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Actualités - OPINION

Présidentielle, Hezbollah, Sud, camps, etc. Le dossier libanais au menu de la rencontre syro-américaine le 2 août

Américains et Syriens se mettent ensemble autour d’une table. Lundi 2 août à Washington, le rendez-vous du 22 courant à Rome ayant été décommandé. Les deux parties envoient, pour ces pourparlers, des délégations élargies. Comprenant des experts des affaires étrangères, de la défense, de la police et de l’économie. Car les dossiers à négocier sont aussi nombreux que complexes. L’objectif commun étant de parvenir à un accord, un compromis sans doute, permettant de lever les sanctions US frappant Damas au titre du Syria Accountability Act. Qui comporte une clause première relative à la souveraineté libanaise. Côté climat, Chareh se veut optimiste. Il trouve que les Américains ont assoupli leurs exigences ces derniers temps. Et il souligne que son pays favorise le concept de dialogue, même s’il n’est pas satisfait de l’interlocuteur. Manifestement, les Américains souhaitent, de leur côté, normaliser des relations bilatérales pour le moins tendues. Les divergences, ou les différends, portent sur l’Irak, sur les territoires occupés, sur le Golan, sur le conflit israélo-arabe en général. Et sur la carte libanaise. Qui comporte cinq sujets plus ou moins négociables : la présidentielle, la présence syrienne politico-militaire, le Sud, le Hezbollah et les camps palestiniens. Le dialogue a été préparé par Boutheina Chaabane, ministre syrien des Émigrés, qui a visité Washington dernièrement pour une tournée de cadres concernés. C’est, semble-t-il, cette entrée en matière qui a enclenché la détente évoquée par Chareh. En cas de progrès lors de la prise de contact du 2 août, les entretiens pourraient se transposer, pour la deuxième phase, à Damas. Au Liban, compte tenu du fait que pour le reste on n’y peut strictement rien, on s’intéresse surtout aux effets potentiels du dialogue syro-américain sur la présidentielle. Il est possible, estiment de nombreux observateurs, que le sujet soit traité à part. Car, dans la mesure même où Washington croit devoir mettre en garde contre les immixtions, il reconnaît la prédominance de l’influence syrienne dans ce domaine. Mais d’autres pôles pensent que la présidentielle libanaise ne serait qu’une résultante allant de soi des autres thèmes négociés par les deux parties. À leur avis, en effet, si tout baigne dans l’huile, comme on dit familièrement, il n’y aurait pas de raison que la Syrie n’adhère pas à la position US. Qui se résume de la sorte : respect de la démocratie, rejet d’une retouche constitutionnelle et libre choix laissé aux Libanais, dont l’entente est souhaitée. En fait, comme on sait, la Syrie a déjà des signes d’accord sur ces points. En proclamant elle-même que les Libanais doivent s’exprimer et s’entendre. Étant entendu, sans doute par les Américains aussi, qu’il n’est pas question d’élire un président qui n’aurait pas la sympathie des Syriens. Pour ces mêmes sources, la Syrie ne devrait pas être encline à défier des Américains qu’elle veut ménager par le dialogue. Elle ne le ferait que si justement ce dialogue devait aboutir à une impasse. Ce qui provoquerait un regain d’escalade relationnelle. Cela n’est pas impossible. En effet, les positions de départ paraissent difficilement conciliables. Par exemple, les USA exigent que la Syrie mette le Hezbollah au pas. Or ce parti constitue pour elle un allié stratégique, relevant de ce que Chareh appelle ses constantes. Basées sur des droits inaliénables, comme le rétablissement des frontières du 4 juin au Golan, ou le droit de résistance à l’occupation israélienne de Chebaa. Par exemple aussi, la présence militaire syrienne au Liban. Considérée par Damas comme un impératif de protection stratégique du ventre mou de la Syrie à partir du flanc libanais qu’est la Békaa. Quant aux camps palestiniens, la Syrie voit mal comment elle pourrait remettre en cause leur extraterritorialité sans paraître se dresser contre une cause palestinienne juste, qu’elle soutient sans réserve. Quoi qu’il en soit, la présidentielle libanaise est variable et modulable en fonction de l’état des relations syro-américaines. C’est ce que confirme un député informé, qui souligne que la Syrie exerce au Liban un rôle d’ordre régional bien plus qu’intérieur. Ajoutant que tout le monde devrait être content qu’elle assure la stabilité sécuritaire de ce pays, notamment au Sud. Et qu’elle empêche des éruptions en provenance des camps palestiniens ou encore des mouvements fondamentalistes. Pour conclure que, libanisation ou pas, la Syrie reste le grand électeur le plus déterminant en matière de présidentielle libanaise. Philippe ABI-AKL

Américains et Syriens se mettent ensemble autour d’une table. Lundi 2 août à Washington, le rendez-vous du 22 courant à Rome ayant été décommandé. Les deux parties envoient, pour ces pourparlers, des délégations élargies. Comprenant des experts des affaires étrangères, de la défense, de la police et de l’économie. Car les dossiers à négocier sont aussi nombreux...