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Promesse ferme du régime : des municipales sans pusillanimité

En français, c’est presque un anagramme sonore : pas de pusillanimité dans les municipales. C’est ce que promet, fermement, le régime. En effet, le président Lahoud confirme devant ses visiteurs la tenue de cette échéance. En invitant les Libanais à exercer leur droit, mais aussi leur devoir, civique. Pour exprimer leur volonté sur des sujets relatifs à l’essor des communautés locales. L’accent est mis de la sorte sur le caractère « développement ». Mais la politique, dans le bon sens du terme, ne perd pas ses droits. Car le chef de l’État exhorte vivement la population à promouvoir, par ses choix même, la convivialité, l’union nationale. En évitant de discriminer, d’exclure certaines communautés. Et en participant au vote dans un esprit consensuel, national. Il précise que les Libanais doivent prendre bien garde à ne pas transformer l’occasion en règlements de comptes politiques. Pour rappeler, avec insistance, que l’œuvre municipale est, par nature même, de développement, travail conçu dans l’intérêt de tous. Le président Lahoud assure enfin que l’État, pour sa part, fera son devoir. En veillant à instaurer un climat propice à la liberté d’expression, à la transparence et à la démocratie bien comprise. Le message est clair. Il écarte la politisation politicienne de l’échéance. Et il fait un sort aux insinuations attribuant à l’État l’intention de se dérober à ses obligations, en reportant le scrutin. Les deux éléments se côtoient du reste. Car ce sont des franges opposantes qui s’inquiètent d’un éventuel ajournement. Et ce sont ces mêmes parties qui s’efforcent de politiser le rendez-vous, pour un bras de fer (là où c’est possible) avec le pouvoir. Dans les faits, cependant, rien ne sera finalisé avant le dimanche 28 du mois en cours. C’est en effet ce jour-là, marquant le début du délai légal de deux mois avant la première des quatre étapes dominicales en mai, qu’Élias Murr proclamera officiellement le lancement de l’opération et en confirmera les détails. Mais en principe, dès ce jeudi le soir sur les ondes de la LBCI, le ministre de l’Intérieur doit s’épancher sur le sujet et faire, sans doute, une annonce préliminaire. Qui insisterait, dans le droit fil de la pensée présidentielle, sur le calme, le consensus, l’esprit sportif, le respect des lois, la sécurité, la transparence, la démocratie, le souci de l’intérêt public. Les loyalistes proches du régime n’en démordent pas : le pouvoir n’a ni listes ni candidats. Ce qui signifie qu’en voulant l’attaquer politiquement, l’opposition ne fait que porter un coup d’épée dans l’eau. Les loyalistes affirment qu’en s’acharnant à politiser une consultation d’intérêt collectif social et économique, on rend un bien mauvais service au pays. Et on porte un coup à des efforts profitables aux agglomérations, du moment que leur développement est tributaire d’un bon climat d’entente entre habitants concernés. Autrement dit, jouer sur les tensions reviendrait à entraver les projets d’utilité politique, estiment les loyalistes. Pour ces derniers, l’opposition fait fausse route et commet une erreur qui devrait se retourner contre elle. C’est-à-dire qu’à leur avis, les gens vont se détourner des appels à une mobilisation politique manifestement contraire à des intérêts relevant d’un vécu aussi commun que quotidien. Un exemple : s’il faut de nouvelles canalisations dans un village, on ne voit pas à quoi cela sert d’être pour ou contre le pouvoir central. Par contre, on voit très bien que ces canalisations ne seraient pas installées si des fractions faisaient de l’obstruction pour des considérations soi-disant politiques. Ce serait en quelque sorte le syndrome de Samson abattant les colonnes du temple en s’exclamant : sur moi et sur mes ennemis ! Ce qui voudrait dire détruire plutôt que de construire. Bien entendu, les opposants ne voient pas le tableau de la même manière et ne l’entendent pas de cette oreille. Ils se défendent de se tromper de cible et de timing. En affirmant qu’au Liban, par la faute du système tel qu’il est exploité, tout est politique, tout est fatalement politisé. Retournant aux loyalistes leur exemple de canalisations, ils font valoir que si un conseil municipal n’arrache pas les crédits qu’il lui faut au pouvoir central, les travaux ne sont pas réalisés. Ils ajoutent que le camp qui tient les rênes soumet les édiles, les asservit, pour conforter son influence politique, par ce biais des finances. Ainsi que par le biais de l’acceptation ou du refus de projets qui lui sont présentés. Les conseillers municipaux, autant que les moukhtars qui doivent être élus parallèlement, sont souvent des courroies de transmission notoires à l’occasion des législatives ou des meetings politiques. Sans compter les festivals et autres manifestations festives placés sous des égides déterminés, tel ou tel ministre, tel ou tel député, pour un effet de promotion politique certaine. Pour un peu, les opposants rappelleraient la célèbre série des Don Camillo, mettant aux prises Fernandel et Gino Cervi, dans des affrontements homériques entre un curé et un maire communiste, Peppone. La différence est que ces deux-là s’aimaient bien finalement. Ce qui ne semble pas être le cas pour les protagonistes locaux. Entre autres, au Metn, où l’opposition n’a toujours pas avalé l’action du pouvoir dans la législative partielle. Ce précédent est d’ailleurs cité par les contestataires pour mettre en doute les promesses de neutralité étatiques dans les municipales. Philippe ABI-AKL
En français, c’est presque un anagramme sonore : pas de pusillanimité dans les municipales. C’est ce que promet, fermement, le régime. En effet, le président Lahoud confirme devant ses visiteurs la tenue de cette échéance. En invitant les Libanais à exercer leur droit, mais aussi leur devoir, civique. Pour exprimer leur volonté sur des sujets relatifs à l’essor des...