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Actualités - CHRONOLOGIE

Tous les gouvernants responsables des erreurs du régime

Si le président a perdu tous ses pouvoirs, comment expliquer les différences dans la pratique entre les deux derniers mandats ? « Cela tient à la personnalité des deux occupants de la charge et au fait que le président actuel a des appuis au sein d’organismes particulièrement influents, et dont son prédécesseur ne disposait pas, souligne Jean Salem. Déjà, à l’époque du président Hraoui, on avait pu observer qu’en réalité, le président était parvenu à jouer un rôle assez modeste, mais non négligeable, en dépit du fait que la Constitution l’avait privé de tout pouvoir. Sous son successeur, le président Lahoud, on a assisté à un rôle grandissant du président, mais en marge des dispositions constitutionnelles, ce qui ne doit pas nous étonner, du fait que dans tous les États, à notre époque, le phénomène de la personnalisation du pouvoir – je ne dis pas du pouvoir personnel – est particulièrement accentué. Il n’est pas scandaleux que le président ait cherché à garder à la présidence un statut allant au-delà d’une simple fonction symbolique de représentation, et ses adversaires sont mal fondés à le lui reprocher. Le problème soulevé à l’heure actuelle à la veille de la présidentielle ne devrait pas se limiter à l’article 49. Ils devraient s’étendre au statut même de la présidence, aux attributs qui devraient être ceux du chef de l’État. » Quelle position faut-il adopter face à l’amendement constitutionnel ? « Il faut en fait poser le problème sur deux points : sur le terrain des principes, puis sur celui de l’opportunité politique. Sur le terrain des principes, on fait valoir que la Constitution n’est pas un chiffon de papier et qu’il ne faut pas la malmener en la manipulant à tout moment. Une Constitution qui ne jouirait pas d’une stabilité suffisante, qui serait sujette à des modifications conjoncturelles et dictées par des intérêts liés à des personnes, finirait par être décriée, déconsidérée. Le principe d’une révision constitutionnelle, même si elle devait être faite en faveur d’un homme, ne doit pas être exclu a priori. Certaines circonstances peuvent légitimer des révisions constitutionnelles qui en temps normal ne devraient pas être permises. » « Sous l’angle pratique, les adversaires du président Lahoud ne souhaitent pas sa réélection, et ils sont libres de leur choix. Ce qu’il faut reprocher indiscutablement, non pas à la personne du président, mais au régime en cours, c’est d’abord l’inféodation totale de l’État à l’occupant-tuteur, qui humilie et meurtrit le sentiment national. Ensuite, la corruption qui a atteint un degré ahurissant. Et, enfin, le muselage des libertés publiques, dont ont eu à pâtir même des étudiants universitaires qui souhaitaient manifester pacifiquement dans la rue pour demander la fin de l’occupation étrangère. Les fautes du régime paraissent donc difficiles à excuser. Il n’en reste pas moins que ce sont les fautes d’un régime et non pas d’une personne déterminée. S’y trouve impliqué l’ensemble de la hiérarchie gouvernante, et non le seul président. Ainsi, à aucun moment on a vu le président de la Chambre ou le Premier ministre protester contre les atteintes aux libertés publiques. Refuser par principe le droit à la réélection au président reviendrait à sanctionner politiquement un homme, alors que la même sanction devrait s’étendre aux autres détenteurs du pouvoir. » « Il faut sortir de cette sorte de manichéisme qui consiste à s’accommoder de tous les abus et à sortir ensuite une déclaration affirmant qu’on n’est pas responsable de cette situation. Juridiquement, politiquement, moralement, le Premier ministre est responsable au sens précis du terme de tout ce qui relève de la gestion gouvernementale et il ne devrait pas échapper aux conséquences de cette responsabilité du simple fait qu’il se lave les mains lorsqu’un abus est dénoncé, alors qu’il était de son devoir de prévenir ou de réprimer cet abus. » Jean Salem déplore enfin l’état de division et l’irresponsabilité de l’opposition, qui a une tâche lourde et une fonction nécessaire dans les circonstances actuelles, appelant les jeunes à faire leur la devise de la maison d’Orange : « Je maintiendrai », face aux deux fléaux de la répression et de l’émigration.
Si le président a perdu tous ses pouvoirs, comment expliquer les différences dans la pratique entre les deux derniers mandats ?
« Cela tient à la personnalité des deux occupants de la charge et au fait que le président actuel a des appuis au sein d’organismes particulièrement influents, et dont son prédécesseur ne disposait pas, souligne Jean Salem. Déjà, à l’époque...