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Une libanisation édulcorée par les Libanais eux-mêmes

Libanisation. Jadis, le Pr Élie Maalouf, président des dentistes, avait protesté fermement contre l’adoption d’un tel terme par un dictionnaire français connu. Car le vocable, par référence aux convulsions de la guerre intestine, était pris dans le sens péjoratif d’anarchisation. Aujourd’hui, c’est une signification positive que l’on attribue à la libanisation. Interprétée comme un retour au principe premier d’une volonté nationale prioritaire. Tout le monde s’en réclame. Mais, comme toujours, on perçoit une querelle sémantique autour du sujet. Pourquoi ? Parce que c’est un cadeau des Syriens. D’ailleurs tout à fait relatif. Rappel élémentaire : dans sa fameuse déclaration faite au Koweït, Assad disait trois choses. D’abord, les Libanais sont invités à s’exprimer, « et à s’entendre », sur la présidentielle. Ensuite, leur choix devait porter sur un président panarabe, entendre prosyrien. Enfin, Damas n’irait pas contre leur volonté, « pour peu qu’elle soit consensuelle ». Pour faire bonne mesure, il traitait de « doux rêveurs idéalistes » ceux qui contestaient l’influence primordiale de la Syrie au Liban. Abondant dans le même sens, en le citant d’ailleurs, Chareh vient à son tour de signifier aux Américains, et a fortiori aux Libanais, que le jeu reste syrien. C’est cette réalité cosmétisée qui transparaît à travers le slogan de la libanisation. Et l’on comprend pourquoi tant de candidats virtuels refusent de se déclarer. Car va savoir quelle coloration, quel emballage les Syriens vont en définitive donner à leur équivoque cadeau. Rendu encore plus empoisonné par le fait que beaucoup de Libanais, la plupart même (et même à l’Est), oublient qu’un droit se prend et ne se reçoit pas. On entend de la sorte des opposants, qui prétendent s’inspirer d’un réalisme que Bkerké partagerait lui-même, affirmer qu’il y a un mieux par rapport aux diktats, aux mots d’ordre du passé. Et qu’il faut en profiter. En admettant cette logique, pour anémique qu’elle soit, il serait plus juste de dire qu’il faut « savoir » en profiter. Le pays politique n’a pas l’air d’en prendre le chemin. Il se débat dans de rude divisions autour de la reconduction. Et se retrouvera sans doute en proie à des convulsions encore pires quand il faudra « s’entendre », comme dit Assad, sur un nouveau président. Chacun y va déjà, d’ailleurs, de ses conditions. Celles, indépendantistes mais courtoises, des évêques maronites ; celles, légalistes, de Husseini ; celles, aliénantes, de Joumblatt. Qui ne veut pas de l’armée au Sud. On en passe et des meilleures. Bref, le scénario de la libanisation est simple : il aboutit à son annulation de fait, du fait des Libanais eux-mêmes. Dont la majorité halète déjà en courant derrière l’arbitrage syrien. Au bout de quoi, il y aurait, encore une fois, désignation. En y mettant les gants, côté syrien. Pour ne pas se faire écraser les doigts par ces Américains auxquels on veut tendre la main. Aujourd’hui, lors du dialogue de Washington, qui remplace celui de Rome, et place de l’Étoile, Beyrouth, demain. J. I.

Libanisation. Jadis, le Pr Élie Maalouf, président des dentistes, avait protesté fermement contre l’adoption d’un tel terme par un dictionnaire français connu. Car le vocable, par référence aux convulsions de la guerre intestine, était pris dans le sens péjoratif d’anarchisation.
Aujourd’hui, c’est une signification positive que l’on attribue à la libanisation....