rendre compte de leur réelle valeur. Intelligents, souples et laborieux, ouverts au progrès, susceptibles de discipline, quel bien ne rendraient-ils pas à leur propre pays, si on voulait bien le leur conserver ! Quand on songe surtout aux effets de leur exemple et aux milliers d’émigrants, chrétiens et musulmans, qui les ont suivis dans toutes les directions, on sent plus vivement la nécessité de remédier radicalement à ce mal terrible. En élargissant les frontières du Liban, une grande partie de ses forces qui s’use éparpillée retrouverait son emploi dans sa patrie, améliorerait le sort de la population syrienne et ferait valoir les terres immenses que l’incurie de l’Administration actuelle abandonne au brigandage et à la désolation. La sécurité et la justice une fois établies, les changements surviendront avec rapidité et le bien, qui ne tardera pas à être réalisé, s’étendra, par la force des choses, aux régions environnantes. L’Empire ottoman n’aura qu’à se louer du sacrifice consenti, et la plus-value générale, dans les autres parties de la Syrie, compensera amplement pour lui la session des districts nécessaires à la vie du Liban. » Dans sa note, Mgr Hoayek évoque également la nervosité du monde musulman en raison des événements régionaux, des conquêtes occidentales et autres « projets mystérieux »... Autant de points communs qui rappellent l’action menée à l’heure actuelle par le patriarche maronite pour mettre le Liban à l’abri de la tourmente régionale et encourager les émigrés à rentrer au bercail. Entre Mgr Hoayek et Mgr Sfeir, une même hantise, un même souci exprimé haut et fort qui sous-tend l’action politique, au sens noble du terme : freiner ce terrible fléau qu’est l’émigration et qui menace l’existence même du Liban.

La Revue du patriarcat maronite vient de reprendre ses publications, après une période d’interruption.
Le numéro trente de la revue – fondée en 1929, puis relancée une première fois en 1986 par le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir –, dont le directeur de la rédaction est M. Antoine Saad, réunit un certain nombre d’homélies et de discours prononcés récemment...