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Actualités - OPINION

EN DENTS DE SCIE - Une vacance, des vacances

Trente-deuxième semaine de 2004. La République prend ses énièmes vacances. Et celles-ci, parce qu’aoûtiennes, pourraient paraître plus légitimes. Le sont-elles réellement pour autant, à l’heure où le pays a besoin, au quotidien, d’attention, de soins, de sueur et d’une présence adulte, réfléchie, responsable ? L’exact opposé de la vacance ou de la vacuité. Trente-deuxième semaine de 2004. Avant que de s’en aller pour des horizons moins pollués, les Trente ont approuvé, à deux mois de la fin de l’actuel mandat, le projet de loi, amendé, sur l’assurance-vieillesse. Certes, Émile Lahoud et Rafic Hariri ont eu la (très) bonne idée de faire un joli pied de nez aux nombreux Cassandre qui pariaient, espéraient, une nouvelle scène de ménage d’un Exécutif en plein divorce. Ils ont même réussi à s’attirer les foudres, plutôt justifiées, de leur imprévisible partenaire de la troïka, Nabih Berry. Il n’empêche, aucun d’entre eux n’a encore trouvé la réponse aux angoisses mathématiques des Libanais : comment la Sécurité sociale payerait-elle, vu l’état actuel de ses finances, cette nouvelle retraite alors qu’il lui est particulièrement difficile, parfois impossible, de rembourser une boîte d’aspirine ? Voilà qui pourrait faire l’objet d’un sympathique devoir de vacances pour tout le monde. Trente-deuxième semaine de 2004. 5 août 2001-5 août 2004 : troisième anniversaire d’un Liban triomphant. 7 août 2001-7 août 2004 : troisième anniveraire d’un Liban dégénérescent. Jeudi, à Dimane, il y a eu le regard fièrement complice de deux hommes. Rien que pour ces yeux dans les yeux ; rien que pour ce « tu te souviens comment on a réussi, il y a trois ans, combien c’était plus fort, plus haut, plus loin... » ; rien que parce qu’ils ont défié tous les rapaces, tous ceux qui pariaient sur les divisions intestines pour mieux régner ; rien que parce qu’ils ont gagné leur pari, malgré ces petits riens à propos desquels, aujourd’hui, leurs opinions peuvent diverger ; rien que parce que moins de 48 heures après la réconciliation de la Montagne, les bras armés du pouvoir se déchaînaient contre les jeunes, les étudiants, leur foi, leurs croyances, leurs libertés – prouvant ainsi aux Libanais et au monde l’importance de l’initiative Bkerké-Moukhtara ; rien que pour cela, Nasrallah Sfeir et Walid Joumblatt méritent amplement quelques jours au soleil. De repos. Qu’ils n’utiliseront naturellement pas pour regarder, avec un sourire désolé, les autres, tous les autres, quel que soit le poste qu’ils occupent ou la communauté à laquelle ils appartiennent, se déchirer sans pitié. Trente-deuxième semaine de 2004. Quelques très grands écrivains ou scénaristes de science-fiction avouent volontiers que c’est en été, au moment des grandes chaleurs, et notamment en vacances, qu’ils écrivent leurs meilleurs passages, qu’ils arrivent à laisser galoper le plus librement possible leur imagination. Ces sept derniers jours, le procureur général, Adnane Addoum, a ordonné la réouverture du dossier de l’imam Moussa Sadr, demandant de procéder à l’interrogatoire de toutes les personnes impliquées, y compris le n°1 lybien, Mouammar Kadhafi. Ces sept derniers jours, le chef des rebelles tchétchènes, Aslan Maskhadov, a laissé entendre que ses hommes tueraient le vainqueur de la présidentielle tchétchène du 29 août. Quel qu’il soit. Parce que, dit-il, le vainqueur de cette élection ne sera de nouveau rien d’autre que le pion de Moscou. La science-fiction a ceci de radicalement agréable qu’elle restera, en toutes circonstances, du moins pour l’instant, une affaire de romans et de cinéma. Affaire de loisirs, de vacances donc. Bonne(s) vacance(s). Ziyad MAKHOUL
Trente-deuxième semaine de 2004.
La République prend ses énièmes vacances. Et celles-ci, parce qu’aoûtiennes, pourraient paraître plus légitimes. Le sont-elles réellement pour autant, à l’heure où le pays a besoin, au quotidien, d’attention, de soins, de sueur et d’une présence adulte, réfléchie, responsable ? L’exact opposé de la vacance ou de la...