Choueifate : une bataille druzo-druze entre joumblattistes et arslanistes

La bataille à Choueifate est on ne peut plus claire, du moins en apparence : deux listes, l’une soutenue par le chef du PSP Walid Joumblatt, l’autre par le ministre Talal Arslane, se sont opposées au milieu d’un dispositif sécuritaire particulièrement renforcé. L’ombre des altercations qui ont eu lieu la semaine dernière entre des partisans de l’une et l’autre liste a plané sur le scrutin, qui s’est toutefois déroulé dans un calme absolu. Entourés par les tanks de l’armée qui s’est déployée en force sur les lieux, les électeurs ont, dans l’ensemble voté par listes complètes en faveur de l’un ou l’autre camp. Étroitement supervisé par le PSP et le Parti démocratique de Talal Arlsane, le scrutin a été marqué par une participation relativement faible. Pour les partisans du ministre Arlsane, « l’enjeu n’est pas politique, mais familial, marqué par une représentation des communautés chrétiennes, auxquelles le parti a voulu accorder une attention particulière ». Sur un total de 18 candidats, 6 sièges ont été réservés aux chrétiens sur la liste de Talal Arslane, 5 sur celle de M. Joumblatt, avec 11 sièges pour les druzes et un seul pour les sunnites dans les deux listes. Très controversée, la présence de Haytham Anis Jurdi, un ancien milicien PSP, n’a pas manqué de susciter de vives critiques au sein des électeurs druzes, et même au sein de la famille Jurdi dont plusieurs membres ont affirmé qu’ils ne voteraient pas pour lui. « La seule présence de ce candidat pourrait remettre en cause les chances de succès de la liste joumblattiste », a affirmé l’un des votants. « Au contraire, rétorque un membre du PSP, nous sommes fiers de lui. C’est quelqu’un qui s’est sacrifié pendant plus de 25 ans pour le parti. » Des informations ont également fait état de la présence de deux candidats dits indépendants mais qui appartiennent en réalité au PSP, « une tactique pour soutirer aux candidats chrétiens de la liste des voix en faveur des deux candidats joumblattistes », commente un délégué du Mouvement démocratique. Autre reproche adressé cette fois-ci aux deux listes, le fait que les minorités – les chiites, les grecs-orthodoxes et les Arméniens – ne sont pas représentées, alors que les sunnites, un peu plus nombreux certes (12 % ), ont obtenu un siège dans chacune des listes. Je.J.